Alors que Bruce Banner reprend la route en espérant que sa « créature intérieure » ne fasse pas trop de dégâts en chemin, les monstres de la planète se lancent à sa poursuite.
Au même moment, Charlène cherche à échapper à son père et trouve dans la figure d’Hulk, une protection inespérée.
Chasse au Hulk
Un retour à la base de l’horreur
Pour moi, le retour d’une série consacrée au monstre de jade est toujours un évènement.
Et il faut dire qu’entre le Immortal Hulk d’Al Ewing et le run de Donny Cates, il y a de quoi nous faire plaisir.
C’est donc au tour de Phillip Kennedy Johnson et Nic Klein de prendre en main la destinée de Bruce Banner.
Je ne connaissais pas vraiment le travail du scénariste qui a pourtant une carrière conséquente notamment sur Superman.
Hormis, le dernier des Dieux aux côté de Ricardo Frederici, qui ne m’avait pas vraiment emballé, je suis complètement passé à côté de son parcours.
Avec The Incredible Hulk, Phillip Kennedy Johnson reprend les bases du personnages tout en respectant ce qui a été fait dernièrement.
Ainsi, on retrouve l’ambiance horrifique d’Immortal Hulk avec un traitement virant vers le cinéma de genre.
En effet, on ne sera pas étonné d’y croiser des monstres hautement référencés d’Alien, aux zombies jusqu’à l’inévitable Cthulhu.
Les hommages fonctionnent et donnent un ton particulier à cette intrigue.
On a tendance à l’oublier mais Hulk a été un comics de freaks, tous plus ou moins créés par les rayons Gamma.
Le scénariste cherche à reproduire cet effet mais en les liant d’une autre façon.
Ainsi, on devine assez bien l’objectif recherché par la Mère des horreurs quand elle envoie ses troupes pourchasser le colosse;
Le scénariste revient sur ce que représente Hulk pour ces nombreuses créatures.
Est-ce un ennemi à éliminer ou un modèle à suivre ?
Un trio de désaxés
Une bonne série consacré à Hulk ne peut que s’accompagner d’un traitement psychologique plus ou moins profond.
C’est dans l’ADN depuis le run de Peter David et The Incredible Hulk ne pouvait pas y échapper.
Et bien sûr, Phillip Kennedy Johnson se devait de reprendre l’affrontement métaphysique entre Bruce Banner et Hulk.
Surtout que leur relation est passé par une période folle où Bruce Banner a emprisonné puis utilisé à ses fins le gérant vert.
Et Hulk est du genre rancunier.
Il n’a plus envie de collaborer et compte bien récupérer ce corps tout en se débarrassant de Banner à tout jamais.
C’est une guerre interne qui explose et Hulk n’hésite pas à faire des dommages collatéraux en rejetant la faute sur le scientifique.
Mais, si Bruce passe pour la victime, on ne peut pas oublier qu’il s’est aussi retrouvé dans le rôle du bourreau.
Dans The Incredible Hulk, Phillip Kennedy Johnson rajoute un 3eme élèment : Charlène.
Ainsi, la jeune adolescente fuit la cellule familiale et trouve en Hulk un protecteur.
D’une certaine façon, on peut se demander ce que recherche réellement la jeune fille dans cette histoire, surtout qu’au final la protection s’avère contestable.
Mais cette histoire fait écho à celle de Banner et d’une certaine façon à Hulk.
Double identité graphique pour The Incredible Hulk
Si je ne connaissais pas le travail de Phillip Kennedy Johnson, je ne peux pas en dire autant de Nic Klein, déjà éblouissant sur Thor au côté de Donny Cates.
Et sur The Incredible Hulk, il n’est pas juste épatant, il est magistral.
Que ça soit par son approche graphique de l’horreur ou sa mise en page explosive, son dessin frappe aussi fort que les poings du géant Vert.
On y retrouve une inventivité dans la mise en scène notamment des transformations d’Hulk.
Sa créature est colossal et rappelle, à certains égards les musculatures de Dale Keown voire d’Angel Medina.
On ressent toute la fureur et la rage qui caractérise ce personnage.
Malheureusement, avec un tel niveau, on se doute qu’il est bien difficile de tenir les deadlines. Surtout quand on colorise en plus quelques numéros.
Il y avait deux façons de gérer la chose. Soit en proposant une « sous Nic Klein », soit en choissisant un auteur de talent mais radicalement diffèrent.
Marvel a opté pour le second choix quitte à provoquer une certaine frustration.
Quand on pense horreur, le nom de Travel Foreman se rappelle aux bons souvenirs de tout ceux qui ont lu son Animal Man.
Le dessinateur a une vision radicalement différente de celle de Nic Klein.
Il ne s’intéresse pas vraiment à la brutalité du personnage et préfère se concentrer sur des ambiances froides provoquant un certain malaise.
Le physique d’Hulk est normalisé, bien loin de sa musculature habituelle, rappelant à certains égards une approche réaliste à la Lou Ferrigno.
Personnellement, j’aime beaucoup son dessin.
Mais je peux comprendre que le choc des deux styles ne plaira pas à tout le monde.
De mon côté, l’empreinte de la série est préservée.
En résumé
Après la parenthèse Donny Cates, Phillip Kennedy Johnson et Nic Klein retrouve, avec The Incredible Hulk, l'ambiance horrifique du titre.
Si la série se veut moins cérébrale que la période Al Ewing, c'est pour lui apporter ce goût de série B avec un Hulk colossal fracassant des monstres toujours plus effrayants.
Cependant, le scénariste n'en oublie pas la lutte interne qui focalise les rapports entre Hulk et Bruce Banner.
A cela se rajoute une nouvelle acolyte amenant une humanité à un titre qui aurait pu en manquer.
Côté dessin, on se régale de la maestria de Nic Klein, au sommet de son art.
Et si le dessinateur ne peut tenir les délais, il trouve en Travel Foreman un remplaçant de choix.
Un 1er tome réjouissant !
Pour lire nos chroniques ur Something is killing the children et Parasite