Les évènements cataclysmiques de New-York ont laissé de profondes traces.
La ville a été frappée en son sein et les tortues ninja en paient le plus lourd tribu.
Après le sacrifice de Splinter, les membres de la famille se séparent et gèrent, chacun à leur manière, la perte de leur père.
En parallèle, de nouveaux mutants apparaissent, parqués dans un de quartiers de New York.
Faisant face à l’autoritarisme des sbires d’Old Hob, Jenny est une des rares à leur apporter un peu de soutien.
Une nouvelle ère
Une famille en deuil

Quand Sophie Campbell reprend la destinée des tortues ninja, la série a déjà un beau vécu derrière elle.
Reprise par son créateur Kevin Eastman, épaulé par Tom Waltz, la licence a su retrouver de sa superbe, alternant moments d’émotion et de tension, le tout parsemé de quelques graines d’humour.
Avec Tortues Ninja Reborn, l’autrice a la lourde tâche de garder le cap tout en proposant sa propre voie.
Et le passage de relai n’est pas des plus simple.
Loin de clôturer les intrigues en cours, Eastman et Waltz laissent le soin à Sophie Campbell de gérer un évènement hautement dramatique et symbolique : la mort de Splinter.
Tous les lecteur.rices de comics ont connu ce genre d’étape charnière au renouveau d’une série.
La mort clôture un cycle de la manière la plus forte même si les vieux briscards, dont je fais partie, jugent souvent cet artifice avec un certain cynisme.
Rien n’est définitif dans les comics.
Et s’il est fort peu probable que Sophie Campbell ramène Splinter dans Tortues Ninja Reborn, un futur auteur.rice s’en chargera moment venu.
Malgré tout, la portée symbolique reste la preuve que la série passe un cap.
Les tortues doivent prendre leur destin en main et c’est loin d’être facile.
Le deuil du père se fait dans la douleur et la variété des ressentiments prouvent que cette affecte au plus haut point les héros.
Sophie Campbell a su prendre son temps pour gérer leurs deuils en rendant ce premier volume particulièrement émouvant.
Cette chute, amenant immanquablement à une résurrection, passe par de nombreuses étapes : séparation, dépression, colère… Les sentiments sont aussi multiples que les tortues.
Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que Mike, le comique de la troupe est le plus touché par cette perte.
une preuve de plus que l’humour ne protège pas de tout.
D’une certaine façon, les tortues se reprochent de n’avoir pu sauver leur père.
Mais ils ne pourront avancer qu’en se pardonnant cette mort.
Tortues Ninja reborn : un monde nouveau

Si les tortues ont besoin de temps pour reformer une famille, le monde continue d’évoluer drastiquement.
C’est par ce biais que Sophie Campbell marque son territoire, tout en restant fidèle au travail opéré jusque là.
Une partie des new-yorkais a été frappée par les radiations mutagènes et les mutations ont commencé.
Se consacrant àcette zone, Sophie Campbell montre une carte de la ville donnant un aperçu des conflits à venir.
De nouvelles factions se créent et des alliances semblent se profiler pour profiter de cette situation.
Certains personnages émergent comme Jenny, la dernière tortue à avoir incorporé la famille de Splinter.
Recueillie et entraînée par le maître avant sa mort, elle n’a pas eu le temps de se faire une place dans le clan.
Humaine transformée en tortue, elle n’a pas le même vécu que ses frères.
Et forcement son attachement n’est pas aussi prononcés que celui des autres tortues.
Elle semble se remettre plus facilement de cette mort même si , au fond, les choses ne sont pas aussi simple.
À l’instar de Raph , elle reprend rapidement son rôle de justicière sans pour autant renier son clan défunt.
Mais seule, le défi est périlleux pour ne pas dire impossible.
Une tenue graphique impeccable

En tant que dessinatrice, Sophie Campbell s’est fait remarquer lors de sa courte participation au run d’Eastman et Waltz.
Si certain.es ont pu être surpris.es de la retrouver seule au commande du titre, la plupart restait persuadé que ce choix n’avait pas été pris au hasard.
Certes, son trait n’est pas aussi élaboré que celui de Mateus Santolouco mais il transpire d’une sensibilité qui colle parfaitement à nos héros.
Et il faut avouer qu’entre temps, la dessinatrice a fait d’énormes progrès.
En terme de caractérisation, elle a su offrir aux tortues une palette d’expressions avec, au final, assez peu de traits.
Son style tout en rondeur retrouve le côté animé des premières grandes aventures, tout en proposant des environnements réalistes .
Ses designs sont originaux et proposent une gamme de mutants variée, mélange réussi entre l’homme et l’animal.
Si on la sent plus à l’aise sur les mutants , elle dessine une April, certes rare, mais plutôt convaincante dans sa nouvelle fonction.
On imagine que les humains auront une plus grande place par la suite.
Surtout que certains se font désirer, à l’image de Casey Jones.
Sa mise en page est structurée et retranscrit aussi bien les moments d’émotion que ceux consacrés à l’action.
Malgré tout, on espère que, contrairement au premier run, la partie graphique sera moins dispersée, quitte à laisser plus de temps à son autrice pour qu’elle puisse gérer chacune de ses étapes avec la même qualité.
une porte d’entrée accessible ?
Il est évident que les nouveaux lecteurs.rices auront l’impression d’avoir loupé une partie importante de l’histoire des Tortues ninja en commençant seulement avec Reborn.
Cependant, tout a été mis en place pour que les nouveaux arrivant.es ne se sentent pas perdu.es.
Sophie Campbell a su résumer les évènements marquants du run précédent tout en engageant les héros vers une ère nouvelle.
Et ce renouveau est une façon comme une autre de commencer un comics aussi qualitatif.
Au final, il faut assez peu de connaissances personnelles pour entamer cette lecture et l’intrigue est assez bien écrite pour donner envie de découvrir les éléments qu’il nous manque.
Il n’est d’ailleurs pas innocent qu’ Hicomics ait choisi de rééditer la série précédente en intégral.
Une façon agréable, quoiqu’onéreuse, d’avoir une double dose de tortues.
En résumé
Tortues Ninja Reborn de Sophie Campbell a la lourde tâche de succéder aux excellents Kevin Eastman et Tom Waltz. Et, à la lecture de ce premier tome, on peut dire que le contrat est largement rempli. Fondamentalement axée sur ses personnages, l'autrice propose un récit sensible et attachant tout en préparant le terrain aux futurs défis qui attendent les tortues. À l'image de Daredevil, inspiration majeure de son créateur, elles chutent pour mieux renaître.
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