Sapi le sapin (Olivier Tallec)

Sapi n’a pas la chance de vivre en liberté.
Élevé dans une immense sapinière, le jeune conifère ne rêve que d’une chose : devenir un merveilleux sapin de noël.
Pour ne pas finir en meuble à la chaîne, il décide de se déterrer et de foncer en ville où il pourra se parer de milles lumières.

Mais pour combien de temps ?

Un rêve (des)enchanté

Une évasion en catimini

À première vue, Sapi le sapin d’Olivier Tallec est un de ces petits contes de noël réjouissants et lumineux si appréciés par nos enfants.
Mais c’est bien mal connaître l’auteur que de croire que ce n’est que cela.

Alors que ses homologues de la sapinière grandissent pour finir en meuble « ikea » ( le nom n’est pas cité mais on le devine facilement ), Sapi le sapin a d’autres prétentions.
Comme les stars, il rêve de paillettes et Noël est la période idéale pour exprimer une telle sensibilité.
Alors, ni une ni deux, il s’enfuit vers la ville en attendant d’être choisi au recoin d’une rue peuplée de consommateurs avides.

Avec humour et non sans trait d’esprit, Olivier Tallec se moque, en premier lieu, de notre société de consommation.
Sapi la dénonce lui-même. Hors de question de finir en meuble bon marché ou pire, en allumette.
On peut assimiler cette attitude à de la coquetterie mais c’est presque une vision militante. La nature mérite qu’on la respecte.

Cependant, l’auteur pousse un peu plus loin la subtilité en opposant les reproches de Sapi à ses rêves de « gloire ».
Est-ce que finir Sapin de Noël est une meilleure destinée ?
C’est un peu comme croire qu’acteur est un meilleur métier que caissière.
Certes, chez le premier, il y a plus de paillettes mais on a tout de même bien plus besoin de la seconde.

Le rêve de Sapi ne peut que se terminer en déception pour le jeune sapin.
Une fois que les enfants se sont jetés sur les cadeaux avec férocité, à quoi peut-il bien encore servir ?
Olivier Tallec conclut son récit par une image teintée de cynisme.
Au final, lui qui se rêvait unique, se retrouve à nouveau dans un jardin à attendre… la fin.

Une comédie douce amère

Une caractérisation unique

Que ce soit un écureuil ou un jeune roi vaniteux, Olivier Tallec aime les grands naïfs.
Il les met en scène, par le biais de sublimes illustrations, avec tendresse, tout en s’amusant de leur manque de réalisme.

Sapi le sapin ne déroge pas à cette règle.
Déjà, son physique dénote totalement avec ses prétentions.
Lui qui se rêve majestueux n’est, au final, qu’un petit arbuste à peine dégrossi.
Sapi est impatient mais ne veut pas attendre de grandir.
Ses énormes yeux caractérisent toute la candeur du personnage.
On a même l’impression qu’il ne comprend pas vraiment ce vers quoi il s’engage, ce qui rend la dernière image assez croustillante.
Pourtant, Sapi est loin d’être un idiot.
Il a bien saisi la destinée de ses homologues de la sapinière et refuse catégoriquement de finir comme eux.
Il vaut bien plus que cela.

Mais c’est un doux rêveur.
Au final, on lui a vendu un conte et la réalité est loin d’être à la hauteur de ses espérances.

En résumé

Sapi le sapin a tout du gentil conte de noël pas si gentil que cela. 
Comme à son habitude, Olivier Tallec se sert de la naïveté de ses personnages pour se moquer de nos propres incohérences.

À travers l'histoire de Sapi, on découvre que Noël n'est pas qu'un moment de féérie et que derrière les boules et les guirlandes se cache une vérité plus amère.

Une merveilleuse manière de réfléchir en s'amusant.

Pour lire nos chroniques sur Un chant de Noël et Little Gotham

Bulles Carrées

2 réflexions sur “Sapi le sapin (Olivier Tallec)”

    1. C’est exactement cela.
      Olivier Tallec, en plus d’être très drôle, développe toujours des univers poussant à réfléchir, autant les enfants que les adultes d’ailleurs.

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