Les Phalanx, une race extraterrestre parasitaire, se préparent à envahir la Terre.
Mais pour arriver à leurs fins, ils doivent emprisonner la nouvelle génération mutante qui semble résister à leur contrôle.
Sean Cassidy, aka le Hurleur, ne peut pas compter sur l’aide des X-men et compose un groupe atypique composé d’Emma Frost, Sabretooth et Jubilée.
Leur mission : libérer cette Génération X avant une élimination probable.
Une nouvelle génération de mutant.es
Avec cet intégral consacré à Génération X, Panini Comics fait un énorme cadeau aux lecteur.rices des années 90.
Cette nouvelle série créée par Scott Lobdell et Chris Bachalo a marqué les esprits autant par la composition de son équipe, ses scénarios alternant humour, aventure et émotions et son graphisme atypique.
Génération X fut un véritable vent de fraîcheur et de modernité au sein des titres X.
Et, 30 ans plus tard, la série n’a rien perdu de sa morgue.
Surtout si on la compare avec la production actuelle
Malgré tout, cela commence de façon assez banale.
Scott Lobdell a en charge, avec Fabian Nicieza, la destinée des héros les plus cotés de cette époque : les X-Men.
Mais le scénariste rêve de nouveauté et souhaite relancer le concept des nouveaux mutants, délaissé depuis que l’ancienne mouture est devenue X-Force.
Avec l’accord de Marvel, Scott Lobdell et Fabian Nicieza créent de nouveaux personnages et préparent leur arrivée dans les rangs de cette nouvelle équipe.
Et pour cela, rien de mieux qu’un petit crossover entre les deux séries X-Men mettant en scène, pour la première fois, la menace Phalanx.
Cette race parasitaire bien connue des amateur.rices d’Annihilation fait ici des premiers pas timides.
En réalité, l’intrigue sert surtout d’excuse aux deux scénaristes pour introduire ces nouveaux héros et ils ont assez de métier pour rendre le tout distrayant.
Surtout que, pour la partie graphique, ils ont la chance d’être accompagnés par Joe Madureira qui n’a pas encore fait sa mutation « manga » et le productif Andy Kubert.
Si cette introduction reste assez sympathique, elle est loin de reflèter l’esprit complètement dingue et novateur qui va caractériser le nouveau bébé de Scott Lobdell : Génération X.
Une équipe hors norme
À l’aube d’une nouvelle ère
Scott Lobdell est un bon scénariste.
C’est même l’auteur majeur des X-Men dont il tiendra les rênes pendant plusieurs années.
Il est notamment le principal architecte de la romance entre Malicia et Gambit ainsi que l’instigateur d’un des meilleurs crossovers de cette époque : l’ère d’Apocalypse.
À noter d’ailleurs que Panini a fait l’impasse sur Gen X, la version apocalypse de Génération X.
C’est, à mon avis, une hérésie quand on propose l’intégral de cette série.
En soit, le concept de Génération X n’a rien d’original.
Il reprend le propos de Chris Claremont lorsqu’il met en place Les nouveaux mutants.
On peut même interpréter le choix artistique de Chris Bachalo comme une écho à celui de Bill Sienkiewitcz sur l’ancienne génération.
Malgré tout, Génération X est bien plus ancré dans les années 90, une époque où les comics se voulaient plus sombres et plus en phase avec un lectorat plus âgé.
On retrouve cela dans la composition même de l’équipe.
Jubilée, Le hurleur et Emma Frost sont certes des transfuges des X-Men mais on les retrouve dans des rôles inédits.
Ainsi le duo de professeur Sean Cassidy et Emma Frost, s’il étonne, fonctionne à merveille.
La sagesse de l’un compense admirablement le cynisme de l’autre (et vice versa).
On peut même dire que le Hurleur n’a jamais ( et n’aura plus jamais) eu autant d’intérêt que dans ce rôle.
Quant à Emma, elle entame une transition assez réussie vers le camp des héros.
Pour les recrues, le scénariste propose en grande partie ses propres créations.
Composée de Jubilée, Skin, Husk, Chamber et Synch puis Chamber et Penance, l’équipe opère immédiatement.
Il recase, de façon pertinente, Jubilée qui se retrouve dans un rôle d’adolescente qui lui va à la perfection.
Leurs interactions sont naturelles et évoquent une véritable camaraderie naissante malgré des histoires plus ou moins compliquées.
C’est une des grandes caractéristiques de l’écriture de Scott Lobdell.
Il accorde une véritable importance à ses personnages, les rendant attachants et complexes.
L’ambiance sombre et les vilains, à l’image d’Emplate, reflètent d’une certaine façon la violence de ce monde moderne.
Cependant, Scott Lobdell n’en fait pas des tonnes et enveloppe tout cela d’une bonne dose d’humour et de tendresse.
Un comics mainstream avec une touche indé
Si Génération X est si différent de la production des années 90, c’est aussi pour son approche graphique.
Il suffit de comparer le style de Chris Bachalo à celui de Joe Madureira ou Andy Kubert pour comprendre toute sa puissance graphique.
Chris Bachalo a été élevé à l’école Dc Vertigo.
Il a fait ses débuts auprès de Peter Milligan sur Shade, the changing man ( toujours honteusement inédit en France) puis au côté de Neil Gaiman sur Sandman et la mini série Death.
Il arrive chez Marvel en se faisant la main sur de petites histoires puis se fait remarquer sur l’extraordinaire premier épisode de Ghost Rider 2099 avant de s’occuper d’un projet plus conséquent : Génération X.
Quand il arrive sur le titre, son trait est déjà solide.
On retrouve cette approche dans les designs des personnages sur lesquels il s’éclate littéralement.
Que ce soit Emplate, Skin, Penance et surtout Chamber, le dessinateur canadien impose sa vision.
D’ailleurs, les reprises, notamment celle de Roger Cruz, ne tiennent pas la comparaison.
Ses cases retranscrivent une sauvagerie accentuée par la multitude de traits et les jets d’encres aléatoires.
C’est sauvage, vif et percutant à souhait.
On notera qu’à cette époque, l’encrage était assuré par Mark Buckingham, futur dessinateur de Fables longtemps sous influence du style de Chris Bachalo.
Le dessinateur va énormement faire évoluer son style, notamment lors de sa prestation sur Génération X.
Si on compare les premiers épisodes de la série avec ceux qui feront suite à Gen X, les plus aguerris remarqueront un dessin plus « assagi ».
Plus souple et beaucoup moins « brutal », il se retrouve plus en adéquation avec le ton voulu par Scott Lobdell.
N’y voyez pas une aseptisation mais plutôt un moyen de s’adapter à un univers mainstream tout en préservant son originalité.
De plus, les mangas vont trouver un certain écho chez lui, allant jusqu’à lui faire opérer une nouvelle mutation.
En résumé
Génération X de Scott Lobdell et Chris Bachalo est à plusieurs égards une série marquante des années 90. Scott Lobdell y met en scène une nouvelle génération de mutants touchants et drôles qui, sous les traits de Chris Bachalo, explose littéralement. Si l'ambiance se veut plus sombre qu'à l'accoutumée, le scénariste ne tombe pas dans les dérives de l'époque et démontre que les comics peuvent être encore amusants tout en traitant de sujets sérieux. Quant à Chris Bachalo, il fait une entrée fracassante avec un style marqué par ses années DC vertigo mais qui ne cessera d'évoluer. Une oeuvre moderne qui vaut très largement les productions actuelles.
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