Igor vit avec son père dans une cabane.
De l’autre côté de la rivière se trouve le Grand Là-bas qu’il aimerait tant découvrir.
Mais pour cela, il faut traverser le pont et il en est incapable.
Pour l’aider, son père lui confectionne un manteau avec des plumes lui permettant de combattre sa plus grande peur.
Un palliatif à la peur
La peur est un thème récurent dans la littérature jeunesse.
D’Elliot au collège à Ma peur et moi, nous l’avons déjà explorée de nombreuses fois sur ce site.
Là où Je suis ton manteau apporte de la nouveauté, c’est dans son approche.
Ainsi, Angélique Villeneuve reprend avec ce récit les codes du conte fantastique.
L’unité de lieu en est un premier indice.
Le Grand Là-bas a de quoi attiser la curiosité et on comprend aisément l’envie d’Igor d’explorer cette terre inconnue.
Mais pour cela, il doit traverser le pont.
Dans les contes, le pont est souvent synonyme de grands dangers comme nous avons pu nous en apercevoir dans Les trois boucs bourrus.
Ici, ce n’est pas le pont en soi qui l’effraie mais plutôt ce qu’il y a en dessous : l’eau.
C’est sans doute pour cela qu’il privilégie la voie des airs.
Pour cela, son père lui confectionne une manteau magique.
Objet fantastique par excellence, il y coud des plumes.
Ce manteau fait-il vraiment voler le jeune enfant ou l’imagine-t’il ? La question reste en suspens mais, quelle que soit la réponse, il permet à Igor de franchir ce qu’il pensait infranchissable et de découvrir les merveilles du Grand Là-bas.
Pour autant, Angèlique Villeneuve n’en oublie pas son objectif.
Le manteau n’est qu’une solution à court terme et l’enfant doit, de façon plus directe, faire face à sa phobie.
Et parfois, c’est une belle rencontre qui amène à trouver ce courage.
Un dessin dense et réaliste
Nous avions pu découvrir le talent de Julien Martinère sur Rosalie de Ninon Dufrénois.
Avec Je suis ton manteau, nous admirons un trait particulièrement dense et réaliste qui contraste de façon assez judicieuse avec l’ambiance éthérée du récit d’Angélique Villeneuve.
L’environnement naturel a une place importe dans les illustrations du dessinateur, frôlant le photo réalisme tout en contrastant avec la finesse du traitement d’Igor.
La richesse du dessin et la multitude de détails donnent une impression de densité qui aurait pu étouffer le lecteur.rice mais celle-ci est atténuée par des aplats de couleurs simples et efficaces.
On notera aussi le soin tout particulier apporté à la narration qui alterne des plans classiques d’une page avec des doubles pages où Igor semble se balader (ou voler) en toute liberté.
L’ensemble donne un album d’une richesse graphique et narrative impressionnante.
En résumé
Je suis ton manteau d'Angélique Villeneuve et Julien Martinière est un album original autant pour son parti pris scénaristique que graphique. Usant avec habileté des codes du conte fantastique, Angélique Villeneuve nous raconte comment combattre ses peurs les plus profondes. Julien Martinière, de son côté, nous offre des illustrations de toute beauté contrastant judicieusement avec le propos fantaisiste de l'histoire. L'ensemble donne un album riche et particulièrement enchanteur.
Pour lire nos chroniques sur Ma peur et moi et Épiphanie Frayeur