Saison de sang ( Simon Spurrier / Matias Bergara / Matheus Lopes )

L’hiver persiste. 
Mais, au loin, une lumière d’espoir apparaît et un enfant voit le jour. 
Saison de sang raconte son voyage accompagné d’un mystérieux chevalier en armure. 

Un dessin magistral

Quand on ouvre la bande dessinée de Simon Spurrier, Matias Belgara et Matheus Lopes aux éditions Dupuis, deux choses sautent aux yeux. 

La première est évidente : le dessin majestueux de Matias Belgara
J’avais déjà été fortement épaté par son travail sur Coda (où il collaborait déjà avec Simon Spurrier) mais, à l’époque, on pouvait lui reprocher certains soucis de lisibilité, dûs à un excès de générosité. 

Sur Saison de sang, tout est plus net, tout est plus grand, tout est plus majestueux. 

Un graphisme et une narration d’orfèvre pour Saison de sang

Alors oui, le format choisi par Dupuis y joue sans doute pour beaucoup mais, quand on prend le temps de comparer cet album avec Coda, force est de constater les progrès notables de l’auteur notamment en terme de narration. 

Pour le reste, on retrouve toutes les qualités de son album précédent : un univers foisonnant, des créatures effrayantes et des designs inspirés, le tout agrémenté des très belles couleurs de Matheus Lopes.  

On sent vraiment qu’il s’éclate (à l’image de la multitude de pages doubles toutes plus belles les unes que les autres) et il faut dire que Simon Spurrier lui a cédé toute la place pour laisser exploser le talent du dessinateur. 

Un effet de miroir symbolique

Une saison muette

Et c’est le deuxième point marquant de l’album : hormis un court texte introduisant chaque chapitre et de rares bulles aux langages inconnus, l’album est muet.

Et quand on connaît un peu les habitudes du scénariste, on ne peut qu’en être étonné. 

De rares dialogues symboliques

D’ailleurs, je ne vais pas y aller par quatre chemins mais je suis complètement fan du travail de Simon Spurrier : que ça soit sur X-men Legacy où il redéfinit radicalement le personnage de Légion (qui servira d’ailleurs d’inspiration à la série éponyme), sur John Constantine, sur Dreaming plus récemment (où il reprend l’univers de Neil Gaiman avec une facilité déconcertante) ou sur des séries personnelles comme Coda, ses scénarios sont d’une inventivité et d’une intelligence inspirantes.

Cependant, il est aussi connu, comme Alan Moore, pour être un auteur plutôt bavard, ce qui ne plaît pas forcement à tout le monde. 

Alors, comme un pied de nez à ses détracteurs, pas un seul « lisible » ne sortira de la bouche de ses personnages. 

Une saison aux multiples interprétations

Est-ce que cela en fait un album moins intéressant ? Bien au contraire. 
Si l’intrigue semble simple, elle multiplie les symbolismes et oblige le lecteur à se faire sa propre interprétation. 

La relation de l’enfant et de son chevalier protecteur est émouvante et exploite de nombreuses thématiques, que ce soit sur la famille, l’adolescence, le premier amour…

Le rapport à la nature, lui, semble amener vers d’autres chemins : la nature face à la modernité destructrice, le cycle des saisons immuables, etc.

Le lecteur piochera dans les nombreux indices laissés par les auteurs pour y trouver ses propres résolutions, liées sans doute à ce qui nous touche le plus. 

Une relation conflictuelle entre le protecteur et l’enfant

En résumé

Saison de sang est une véritable réussite. 

Baffe graphique, univers complexe et récit muet mais aux interprétations multiples, il démontre tout le talent d'un duo qu'il faudra s'habituer à suivre de près : Simon Spurrier et Matias Bergara. 
Bulles Carrées

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