Tout d’un loup (Géraldine Elschner / Antoine Guilloppé)

Le style d’Antoine Guilloppé est reconnaissable entre tous. Ses illustrations en noir et blanc, comme découpées, offrent des contrastes et une perspective particuliers. Pour l’album Tout d’un loup, aux éditions L’élan vert, il accompagne Géraldine Elschner pour raconter l’histoire d’un chien bien trop proche du loup, tant et si bien qu’il est rejeté des humains plutôt à la recherche d’un toutou.

Etre aimé pour ce qu’on est

Est-ce un loup perdu en ville ? Est-ce un chien abandonné ? La couverture pose questions et donne des pistes pour comprendre qui est le héros de cette histoire.

Dans cette ville immense et moderne, il est seul et isolé. Quelle place dans ce monde humain pour un être à l’apparence sauvage ? Malheureusement, aucune.

enchainé et seul

J’avais
les oreilles droites,
des crocs blancs et pointus,
l’échine un peu courbée
sous mon poil argenté,
mais l’oeil vif, aux aguets.

– Tout d’un loup ! disaient les gens.

Victime de sa ressemblance avec son cousin sauvage, il subit le collier et l’enfermement.

Or, tout ce qu’il voudrait, lui, c’est être aimé. Avoir un maître ou une maîtresse qui prenne soin de lui et le caresse. Etre libre aussi et courir dans le vent.

Ses hurlements de solitude, la nuit, au lieu d’attirer l’attention et la compassion, l’envoient dans le chenil d’un refuge pour animaux abandonnés.

Mais quelle famille, en quête d’un compagnon à 4 pattes, voudrait de ce « presque loup » ?

une rencontre déterminante

La liberté et l’amitié viendront peut être de cet homme massif, au regard perçant, qui se présente à l’entrée de sa cage…

Au-delà des préjugés, une quête de liberté

Le récit de Tout d’un loup est simple mais fort. En quelques pages, les mots sensibles de Géraldine Elschner touchent et placent les lecteurs dans la peau et le coeur de ce chien victime de préjugés sur son apparence.

L’histoire évoquera immanquablement L’oeil du loup de Daniel Pennac, qui mettait en lumière les liens entre un loup borgne et un jeune enfant à travers leurs regards croisés. On pensera aussi à la fable du Loup et du chien de Jean de La Fontaine.

Le texte de l’autrice transmet un message fort : on devient ce que l’on est sous le regard d’une personne attentive et bienveillante.

La puissance des images vient rehausser le tout de manière symbolique. Antoine Guilloppé sait, en effet, mettre en valeur par des contrastes de noir, blanc et gris la solitude de l’animal. Les angles choisis sont également évocateurs et l’on perçoit aisément tout le poids du monde qui pèse sur le chien.

Comment ne pas ressentir la détresse de l’animal dans ce regard bleuté ?

Une expressivité sans pareil dans le regard

Enfin, les couleurs prennent davantage de sens au fur et à mesure qu’entre l’homme dans la vie du chien, s’ouvrant au vert et au rouge. La rencontre devient salvatrice mais sans supériorité de l’humain sur l’animal. L’un et l’autre se retrouvent à leur juste place et c’est ce qui fera leur bonheur.

Le regard clair, il souriait sous son manteau de laine,
tenant à la main un bâton qui n’était pas de ceux
qui frappent.

– Parfait… Tu as tout d’un berger !
Sa voix chantait dans la pénombre.

Pourquoi lire Tout d’un loup ?

Tout d'un loup est un album sobre mais terriblement fort en émotions. Ce chien, rejeté pour son apparence de loup sauvage, incompris et méjugé, est en quête d'amour. Sa rencontre avec un homme bon et vrai, par le regard juste qu'il lui porte, va permettre de lui redonner une place et une identité. Le texte simple et touchant de Géraldine Elschner s'accorde parfaitement avec les illustrations en noir et blanc d'Antoine Guilloppé. 

Un cri d'amour, comme un hurlement de loup.

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Mots Tordus

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