La planche de la semaine : Chevalier Brayard

Un texte, une illustration ou une planche mis en avant par semaine.
Les auteurs de la semaine : Zidrou et Francis Porcel
.

Le choix de la semaine

Chevalier Brayard ( Zidrou / Porcel )

Chevalier Brayard est un one shot moyenâgeux réjouissant, portant un regard ironique sur la société médiévale.

Sur cette planche, Zidrou fait preuve d’un véritable talent de dialoguiste et Francis Porcel se régale avec la mise en scène.
Cette discussion fait suite au moment où le seigneur Scorback raconte comment il a condamné son propre frère à mort.
L’auteur, sans forcement la citer, parle d’une pratique courante au moyen-âge : les ordalies.
Ce jugement devait déterminer, après une épreuve physique improbable, si l’accusé était coupable ou non.
La victoire de l’accusé n’était possible que par une intervention divine.
Autant vous dire que c’était rare !
Mais à cette époque, cela ne posait problème à personne.
Seule, la jeune Hadiyatallah remet en question les contradictions de cette pratique.

La page suivante est la réponse des croyants au scepticisme de la jeune fille.

Composition en 3 actes

3 panels divisent cette planche.
Ils représentent les 3 actes de cette discussion et mettent en image 3 types de personnages : les dévots, la sceptique et le pragmatique.
La mise en place est classique mais permet un enchainement rapide des idées, renforçant la force de sa conclusion.

Sur cette planche, c’est le premier panel qui retient l’attention.
Il est composé d’un nombre plus importants de cases et possède une double construction.
En effet chaque image est séparée en deux : les conteurs et/ou l’auditoire avec, en parallèle, le Saint et son miracle.
Chacun de ces récits, aussi incroyables soient-ils, donne une justification aux ordalies.
Si Saint Étuve, Saint Wilfried, Saint Frichti et Sainte Barbecue ( on s’amusera d’ailleurs des noms choisis par Zidrou) ont survécu à cette épreuve, c’est grâce à l’intervention de Dieu.
Forcement, si l’accusé en question ne réussit pas la même épreuve, c’est qu’il n’a pas son soutien… donc qu’il est coupable.

Impossible, comme le clame la princesse.
Nous arrivons ainsi au second panel composé d’une case unique, exprimant la rapidité de la réponse aux incompréhensions d’Hadiyatallah.
Comme lui répondent Brayard et son ami, bien sûr que c’est impossible sinon cela ne serait pas un miracle.
Imparable !

Et c’est là qu’intervient le sens de la répartie de Zidrou.

Le troisième panel est divisé en 2 : le soldat face aux deux chevaliers.
L’argument sort de nulle part et, comme son interlocuteur, qui n’est qu’un simple personnage secondaire, il est totalement inattendu.
Alors que Sainte Barbecue est ressortie vivante d’un volcan et que les croyants y voient le signe d’un miracle, le soldat est d’un pragmatisme quasi anachronique : et si, au fond, le volcan était tout simplement éteint ?

Bah oui quoi, personne n’y avait pensé ! Surtout pas Brayard et son ami qui restent bouche bée devant cette explication inattendue.
Il est d’ailleurs amusant de voir comment Francis Porcel le met en scène avec cet air de benêt tenant un bâton avec un lézard grillé.
Et pourtant, il est la voix de la raison.

Mais à cette époque, la raison, personne n’en avait rien à faire.
Ainsi le soldat disparait aussi vite que la pertinence de sa réponse.

Pourquoi cette planche ?

Cette planche est sans doute le meilleur exemple de l'humour et de la finesse de cet album. 
Derrière ce récit d'aventure, on trouve le regard cynique et un poil moqueur de deux auteurs qui s'amusent des contradictions d'une société imprégnée de religion. 

Elle est aussi la manifestation d'une parfaite complémentarité entre l'écriture de Zidrou et le dessin de Francis Porcel. 
Bulles Carrées

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller au contenu principal