Mots Tordus et Bulles Carrées

Silver Surfer : requiem (J.M. Straczynski / Esad Ribic)

 
 
Parmi la pléiade de superhéros qui peuplent les comics américains, il y en a toujours quelques uns qui sortent du lot, souvent pour des raisons personnelles. 

Prenez mon cas (un peu d’égocentrisme), si j’aime autant Daredevil, c’est, avant tout, parce que j’ai découvert le travail de Frank Miller à travers les aventures de ce personnage. 
Si je suis si attaché à Hulk, c’est grâce à Peter David qui me l’a fait découvrir sous un jour bien plus complexe que je ne l’imaginais. 
 
Pour le Silver Surfer, je ne peux m’empêcher de me revoir, un Nova entre les mains, arpentant l’espace sur la planche du héraut de Galactus
 
Le Silver Surfer par le légendaire Jack Kirby 

 

Créé par le légendaire Jack Kirby, le surfer d’argent est apparu pour la première fois en tant qu’ennemi des 4 fantastiques (Fantastic four 48 en 1966). 
L’histoire est plus ou moins connue (et a fait l’objet d’une adaptation désastreuse dans le 2eme opus cinématographique des « 4 Fantastiques » ) mais pour les novices, soyez rassurés,  J.M. Straczinsky fait un rappel des origines du Surfer dans l’album qui nous concerne (auquel on peut ajouter un éditorial plutôt réussi des équipes de Panini Comics). 
 
Donc oui, les aventures du Surfer d’argent, c’est, tout d’abord, l’exploration de mondes infinis, la découverte de créatures extraterrestres et en ça Esad Ribic nous régale.  
Le trait du dessinateur croate impressionne une nouvelle fois par la beauté de ses environnements. 
Les décors sont variés : que ce soit New York ou la cité de Zenn-La , on en prend plein les yeux. 
 
Des décors époustouflants

 

De larges cases laissent place à un nuage cosmique, une pluie de météores ou à l’ampleur de l’espace magnifié par une mise en couleur digne des grands illustrateurs de Science fiction. 
Mais résumer le travail d’Esad Ribic à sa gestion de l’espace serait limité. 
Sa mise en page est impeccable. Jamais le Surfer n’aura été si impressionnant (et c’est loin d’être le personnage le plus facile à dessiner).
 
Un Surfer impressionant 

 
Sa puissance éclate comme jamais et les scènes d’action (rares mais efficaces) sont juste ébouriffantes. 
Malgré un propos très intimiste sur lequel je reviendrai, le comics regorge de moments de bravoure ou de scènes d’anthologie à l’image des dernières pages où apparait un Galactus mémorable 
 
De belles scènes d’actions 

 

Cependant, ne vous y trompez pas. Requiem n’est pas un récit de Super-héros comme les autres. 
Déconnecté de la sacro-sainte continuité, J.M. Straczynski a décidé de nous raconter les derniers jours du Surfer. 
Atteint par une dégénération corporelle, il n’a plus qu’un mois à vivre mais, plutôt que de se morfondre sur son sort, ce dernier décide d’entamer un dernier voyage jusqu’à sa planète natale. 
Divisée en 4 chapitres, le héros cherchera une ultime façon de laisser sa marque à un monde qu’il a longtemps essayé de sauver. 
 
Un personnage attachant

 

Derrière le visage impassible du surfer, se cache un Norrin Radd absolument bouleversant. 
Dès ses origines, le héros est lié à la notion de sacrifice et, même si c’est le cas de beaucoup de superhéros, cela prend chez lui une forme quasiment christique. 
Alors que Peter Parker devient Spider-Man par responsabilité, Norrin Radd l’est devenu pour sauver sa planète. 
Il est la noblesse incarnée, d’ou cette incompréhension face à une humanité qui s’entredéchire. 
Le Surfer est sans doute le personnage qui a le plus  réfléchi sur le monde qui nous entoure. 
D’ailleurs, les mots qu’il échange avec Spidey sonne comme une sorte d’avertissement
 
  » Vos leaders oppressent et exploitent pour le pouvoir. Vous laissez faire. Et ils tuent ce que vous jugez différent. Vous êtes fous. »
 
C’est aussi un homme qui s’interroge quotidiennement sur sa condition. 
En ce sens, le récit de Straczynski suit les pas de ses ainés, que ce soit Starlin (et on pense forcement à la Mort de Captain Marvel) mais aussi JM Dematteis
Et questionner sa fin est en quelque sorte son ultime 
réflexion. 
 
L’univers des super héros et ses morts tragiques

 

Silver Surfer : Requiem est un ouvrage à la lecture dense et au dessin d’une beauté hypnotisante.
Bien loin des énièmes conflits cosmiques, le récit de Straczynski est avant tout une réflexion sur la nature humaine. 
Que laissons-nous à la fin de notre vie ? Avons-nous essayé d’améliorer notre monde ? 
 
C’est aussi une magnifique réflexion sur l’acception et le sacrifice, deux thématiques qui collent parfaitement à un personnage complexe mais attachant. 
Bulles Carrées

Pour retrouver tous les comics d’Esad Ribic

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