Le clash (Benoît Séverac)

Après avoir traversé les Etats Unis avec les Sœurs Lakotas, Benoît Séverac nous emmène en direction de l’Angleterre à la fin des années 70. Le Clash est un roman ado qui nous plonge dans cette époque où la contre-culture punk secoue la société britannique, tant par sa musique que par sa mode ou son idéologie libertaire et radicale. A travers le récit d’une expérience passée d’un père à son fils, c’est l’adolescence et les liens à la fois forts et contradictoires qu’elle tisse entre l’affirmation de soi et le désir d’appartenance à une communauté qui sont mis en lumière.

Birmingham, août 1978

Demain sera un grand jour pour Aurélien. Il va, pour la première fois, faire un séjour seul à l’étranger, en Angleterre. C’est donc tout naturellement que Nicolas, son père, l’embarque pour une rando père-fils. S’il vise l’ascension de la Calebasse, il veut surtout partager avec lui sa propre expérience. Celle d’un séjour à Birmingham qui a marqué son adolescence.

Le roman va ainsi alterner dialogue entre le père et le fils et récit du séjour de Nicolas dans une famille anglaise. Et plus particulièrement sa relation avec Tom, le fils punk des Solly.

La veille encore, je m’endormais dans mon lit en France. Vingt-quatre heures plus tard, j’avais découvert des musiques sauvages et enivrantes, et je dormais sous le même tout qu’un authentique punk, avec la promesse d’aventures incroyables à vivre dans les quelques semaines à venir.

Et très vite, on comprend la fascination qu’exerce l’adolescent anglais sur le jeune français.

D’abord unis par leur goût pour la musique, c’est l’occasion pour Nicolas de découvrir un mouvement radical et engagé : le punk. Les Sex Pistols, The Damned, The New York dolls… Puis viennent les idées : l’anarchie, le rejet du système et des jeux de pouvoir. La façon de penser de Tom est étonnamment développée pour son âge.

Mais l’expérience va prendre une autre dimension suite à l’agression de Nicolas par deux skinheads. Et surtout par la vengeance qui en découle. En effet, Tom et son ami punk vont se battre contre les agresseurs de Nicolas, ce qui entrainera l’hospitalisation d’un des deux ennemis.

Dès lors, Nicolas et Tom vont s’enfuir par peur d’être arrêtés pour, pensent-ils, le décès du skinhead. Le jeune français va ainsi découvrir la vie en communauté punk mais surtout réaliser qui est vraiment son ami anglais.

Entre initiation et transmission

Le Clash est un roman à la fois familial et initiatique.

Il est d’abord un transmission de souvenirs et d’expériences vécues par un père lorsqu’il était adolescent à son propre fils. Si l’idée du dialogue est intéressante et permet de prendre du recul avec le récit du séjour de Nicolas, j’ai cependant trouvé les insertions un peu trop récurrentes. J’ai même parfois été gênée dans ma lecture.

Une fois cette scorie dépassée, j’ai trouvé le récit finalement assez initiatique du Nicolas adolescent fin et pertinent.

On retrouve en effet toute la fascination que peut éprouver un jeune face à un autre qui assume ses idées. Quelqu’un qui les vit au jour le jour et les défend par son apparence même. Le mouvement punk, dans les mots de Tom, est antisystème et antiraciste.

L’anarchie, c’est le refus de l’asservissement. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de règles ou d’ordre ; simplement, les règles émanent de l’individu, sans que quiconque- l’état ou l’église ou la morale – les lui impose. Etre anarchiste ne consiste pas à être irrespectueux de l’autre. Au contraire, il faut être sacrément conscient d’autrui pour que ce système fonctionne au niveau d’une société. C’est juste que nous refusons les jeux de pouvoir.

Benoît Séverac, à travers l’expérience que va vivre Nicolas, va confronter les idées de ce jeune punk à la réalité et à ses propres aspirations. Comment ne pas être fasciné par l’audace de Tom ? Comment ne pas aimer ces idées de liberté et derévolte quand on est adolescent ?

Au-delà de la désillusion, Nicolas va faire des rencontres lumineuses et découvrir qui il est vraiment, ce qui l’anime profondément et fera de lui l’adulte qui racontera, plus tard, cette expérience à son propre fils.

Pourquoi lire Le Clash ?

Le Clash de Benoît Séverac est à la fois une déclaration d'amour à l'adolescence qui s'enflamme et se brûle parfois les ailes face à ceux qui osent tout et un roman tendre et réaliste sur le mouvement punk et ce qu'il a apporté d'énergie et de transgression. Ni manifeste ni réquisitoire, le Clash offre un regard distancé sur ce que le mouvement punk a apporté mais aussi, plus largement, sur la fascination des adolescents pour la transgression. 

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