Il est des histoires qu’on lit à l’école et qui marquent pour toute une vie. C’est le cas de L’oeil du loup, le roman jeunesse de Daniel Pennac, paru en 184. Les éditions Nathan, bien avisées, l’ont réédité dans une nouvelle version magnifiquement illustrée par François Roca. Une relecture s’imposait pour redécouvrir cette aventure animale et humaine.
Un regard, deux histoires
D’abord, il y a un loup. Un loup, derrière la grille de son enclos, qui va et vient. Il est seul mais il est agacé.
En effet, alors que d’habitude les visiteurs du zoo ne s’arrêtent que quelques instants devant lui, un jeune garçon le fixe sans bouger.
« Il se lassera avant moi », pense le loup en continuant de marcher.
Et il ajoute :
« Je suis plus patient que lui. »
Et il ajoute encore :
« Je suis le loup. »
Mais le garçon reste. Le lendemain, il est toujours là. Devant ce loup solitaire, ce loup d’Alaska, ce loup qui éveille tant de peur et d’attirance chez les humains.
Et la curiosité emporte les deux. Qui est-il ? Pourquoi est-il là ?
« Tu veux me regarder ? D’accord. Moi aussi je vais te regarder ! On verra bien… »

Et c’est ainsi que débute un double récit, à travers ces deux regards : celui de Loup bleu, d’abord. De sa vie en Alaska avec sa famille à sa capture et à son arrivée au zoo. Celle du petit garçon aussi. Afrique – car c’est son prénom – depuis son enfance à dos de chameau, à son emploi de berger de chèvres et à son voyage jusqu’en Europe.
Solitudes et rencontres
Ce qui frappe à la première lecture de ce court roman de Daniel Pennac, c’est le style. Vif, rythmé, simple et pourtant terriblement évocateur.
Alors, ce fut le zoo. Enfin, les zoos. Il en fit cinq ou six, dans les dix années qui suivirent. Sol de ciment et tout de tole. Sol de terre battue et ciel ouvert. Petites cages et gros barreaux. Enclos et grillages. La viande qu’on vous jette de loin. Les peintres du dimanche. Les enfants des hommes qui ont peur de vous. Les saisons qui passent…
Tout seul. Parmi des animaux inconnus, eux aussi dans des cages…
« L’Homme est un collectionneur. »
Le regard porté sur les humains n’est pas réjouissant mais on comprend le loup. Comment respecter cette espèce qui les chasse et a tué une partie de sa famille ? Quel intérêt y a-t-il à les regarder passer devant sa grille ?
C’est la curiosité du garçon qui va permettre la naissance d’une amitié et d’un intérêt réciproque. Car les parcours des deux personnages, malgré leur éloignement géographique, l’un en Alaska et l’autre en Afrique, ont des points communs. Une solitude subie. Un attachement fort aux proches. Un besoin de prendre soin et de partager. D’exister dans l’œil et le cœur d’un autre.

Et c’est là que le talent de raconteur de Daniel Pennac se voit rehaussé par le talent de dessinateur de François Roca. L’un comme l’autre sont touchés par les fêlures, les marginaux et les amitiés improbables. L’un comme l’autre ne taisent ni la violence des hommes ni leur cruauté mais tous deux savent faire briller l’espoir et l’humanité chez leurs personnages.
Pourquoi lire (ou relire) L’oeil du loup ?
Découvrir ou redécouvrir L'oeil du loup de Daniel Pennac est un petit bonheur dont il ne faudrait pas se priver ! A travers ce regard croisé d'un loup et d'un jeune garçon, tous deux secoués par la vie, et dans une langue vive et pleine d'émotions, les lecteurs écouteront deux aventures mouvementées, parfois tristes mais pleines d'espoir. Les récits du loup et de l'enfant, qui se croisent dans ce zoo, vont révéler la force profonde de l'écoute et du partage. De la curiosité et du respect de l'autre aussi. A ne pas manquer et à partager ! Il existe une édition sous format album de ce texte, toujours chez Nathan. Pour profiter encore davantage des merveilleuses illustrations de François Roca. Une édition DYS cool, adaptée aux lecteurs dyslexiques, est également proposée.
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