Ace aux poings ardents est le frère ainé de Luffy.
Parti à l’aventure quelques années avant son frère, il compte bien surpasser l’ancien roi des pirates, Gold D. Roger, en se débarrassant des Empereurs.
C’est ainsi qu’il croise le chemin de l’un d’entre eux, peut-être un des plus puissants : Barbe Blanche.
Il se prépare à l’affronter mais la tâche s’avère plus complexe que prévue.
Précisons que ce manga ne doit être en aucun cas lu avant d’avoir fait connaissance avec la série mère, One Piece.
En effet, Ace, malgré sa présence relative au sein de la série est un personnage central et l’Episode A pourrait spoiler les nouveaux lecteurs.
Du coup, pour tous ceux qui voudraient commencer One Piece avec cet opus : passez votre chemin et revenez le moment venu.
Combler les trous d’une épopée
Un rêve de fan
One piece : Episode A est un spin off en 2 tomes, composé de deux parties bien distinctes.
La première est consacrée aux aventures d’Ace et s’inspire du roman One Piece Novel A de Shou Inata et Tatsuya Hamazaki.
La seconde est un exercice de réinterprétation de Boichi reprenant deux combats de la série-mère.
Ce spin off est véritable cadeau fait aux fans de One Piece.
En effet, Ace est un personnage majeur de la mythologie d’Eichiro Oda.
Il profite d’une aura certaine auprès des lecteurs et lectrices qui tomberont sous le charme du rebelle de la famille.
Apparaissant pour la première fois sur l’arc Alabasta, il est le relai entre Luffy et la grande Histoire qui se déroule autour d’eux et qui mènera jusqu’à l’exceptionnel arc Marineford.
Eichiro Oda a su faire d’Ace, en seulement quelques apparitions, un personnage attachant et charismatique tout en créant un puissant lien de fraternité avec Luffy.
Sa destinée est d’autant plus émouvante qu’elle sera primordiale pour l’évolution de l’équipage du chapeau de paille.
Au final, l’épisode A est un merveilleux hommage rendu à un destin hors du commun mais radicalement diffèrent de celui de son frère cadet.
Ace version Boichi
Ce sont Ryo Ishimyama et Boichi qui ont la lourde tâche de nous raconter le périple d’Ace.
Sans Eichiro Oda à la barre, on retrouve toutes les qualités de sa série : humour, aventure, fraternité et émotion avec en prime de nombreux easter eggs.
Ace aurait pu être une pâle copie de son jeune frère.
Mais si les points communs restent nombreux ( un incroyable entêtement et un goût prononcé pour la nourriture), le guerrier aux poings ardents s’avère plus complexe.
A première vue, il veut aussi devenir roi des pirates mais ses raisons sont plus personnelles.
Car Ace n’est pas vraiment le frère de Luffy.
Fils de Gold D. Roger, il a été recueilli par le grand père de Luffy.
Élevé à la dur, comme Luffy, il garde en lui une certaine aigreur envers un père qui l’a abandonné.
Il veut le surpasser et montrer qu’il vaut bien mieux que lui, quitte à prendre à des risques inconsidérés.
Les mots de Barbe Blanche résument assez bien la situation.
« Ce blanc bec ne demande qu’à foncer tête baissée vers sa propre mort. »
— Barbe Blanche, Empereur
Le second tome se concentre essentiellement sur les multiples tentatives d’assassinats d’Ace envers Barbe Blanche.
Des tentatives qui se soldent par des échecs cuisants et qui ne cessent de prouver au gamin à quel point la marche est haute avant d’arriver seulement à la cheville d’un des plus puissants empereurs.
Mais au final, l’essentiel n’est pas là.
Si l’acharnement d’Ace est quasi suicidaire, Barbe Blanche comprend que le gamin doit passer par là pour faire le deuil de son rêve.
Et pour cela, il doit accepter de faire partie d’une nouvelle famille.
Barbe Blanche est un personnage fascinant.
Surpuissant, il ne s’est jamais intéressé au One Piece. Lui, ce qui l’intéresse, en tant que pirate, c’est de se construire une famille.
En acceptant ce nouveau lien, Ace accepte que Barbe blanche devienne son père comme, au final, il a accepté que Luffy soit son frère.
Un destin marqué par la violence mais terriblement touchant
L’ immense travail d’interprétation de Boichi
Coller au style graphique d’Eichiro Oda
One Piece est irrémédiablement lié au style graphique rond, ultra détaillé et cartoonesque d’Eichiro Oda.
Celui de Boichi est quasiment son opposé : réaliste, brutal avec un immense travail d’encrage qui amène de la matière et de la puissance.
Le jeune mangaka est ultra talentueux et son style, qui fait déjà le bonheur des lecteurs-rices de Dr Stone, est enchanteur.
L’aventure commence par une petite expérimentation : la réinterprétation.
Dans le cadre du One Piece Cover Comics, le mangaka reprend des grands moments de la série, l’affrontement entre Zoro et Mihawk.
Avec cette reprise, Boichi rend hommage au talent d’Oda, tout en démultipliant la puissance des scènes de combat.
Si le mangaka respecte au maximum le design et le décorum de la série, il retouche le cadrage pour y insuffler un côté épique, presque « blockbuster ».
Oda est du genre à mettre beaucoup de choses dans de nombreuses cases. Boichi limite le nombre de cases et se concentre sur l’affect.
Et franchement, c’est une réussite.
La réinterprétation du second volume est, à mon avis, moins réussie.
Reprenant le combat entre Nami et Kalifa, cette partie est l’expression même de ce qui me dérange chez Boichi.
Si le travail graphique est toujours saisissant de beauté, le maniérisme de certains plans et le côté très appuyé d’une érotisation des combattantes me paraît en décalage avec l’univers d’Oda.
Non pas qu’elle n’existe pas dans l’oeuvre d’origine mais le trait d’Eichiro Oda est assez cartoonesque pour apporter un contrepoids à tout cela.
Avec Boichi, tout est décuplé : le plan sur les poitrines généreuses, la tenue de Kalifa, les petites mimiques friponnes.
C’est beau mais, contrairement au précédent exercice, l’esprit du créateur original a disparu pour laisser place aux lubies de Boichi.
respect et appropriation de l’univers de One Piece par Boichi
Pour la partie qui concerne Ace, le mangaka va encore plus loin.
Avec respect, Boichi apporte sa propre vision de l’univers de One Piece et ne se contente plus de le réinterpréter.
Cette vision est notamment percutante sur ses reprises de personnages.
Si on sent que le dessinateur s’amuse à mettre les grands noms de l’univers d’Oda (de Shanks à Barbe blanche), il leur donne une prestance et un charisme sans commune mesure.
Le meilleur exemple est sans doute, celui de Jinbe.
Jamais la puissance du paladin ne nous aura paru aussi percutante et le combat qui va l’opposer à Ace est digne de la légende qui en a été faite dans la série mère.
En résumé
Si One Piece : Episode A a vu le jour par le biais d'un exercice de style, la vision de Boichi de l'univers d'Eichiro Oda est tout bonnement exceptionnelle. En plus de boucher quelques trous en nous racontant une partie de la destinée d'Ace, le mangaka nous en met plein les mirettes et s'éclate en réinterprétant à sa sauce les grands noms de la mythologie One Piece. Un complément parfait pour un des meilleurs shonens actuels.
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