Feuilleter un album illustré par Zaü est toujours un voyage. Et quand ce dernier est accompagné des textes poétiques d’Alain Serres, il ne faut pas bouder son plaisir ! L’enfant qui savait lire les animaux est un ouvrage qui unit en un souffle l’animal et l’humain.
Un bestiaire pas comme les autres
L’enfant qui savait lire les animaux est d’abord le récit d’une solitude. Celle d’un enfant qui marche sans savoir ce qu’il cherche.
Il marche depuis ce jour noir où tout a basculé pour lui, il y a si longtemps.
Il marche sans jamais se poser de questions. Sans jamais voir personne…
Jusqu’à ce matin rassurant où il a redécouvert qu’il n’était pas seul au monde. Lui qui avait tout oublié depuis le temps qu’il marchait !
Un enfant qui, petit à petit, va reprendre vie grâce aux animaux qu’il rencontre.
D’abord, dans la savane. Puis, dans la mer. Enfin, en montagne et dans la prairie.
Chaque animal est un nouveau lien à la vie. La marche, la nuit, le jour. La puissance d’un éléphant, la vitesse d’un guépard, la patience d’un zébu, la persévérance d’un gnou. Le vol d’un marabout.
Petit à petit, en observant les animaux, en silence, il réapprend à vivre. Pour rejoindre les siens, les humains, il va se souvenir de son passé, découvrir ce qui le rend vivant et l’unit aux autres.
Poésie du trait et des mots
L’enfant qui savait lire les animaux est un album profondément poétique. Tout est poésie, au sens premier du terme. Poiêsis, la création.
C’est le récit de la naissance au monde d’un enfant qui a basculé suite à la disparition de ses parents dans le silence et la solitude. Un enfant que l’observation des animaux va réveiller à la vie et au langage.
En cela, les mots d’Alain Serres sont simples et puissants. Comme la vie qui prend forme à travers les animaux dessinés par Zaü.
Sur-le-champ, il essaie d’apprendre le vent. Dans la poussière, il observe l’ombre de la vitesse et s’élance. Il a beau arrondir son dos, regarder le plus loin possible…
Il a beau ramasser ses muscles et ses idées, le vent brûlant est déjà loin ! L’enfant qui apprend à lire les animaux découvre, ce jour-là, l’humilité.
Le vent s’apaise et se fait tiède. L’enfant se dit que les chemins sinueux valent peut-être mieux.
Rarement images et mots se seront autant éclairés.
Les dessins à l’encre de Chine, fluides et expressifs, émerveillent à chaque page. Comme l’enfant, l’on (re)découvre la beauté de cette vie animale, si proche de l’humain.
Car c’est bien les animaux qui vont ramener l’enfant vers ses semblables. Lui redonner espoir et confiance en lui.
Pourquoi lire L’enfant qui savait lire les animaux ?
Il est des albums qui résonnent et émerveillent à chaque page. L'enfant qui savait lire les animaux de Zaü et Alain Serres est de ceux-là. Ce bestiaire grand format touche autant par ses dessins à l'encre que par ses mots sobres et puissants. Poétique et philosophique, c'est un voyage initiatique qui dit l'amour du vivant, la puissance du langage, au-delà des mots, qui unit humains et animaux. Magnifique !
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