Après avoir vécu au sein d’un groupe de survivants, Clémentine, jeune fille de 17 ans, décide de reprendre la route en solitaire.
C’est ainsi qu’elle croise la route d’Amos, un jeune amish qui la convainc de l’accompagner jusqu’à une station de ski du Vermont, éloignée du danger des rôdeurs.
Mais Clémentine ne peut s’empêcher de suspecter un guet-apens.
Le monde de Kirkman à la sauce Walden
Une licence à succès
À première vue, que l’on connaisse l’un ou l’autre univers, rien ne semblait réunir Walking Dead à Tillie Walden.
Et pourtant, l’association est évidente.
Quand Robert Kirkman écrit le premier épisode de son comics de zombies en 2003, personne n’aurait pu imaginer un tel succès.
Malgré une réussite immédiate aux Etats-unis, la première traduction en VF par SEMIC s’est soldée par un four et la série s’est arrêtée au bout d’un seul et unique tome.
Apparemment, personne ne voulait (encore) d’un comics de zombies en noir et blanc.
Il faut donc attendre la deuxième tentative, quelques années plus tard, sous le giron de Delcourt, pour que le public français cède à la vague zombie, faisant de Walking Dead un des comics les plus vendus dans notre métropole.
La suite de l’histoire, on la connait tous.
Une série télévisée et son auteur qui, au bout de 33 tomes, décide de mettre un terme à son histoire à la surprise générale.
Malgré tout, l’aventure continue sous d’autres formats.
La série survit par le biais d’un spin-off et l’univers trouve même un écho dans l’industrie video ludique dans un jeu vidéo mettant en scène une dénommée Clémentine.
Tillie Walden et Walking dead
Tillie Walden est une habituée des podiums.
Si, pour beaucoup, elle reste encore inconnue, l’autrice américaine a tout de même remporté 2 Eisner Awards pour Spinning et Sur la route de West.
Pour ma part, je l’ai découvert avec Dans un rayon de soleil, un récit de science fiction humaniste et totalement envoutant.
Alors qu’un projet est réfléchi autour de Clémentine, Robert Kirkman pense immédiatement à Tillie Walden.
Et on comprend assez vite pourquoi.
Si son style brut de décoffrage est sans doute moins puissant que celui de Charlie Adlard, il n’en est pas moins adapté à l’univers de Walkind Dead.
Sauvage, peut être plus enfantine, elle n’en est pas moins à l’aise avec les scènes d’horreur qui peuvent apparaître à tout moment.
On regrette cette petite touche de couleur qu’elle adopte sur ses propres albums pour apporter par moment de la lisibilité mais c’est un petit écart qui permet de garder cette charte commune du noir et blanc avec la série originale.
Si l’écriture de l’autrice colle si bien à l’univers de Robert Kirkman, c’est aussi par sa facilité à dépeindre l’âme humaine à travers des récits de genre.
Et au final, Walking dead, c’est exactement cela : se servir du récit de zombies pour explorer une nature complexe, généreuse mais aussi terriblement violente.
Une humanité en péril
Ce premier tome d’une série de 3, est indéniablement un volume de mise en place.
Le premier chapitre sert de transition entre le jeu et cette nouvelle histoire, permettant aux nouveaux arrivants de découvrir le personnage de Clémentine sans forcément y avoir joué.
Ainsi, on découvre une jeune fille qui semble avoir déjà bien vécu malgré son jeune âge.
Ayant perdu un pied, elle se montre tout de même assez vive quand le combat s’impose.
On comprend qu’elle aurait pu accéder à une vie tranquille mais, comme elle l’avoue elle-même, elle ne se sent pas heureuse.
Et effectivement, il y a quelque chose de tragique chez cette jeune fille qui préfère au fond la solitude à la compagnie de ses homologues.
En peu de pages, Tillie Walden fait de Clémentine un personnage attachant mais au final assez austère.
Tout l’inverse d’Amos, ce jeune amish qu’elle va aider bien malgré elle.
Optimiste, souriant, il accorde facilement sa confiance ce qui, dans ce monde, frôle l’inconscience.
Mais, comme nous, elle va s’attacher à ce jeune garçon et l’accompagnera dans une quête qu’elle estime pourtant dangereuse.
C’est ainsi que le récit retrouve une trame plus classique.
Celui du groupe qui se forme et met en place des stratégies pour survivre.
Ici, l’originalité vient du fait que le camp se trouve au fin fond des montagnes enneigées et que le petit groupe n’est formé que d’adolescent.es (4 filles pour un garçon) avec un adulte porté disparu.
Forcément, la méfiance de Clementine et les tensions qui vont en résulter démontrent que le mal vient, une nouvelle fois, de l’intérieur.
Si le rythme se veut lent, l’autrice se permet quelques accélérations, amenant à une conclusion de volume aussi brutale qu’inattendue.
En résumé
Walking dead : Clémentine réunit avec brio l'univers intimiste de Tillie Walden et les zombies de Robert Kirkman.
Avec une patte graphique plus souple mais sauvage, l'autrice reprend le personnage de Clémentine et l'amène dans les terres froides du Vermont.
Si, pour le moment, on sent que Tillie Walden prend ses marques, restant dans le chemin tracé par la série originale, on imagine que ce premier volume n'est qu'un galop d'essai.
Et si on en ressort satisfait, on espère aussi qu'elle réussira à apporter sa touche personnelle à la violence de cette licence.
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