La forêt magique de Hoshigahara (Hisae Iwaoka)

À Hoshigahara se trouve une étrange forêt.
Dans ses profondeurs, on peut y découvrir une mystérieuse demeure habitée par un jeune garçon et une petite fille.
Cette maison sert de repaire aux esprits égarés cherchant des réponses à certaines inquiétudes.

Un havre de paix nécessaire mais hanté par un passé énigmatique.

Site d’accueil pour esprits égarés

Un environnement naturel magique

La forêt magique de Hoshigahara d’Hisae Iwaoka est un manga aussi étrange que fascinant.
Ce titre, qui profite de la première vague de mangas édités par Le renard doré, nouvelle collection de Rue de Sèvres, sort du lot.
Il faut dire que la mangaka n’est pas vraiment une inconnue. Elle nous avait déjà émerveillés avec Cité Saturne, toujours disponible aux éditions Kana.

Une nature omniprésente

On ne peut pas dire que sur les premiers chapitres de La forêt magique d’Hoshigahara, la surprise soit au rendez-vous.
Si Hisae Iwaoka nous plonge dans son univers sans aucune forme d’explication, on se laisse facilement emporter par la bizarrerie des premières rencontres.
La mise en place se fait avec délicatesse, nous présentant un à un les éléments essentiels de son manga.
L’un d’entre eux est le concept même des esprits.
En effet, la forêt est dotée d’une aura magique donnant forme à la part spirituelle d’un animal, un arbre voire même un simple bouton de chemise.
Ainsi, ils se retrouvent à exprimer des sentiments et des envies que tentent de combler les deux principaux occupants des lieux : Mu et Soichi.
C’est ainsi que l’on fera la connaissance de Jo, un coq pourchassé par des chenapans et qui cherche à retrouver ses anciens propriétaires.
En franchissant les limites de la forêt, le volatile prend une forme reflétant en partie son tempérament.

Les bases sont posées et les chapitres suivants reprendront cette idée avec de nouveaux arrivants sans pour autant oublier les histoires précédentes.
L’ambiance est douce, teintée d’un humour et d’une tendresse qui enveloppent ces personnages attendrissants .
On aurait pu craindre qu’une redondance s’installe mais la mangaka crée de nouveaux enjeux autour du passé mystérieux de cette forêt et de son occupant principal.
On découvre non seulement un historique mais aussi une mythologie, donnant du relief à un environnement qui, tome après tome, devient de plus en plus captivant.

La nature se trouve ainsi au centre de tout.
Aussi merveilleuse que dangereuse, elle n’est pas exempte de défauts.

Des personnages attachants aux multiples facettes

Toutes sortes d’esprits

Si la forêt est énigmatique, ceux qui l’habitent ne le sont pas moins.

Parmi ces habitants, Soichi a une place centrale.
Si Mu est un esprit dont je vous laisserai découvrir la forme première, Soichi est un humain de chair et de sang.
Son objectif est simple : aider les esprits qui en échange lui tamponnent une carte de « bons points ».
Quel est l’objectif de cette carte ? Comment s’est-il retrouvé dans ce lieu ? Pourquoi est-il le seul à percevoir la forme de ces esprits ? Quelle est son histoire ?
Les interrogations sont nombreuses et les réponses apporteront forcément de la profondeur au jeune homme.

Mu est plus enfantine. Elle s’émerveille de tout et garde une candeur charmante.
Douce, souriante, elle n’est que compassion.
Sa forme première reflète assez bien cet aspect et explique le lien tout particulier qu’elle peut avoir avec la nature qui l’entoure.

Nos deux protagonistes sont accompagnés par de nombreux acteurs, majeurs ou juste de passage, qui vibrent d’une personnification unique.
C’est sans doute la grande force de ce manga.
À travers cette fable naturaliste, la mangaka en profite pour explorer la nature humaine dans ce qu’elle a de plus beau et de plus effrayant.
Même les amis peuvent faire preuve d’égoïsme et de jalousie dans les moments les plus intenses.

De la brise à la tornade

Une tornade démoniaque

Dès les premiers volumes, le récit d’Hisea Iwaoka alterne des moments emplis de douceur avec des scènes d’une intensité folle, tournant toutes autour de deux personnages : Brise et Tornade.
Sous ce physique de jeune garçon, Tornade est un ennemi redoutable et implacable, refusant toute interaction, notamment de Soichi, avec Brise.
Il a tout de l’amoureux toxique, ne contrôlant aucunement sa colère et provoquant des drames en série.

Alors que Tornade s’était déjà montré agressif lors du premier volume, il faut attendre le volume 3 pour que la mangaka nous en révèle un peu plus sur Brise.
Pour la première fois, on revient sur son passé, révélant ce qui la lie aux humains et notamment à Soichi.
Ainsi, on comprend l’objectif de cette carte à points et comment Brise lui fait une promesse qu’elle se sent, en réalité, incapable de tenir.

Un dessin faussement naïf

expressivité et dynamisme

Une des grandes réussites de La forêt magique de Hoshigahara est sans contexte le trait d’Hisae Iwaoka.
Personnellement, je suis tombé amoureux de son dessin.
À première vue, ses formes arrondies et la stylisation simplifiée de ses visages apportent un côté enfantin.
Le design de Mu en est d’ailleurs le meilleur exemple. Le trait fait ressortir sa candeur, ne laissant au final transparaitre aucune zone d’ombre.
Le design de Soichi est plus subtil. Les traits du personnage sont moins souples, exprimant en partie son âge mais aussi le tempérament du garçon.
Moins transparent que Mu, son aspect symbolise une partie de ses secrets.

Cette richesse graphique est aussi présente dans les décors.
Les pages fourmillent de détails. La forêt est majestueuse et devient un personnage à part entière tant elle vibre sur chacune des cases.
La mise en page n’est pas en reste. Variée et inventive, elle apporte un vrai rythme à la lecture.
Si les premiers chapitres sont posés, laissant la place à la psychologie des personnages, la mangaka bouscule tout ce petit monde dans des scènes emplies de tension.

Le dessin, à l’image de la série, se révèle moins aseptisé que prévu.
Au contraire, il étonne autant par sa douceur que par une vivacité inattendue.

En résumé

La forêt magique de Hoshigahara d'Hisae Iwaoka est un manga poétique, psychologique et épique. 

Alors que le parti pris de la série aurait pu créer une forme de redondance, la mangaka a su explorer ses personnages tout en créant sa propre mythologie.

Avec ses esprits de toutes sortes, l'univers d'Hisae Iwaoka ne cesse de s'enrichir et gagne en profondeur.
Faussement naïf, le trait de la mangaka transpire d'une réelle sensibilité, allié à une mise en page inventive et dynamique.
Son dessin rend un véritable hommage graphique à cette forêt foisonnante et mystérieuse.

Petit à petit, la douceur du manga laisse place à la mélancolie. Les personnages sont frappés dans leur convictions, se révélant pour certains égoïstes et jaloux.
La conclusion du tome 3 frappe encore très fort nous laissant, ainsi que Soichi, sur le carreau face aux multiples manipulations de Tornade.

Pour lire nos chroniques sur Verts et Big Tree

Bulles Carrées

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller au contenu principal