2101, l’humanité est au bord de l’extinction.
Les rares poches de survivants se terrent sous terre pour se protéger d’un soleil propagateur d’une maladie mortelle.
Pourtant, Elvie, une jeune fille de 10 ans, se paie le luxe de se promener en pleine jour grâce au médicament élaborée par Flora, biologiste et tutrice en interim.
Ce remède est concocté à partir d’écailles de papillons Monarques.
Pour cela, le duo doit suivre la migration complexe des insectes à travers le territoire des Etats-Unis.
Chaque année au début du printemps, les papillons Monarques quittent leurs bosquets de Californie et du Mexique pour migrer sur des milliers de kilomètres vers le nord, à travers tout le continent américain. Il faut trois à quatre générations de Monarques pour atteindre le nord mais une unique « super-génération » redescend d’une seule traite vers le sud.
Les Monarques sont les seules créatures du règne animal à effecteur une telle migration.
Science fiction écologiste
Survivalisme et voyage écologique

L’idée de départ de Jonathan Case peut sembler basique mais son traitement n’en est pas moins original.
C’est sans doute en rapport avec l’ère du temps mais le survivalisme est un genre omniprésent de la science-fiction, adulte comme jeunesse.
Ainsi, Elvie et Flora sont des rescapées de l’épidémie solaire qui a frappé l’humanité.
Entrecoupé de recherches de nourriture et autres matériels nécessaires à leur (sur)vie, leur voyage, à la poursuite des papillons Monarques, est le seul moyen pouvant amener Flora à créer un sérum, voire un vaccin, contre cette maladie mortelle.
En effet, quoi de plus dangereux que le Soleil lui-même ?
Mais nos deux héroïnes sont dans une position privilégiée.
Elles peuvent se permettre de rester éloignées des autres survivants qui, eux, ne sortent que la nuit tombée.
Si l’auteur s’intéresse avant tout à nos deux personnages, il développe cependant, par petites touches, l’évolution de l’humanité face à cette nouvelle donne écologique.
Et on comprend assez vite pourquoi Flora préfère s’éloigner des autres clans.
Mais voilà, elle n’est pas seule.
Elvie, par son dynamisme (mais aussi sa naïveté), va amener la jeune femme à revoir ses positions.
Seules sur une bonne moitié de l’album, elles vont devoir collaborer avec un autre groupe.
Méfiante, Flora va réussir à accorder sa confiance sans pour autant dévoiler tous ses secrets.
Contrairement à de nombreux autres récits du même genre, Jonathan Case réussit à nous faire ressentir le danger sans pour autant user de violence à outrance.
Les hommes sont ce qu’ils sont, certains généreux et honnêtes, et d’autres mesquins et violents.
Au final, pas plus, pas moins qu’avant la tragédie.
Plus subtil, Jonathan Case démontre qu’il faut avant tout se méfier des apparences.
Cet aspect « non violent » n’en fait pas pour autant un album édulcoré.
Certaines situations seront tendues et n’empêcheront pas les drames, arrivant souvent au moment où on ne les attend pas.
Survivre en respectant l’équilibre naturel

A la fin de l’album, Jonathan Case explique que la population des papillons Monarques a drastiquement chutée, passant de quelques millions à un peu moins de 2000 papillons en 2021.
Cette baisse s’explique autant par le changement climatique que par l’utilisation de pesticide ou la destruction de leur habitat.
Il est clair que l’auteur met en garde son lectorat en faisant de ce petit papillon, le sauveur de l’humanité.
Comme son ami Craig Thompson, dans Space Boulettes, Jonathan Case démontre de façon astucieuse que si nous ne prenons pas garde aux espèces qui nous entourent, nous pourrions bien le regretter un jour ou l’autre.
Et s’ił ne nie pas les capacités de survie de l’être humain, il reste persuadé que l’humanité, aussi intelligente soit-elle, doit faire attention à l’équilibre naturel de la planète.
Dans le monde de Jonathan Case, si c’est le soleil (ultime reflet du réchauffement climatique) qui met à mal l’espèce humaine, c’est par le respect et la compréhension de la nature que viendra son salut.
C’est d’ailleurs l’explication des nombreuses notes retranscrites dans le carnet d’Elvie.
Si une partie d’entre elles permettent de mieux appréhender les sentiments de la jeune fille, l’autre, complémentaire, joue avant tout un rôle pédagogique.
Ainsi, Elvie répertorie les faits tout en donnant les notions essentielles à son lectorat.
Une façon astucieuse de passer de la fiction à la réalité et d’apprendre en s’amusant.
Le style Jonathan Case

Jonathan Case est un auteur polymorphe.
Il est capable de modifier son style suivant les besoins des projets sur lesquels il travaille.
Que ce soit le réalisme avec The New deal, le polar avec Creeper ou le décalage cartoonesque avec Chère créature, l’auteur se montre aussi talentueux que multiple.
Avec les petits Monarques, l’auteur souhaite toucher un public plus large.
Malgré une certaine complexité narrative et un nombre conséquent de pages, il assouplit son style et son trait.
On retrouve, à certains égards, une approche qu’il avait sur Chère créature, avec un trait arrondi et qui, ici, laisse une grande place à la couleur (dont il a la charge).
Son trait, qui s’accorde à merveille aux personnages enfantins, se caractéristique par un encrage marqué mais un dessin souple lui permettant quelques folies dans la mise en scène.
On retrouve un peu la démarche, là aussi, de Craig Thompson sur Space Boulettes.
Dans son ensemble, l’oeuvre est magnifique.
On regrettera cependant une couverture qui, si elle symbolise assez bien le propos de l’album, n’attire pas forcement le regard d’un potentiel lectorat.
En Résumé
Avec les petits Monarques, Jonathan Case écrit une oeuvre humaniste et écologiste. A travers ce voyage dans les contrées américaines, nos héroïnes tentent de sauver l'humanité en se servant de ses meilleures alliées : les merveilles de la nature environnante. Le message est simple. Si nous ne prenons pas garde à la survie des espèces, nous pourrions le regretter un jour ou l'autre. Abeilles, lombrics ou papillons, apprenons à comprendre ce qui nous entoure pour mieux les protéger ( et nous protéger).
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