Je l’avoue, j’ai voué un culte à Bruce Lee et au Chevalier lumière entre l’enfance et l’adolescence. Cette passion un peu étrange m’a même poussée à abandonner les cours de danse classique pour les tatamis du cours de karaté. Et, comme Kyoko, l’héroïne de Yôkai, le dernier roman de Thibault Vermot, mon rêve était de devenir un ninja ! Si l’expérience n’a pas été concluante pour moi, j’en ai tout de même gardé un goût prononcé pour la culture japonaise et notamment pour son folklore de créatures étranges. Il n’en fallait donc pas davantage pour me précipiter dans cette aventure aux côtés de Kyoko, Yanagi et Takata.
Les rônins et la gamine-yôkai
Tout commence par un enlèvement franchement raté.
Yanagi et Takata sont deux rônins aux poches vides. Pour se renflouer, ils décident d’enlever la fille du poète calligraphe qui vit au pied de la montagne. Ils pensent ainsi obtenir, en échange de la précieuse enfant, une belle somme d’argent.
Or, la jeune Kyoko n’est pas une enfant comme les autres.
Dessiner j’aime bien
Mais je préfère la bagarre
Avec mon sabre.
Moi aussi je sais écrire de la poésie !
Et elle va vite prendre les choses en main avec ses deux kidnappeurs.
Parce que, finalement, ça l’arrange bien de vivre une vraie aventure, en dehors de celles qu’elle imagine dans l’enceinte de sa maison. Et puis parce que Yanagi et Takata sont plutôt gentils et vite dépassés par cette petite furie qui court partout, crie pour effrayer les yôkais et joue de vilains tours.
Enfin, ils vont vite se rendre compte qu’elle ne manque pas vraiment à ses parents. Et que sa compagnie va leur permettre de monter un vrai grand coup : voler le trésor du daimyo, un riche seigneur local.
Devenir un ninja
Kyoko a une obsession : devenir un ninja. Elle ne veut pas de la petite vie paisible et routinière que lui offre son père. Ce qu’elle cherche, c’est l’aventure !
Or, Yanagi et Takata, les deux Laurel et Hardy rônins qui l’ont enlevée, mènent cette vie. Même s’ils recherchent, eux, la tranquillité et se contenteraient bien d’une bonne auberge chaude et confortable.
La cohabitation entre les trois personnages va passer par des phases de rejet excédé ( le caractère de Kyoko étant souvent imprévisible), de franche camaraderie, (notamment dans la seconde partie du roman) mais surtout d’humour cartoonesque. En effet, au duo Yanagi-Takata s’ajoute celui de Kyoko-Takata, la petite faisant régulièrement tourner en bourrique le pauvre rônin, pas toujours très malin.
Je t’explique, je porte le tas de feuilles, et soudain, du buisson devant moi, qui je vois surgir ? La gosse ! Avec l’arc que tu lui as fabriqué ! « Groin-groin ! elle crie, on dirait que tu serais un sanglier ! » J’ai pas eu le temps d’ouvrir la bouche, voilà que je prends une volée de flèches.
Si la relation est compliquée entre ces deux-là, elle va petit à petit prendre une toute autre tournure. Chacun va découvrir une part de l’autre qui le rend attachant. Jusqu’à former une vraie petite troupe de bandits. Presque une famille.
En lisant Yôkai, les lecteurs et lectrices auront non seulement beaucoup de plaisir à découvrir les idées farfelues de Kyoko l’apprentie ninja mais aussi à vivre ses aventures dans les montagnes japonaises avec ses deux compères. Car les rebondissements et les dangers seront nombreux.
Enfin, associées au texte vif de Thibault Vermot, les illustrations de Gaël Henry et la mise en page expressive de certains passages grâce à des vairations de polices d’écriture créent une énergie très chouette.
Pour les plus curieux, un petit glossaire illustré des yôkais rencontrés dans le roman est disponible à la fin du livre.
Pourquoi lire Yôkai ?
Ce roman de Thibault Vermot, publié dans la collection Pépix est un condensé d'énergie. Plein d'humour et d'aventure, Yôkai entrainera ses lecteurs et lectrices dans le sillage de Kyoko, l'apprentie ninja, et de ses deux acolytes rônins, Yanagi et Takata, au coeur d'un Japon médiéval mystérieux.
Si vous n'avez pas peur des monstres, ni de dormir dans un temple abandonné, et que vous vous voyez déjà, un katana à la main, à la poursuite d'un trésor, foncez lire Yôkai !
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