Les derniers des branleurs (Vincent Mondiot)

Les lauréats du prix Vendredi sont des valeurs sûres. Que ce soit Amour Chrome de Sylvain Pattieu en 2021 ou Les Longueurs de Claire Castillon en 2022, chacun à sa manière propose une histoire moderne et forte, une écriture originale aussi, mettant en scène des adolescents. Profitant de sa sortie dans la collection Pôle fiction de Gallimard jeunesse, j’ai découvert Les Derniers des branleurs de Vincent Mondiot, auteur que j’avais déjà beaucoup apprécié lors de ma lecture d’Emergence 7. Une chronique, à la fois drôle et réaliste, d’une bande de lycéens pas vraiment à fond l’année du bac (et d’une réforme en plus) et un brin nihilistes, rencontrant une réfugiée congolaise qui, contrairement à eux, bosse pour obtenir son diplôme.

De l’art de ne rien faire

Chloé, Minh Tuan et Gaspard sont ultra-agaçants. Et c’est ce qui fait tout leur charme.

Chloé est taxeuse de clopes, rebelle et asexuelle en plein questionnement. Toujours un bon mot à la bouche. Une insulte, si possible.

Elle est amie avec Gaspard depuis l’école. Gaspard, gobeur de Xanax, fumeur de joints et buveur de lean. Qui subit le délire de ses parents autour des rois mages (son frère s’appelle Melchior et son chien Balthazar). Qui a perdu sa soeur Célia et fréquente un psy depuis ça.

Et Minh Tuan. Grand sécheur devant l’éternel. Le « sage » de la bande. Ex de Marina, la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux.

Tous les trois forment un trio de branleurs qui ne se mélange que rarement au reste de leur promo, trop « sérieuse » pour eux. Trop investie dans leur scolarité et la réussite de ce fichu bac.

Le trio va devenir quatuor à l’arrivée de Tina, la jeune congolaise. Tina qui vit en foyer, loin de sa famille. Qui compte le moindre sou pour pouvoir manger et vivre correctement. Qui travaille dur à l’école et qui compte bien avoir son bac. Même si elle ne continuera pas ses études après, pour cause de visa.

Seuls contre le reste du monde

Les lecteurs se retrouveront un peu à travers Tina justement. Son regard sur le trio qui s’insulte, fume, boit, sèche les cours et pourrit les soirées de la classe est plein de curiosité et de tendresse.

Car si Chloé, Gaspard et Minh Tuan peuvent paraitre des caricatures d’ados flémards et glandeurs, on va vite découvrir leurs interrogations, leurs peurs et leur quête de reconnaissance.

Et c’est le bac qui va leur donner un défi à relever et les unir, envers et contre tous.

Parce qu’ils ont beau être « les derniers des branleurs », ils vont mettre en place un plan pour l’avoir, ce bac.

Et c’est là toute la force de Vincent Mondiot.

Tout d’abord, de rendre ces 4 personnages attachants et finalement assez charismatiques.

Ensuite, de leur donner corps et langue. Alors, oui, les lecteurs seront servis en clashs et autres insultes et vulgarités. Mais les dialogues sont souvent savoureux et drôles. Et leurs voix sonnent rapidement à nos oreilles.

Enfin, l’improbable scénario des flemmards qui tentent le tout pour le tout pour avoir une mention et décrocher ce bac qui, année de réforme oblige, sera « donné à tout le monde », est jouissif.

Et les références à la pop culture et aux univers manga, jeux vidéo et rap sont multiples. Les notes de bas de page sont, à cet égard, pointues et drolatiques.

Pourquoi lire Les derniers des branleurs ?

Avec Les Derniers des branleurs, Vincent Mondiot nous offre une chronique sociale souvent comique mais surtout touchante de cette génération du bac nouvelle formule. Souvent agaçants, Chloé, Gaspard et Minh Tuan, accompagnés de Tina, se dévoilent au fil des pages et vont révéler la part d'amour propre qui sommeillait en eux. Parce qu'avoir le titre de Derniers des branleurs, ça se mérite ! 

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