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Le dernier roi des loups (William Grill)

L’homme et le loup entretiennent une relation complexe depuis les temps anciens. Entre méfiance et fascination, haine et protection, c’est notre rapport à la vie sauvage qui transparait dans ces histoires. Dans son album Le dernier roi des loups, paru aux éditions Sarbacane, William Grill met en images et en textes une histoire tirée d’une nouvelle d’Ernest Thompson Seton, un chasseur de loup devenu leur défenseur : Lobo, le Roi du Currumpaw (1898).

Le Roi des loups

Profondément inspiré par la vie sauvage, William Grill est un illustrateur anglais dont le trait est facilement identifiable, notamment à son utilisation du crayon de couleurs.
Adepte de la non fiction, deux de ses albums primés à la Foire du livre de jeunesse de Bologne sont en lien avec la nature et le voyage dans des contrées sauvages. Tout d’abord, Le voyage extraordinaire, qui raconte la traversée de part en part du continent Antarctique par Ernest Shackleton. Enfin, Le dernier roi des loups (sous-titré « L’histoire vraie de Lobo le loup et d’Ernest Seton le chasseur »).

Cet album est en fait un récit mêlant les recherches documentaires de William Grill sur Seton et son époque (fin XIXe et début XXe), sur le Grand Ouest américain mais surtout sur la relation entre l’animal sauvage et l’humain, et le récit de Seton lui-même.

En effet, comme le suggère le sous-titre, le loup et l’homme sont les deux personnages principaux. Et c’est de leur rencontre que va naître le récit.

Tout commence au Nouveau Mexique, dans l’Ouest sauvage américain, en 1862.

« Autrefois, un demi-million de loups parcouraient les vastes étendues d’Amérique du Nord. Mais l’arrivée des colons européens transforma leur habitat. L’Ouest sauvage vivait ses derniers jours et sa disparition allait sceller le sort des loups. »

William Grill, en une double page de gaufrier, en seulement 24 cases, nous résume l’histoire de la colonisation des territoires sauvages et indiens par les européens venus en prendre possession.
L’installation du bétail et la création des villes ont en effet décimé non seulement les populations humaines autochtones mais également certaines populations animales, dont les loups.

30 ans plus tard, à Currumpaw, dans le nord du Nouveau Mexique, une meute de loups, menée par leur chef Lobo, un géant surnommé « le Roi » par les indiens, sème la terreur dans les troupeaux.

Le Roi des loups

Tous les hommes aux alentours veulent le tuer. Et pour cela, ils mettent sa tête à prix 1000$. Ils embauchent un garde forestier texan, des chasseurs réputés… Mais rien n’y fait. Ni les leurres savants, ni les incantations, ni le poison, ni les pièges.

Alors quand Ernest Thompson Seton, un naturaliste anglais, entend parler de ce « Roi des loups », lui, le chasseur de loups renommé, prend le train et se lance sur les traces de Lobo.

Un plaidoyer pour la vie sauvage

Ce qui intéresse William Grill, ce n’est pas tant le récit de cette chasse que la métamorphose de Seton. En effet, alors qu’il découvre le territoire sur lequel sévit Lobo, il apprend à connaitre les espèces animales. Il acquiert des connaissances sur le comportement des loups, l’organisation de la meute, l’intelligence de l’animal qu’il traque. Et un certain respect s’installe.

Devenir un autre homme

La mort du vieux loup permettra à Seton de prendre conscience de l’amour qu’il porte à la nature. Et de devenir « un autre homme ».

« Il consacra le reste de sa vie à la protection du loup et à la conservation de la vie sauvage en Amérique, déjà en grand danger. Il ne tua plus jamais de loup. Il organisa des camps avec des jeunes, convaincu que « la préservation de l’environnement et des espèces sauvages passe par la promotion de la vie dans la nature ». Après le succès de ce mouvement, Seton élargit son champ d’action et devint l’un des fondateurs des Scouts d’Amérique. « 

Conscient de l’héritage précieux que constituent les créatures sauvages de l’Ouest américain, il œuvrera pour le préserver. Et il luttera contre sa destruction.

Pourquoi lire Le dernier roi des loups ?

Le dernier roi des loups est le récit de l'engagement d'un chasseur de loup pour la préservation de la vie sauvage. Il est également un album porteur d'un message de respect de la nature que l'homme a profondément bouleversée voire détruite. Par un dessin simple mais ample, William Grill nous offre une vision pleine d'espoir quant à la nature humaine, capable d'erreurs et de rédemption. 

On est touché par la sensibilité et l'intelligence de l'animal. Par la métamorphose de l'homme aussi. En observant et en apprenant à connaitre la vie sauvage, comprend qu'il doit en être le protecteur, pour les générations futures.

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