Mots Tordus et Bulles Carrées

La ville sans vent (Eléonore Devillepoix)

Beaucoup d’auteurs et d’autrices de littérature de l’imaginaire construisent depuis de nombreuses années leur univers de fantaisie. Dans cette communauté, Eléonore Devillepoix est assez originale puisqu’elle a achevé la construction de sa duologie « La Ville sans vent » alors qu’elle sortait de l’université et qu’elle l’a nourrie d’échanges sur le forum d’auteurs « Plume d’argent« . Attachée parlementaire européenne mais aussi grande joueuse de Quidditch (référence à Harry Potter oblige), ses récits imaginaires portent un regard aiguisé et acerbe sur notre société, comme nous avions déjà pu le constater dans Brussailes.

TOME 1

Hyperborée est une ville sous cloche fascinante. Une ville sans vent et sans froid, protégée de la neige et des dangers extérieurs grâce à son dôme. Elle semble figée depuis des générations, tant dans son organisation spatiale que politique.

En effet, c’est une ville à strates : à chacun des 7 niveaux correspond une classe sociale. La plus élevée étant celle des mages, situés au sommet. Pour passer d’un niveau à l’autre, on utilise des tortues mais il faut aussi passer des péages. Mais l’organisation de la cité ne s’arrête pas là. A chaque niveau vivent des populations variées, liées souvent à des métiers, qui offrent une plus grande complexité à ce schéma de ville typique de la fantaisie.

Si l’on ajoute à cela les matériaux qui vont se révéler essentiels pour l’intrigue (adamante, orichalque, vif azur…), un chef qui ne vieillit pas (le Basileus) et des ministères liés à la magie, on obtient une création imaginaire crédible et vivante.

« Si, au loin, les tours hyperboréennes paraissaient hautes et frêles comme des tiges de roseaux, elles avaient une allure différente une fois à leur pied. Percées çà et là de fenêtres en forme de trapèze, elles s’élevaient comme des géants massifs taillés dans la pierre, reliées les unes aux autres par des voies d’eau suspendues et les cordes à linge des ménagères. Sur les murs bariolés de figures géométriques, des jardins d’herbes aromatiques poussaient à la verticale. »

Une intrigue magique et politique

Si l’on est fasciné par la cité créée par Eléonore Devillepoix, que l’on arpente aux côtés d’Arka, une jeune femme qui n’en est pas originaire et qui la découvre pour la première fois, on est surtout embarqué par les intrigues qui se nouent rapidement.

En effet, ce roman est celui d’une enquête. Ou plutôt de deux enquêtes : celle d’Arka qui est à la recherche de ses origines et de son père, et celle de Lastyanax, un jeune mage fraichement élu, dont le mentor a été assassiné.

Chaque révélation va apporter sa pierre à l’édifice narratif que construit savamment l’autrice. Les rebondissements sont nombreux et aux caractères bien trempés des deux protagonistes principaux viennent s’ajouter ceux des personnages secondaires. Et chacun, de l’amie Pyrrha qui se bat pour avoir sa place en tant que femme au ministre urticant, possède une vraie épaisseur.

En outre, les relations au sein de la communauté des mages sont délectables et offrent de beaux moments, pleins d’ironie.

« Les mages les plus haut placés s’emparèrent aussitôt des fiches des disciples les mieux classés, comme Lastyanax s’y attendait. Il entendit le Maître des Offices proposer au Grand Trésorier plusieurs caisses de vin des iles vieilli en fût. Accablé par l’échec de son fils à l’Attribution, ce dernier ne lui prêta aucune attention. Il se tourna vers le Ministre du Commerce et lui promit de débloquer des fonds pour l’entretien du caravansérail si celui-ci lui laissait Phréton. Les négociations continuèrent à bon train et la plupart des mages avaient déjà choisi leur disciple lorsque les fiches parvinrent à Lastyanax « 

Mais l’on comprendra vite que les enjeux dépassent la cité d’Hyperborée et qu’un complot bien plus inquiétant se met en place pour saper cette société des mages. La soif de pouvoir et de vengeance attise les convoitises et une malédiction plâne…

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TOME 2

Alors que la cité d’Hyperborée est soumise au froid et sous le joug d’ennemis, Lastyanax tente de retrouver sa disciple Arka dans le nord.

Celle-ci est de retour, de manière impromptue, dans le territoire amazone, en Arcadie. Elle va retrouver là-bas une amie de son ancienne tutrice Chirone. Elle pense reprendre sa place auprès de ce peuple qui l’a élevée.

Ce deuxième tome va être l’occasion pour les deux personnages principaux de cette saga d’en découvrir davantage sur eux-mêmes, sur leurs capacités et sur leurs origines.

Les lecteurs retrouveront avec plaisir les multiples personnages, bons ou mauvais, qui révèleront des facettes surprenantes et parfois même attachantes.

Les fils reliant les parcours de chacun vont se dénouer et trouver des connexions inattendues mais significatives.

« La fille de la forêt » offre une conclusion également aux jeux de pouvoir qui avait été mis en place puis chamboulés dans le tome précédent.

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Pourquoi lire La ville sans vent ?

La Ville sans vent est une belle réussite. A la fois d'un point de vue purement fantaisiste par cette cité colossale et magique, mais aussi par les intrigues qui se nouent et les personnages qui mènent l'enquête. Par la puissance de son message aussi : "On a toujours le pouvoir de dire non."

Après avoir pénétré et arpenté les 7 niveaux d'Hyperborée, on a hâte de découvrir ce que vont devenir Arka et Lastyanax, et comment leurs deux destins, liés par le sang et la magie, vont s'accomplir.

Prix et récompenses

  • Le tome 1 a été élu Talent cultura 2020.

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Mots tordus

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