Amande (Won-Pyung Sohn)

« Amande » de Won-Pyung Sohn, édité aux éditions PKJ, est mon premier roman coréen. Best-seller mondial, coup de coeur du groupe de K-pop BTS, il n’en fallait pas plus pour m’intriguer.

L’autrice y traite d’une maladie peu connue : l’alexithymie. Cette pathologie mentale se reconnait à l’incapacité à identifier ou exprimer ses émotions. Le titre du roman fait référence à une amygdale cérébrale, surnommée « amande », plus petite que la moyenne, qui dysfonctionne chez le narrateur personnage principal, un jeune garçon nommé Yunjae, qui vit seul avec sa mère et sa grand-mère.

Comment vivre au milieu des autres, en société, lorsqu’on ne réagit pas ? Comment faire lorsqu’on ne comprend pas les réactions émotionnelles des gens qui nous entourent ? 

Dès l’enfance, Yunjae est « entrainé » par sa mère afin de mémoriser les expressions « décodables » de ses semblables et d’y répondre par des « messages » verbaux ou non verbaux adaptés. Malheureusement, cela n’est pas toujours concluant. L’enfant, puis le collégien, se trouve isolé voire rejeté pour sa froideur et son inexpressivité. 

Au contraire, sa grand-mère, un caractère bien trempé, apprécie sa « monstruosité » qu’elle apparente à de la franchise. 

Alors que le trio emménage dans un logement proche d’une librairie d’occasion nouvellement achetée par la mère, la vie de Yunjae va être bouleversée. Sa grand-mère décède brutalement. Sa mère est plongée dans un profond coma, suite à l’attaque d’un meurtrier dans la rue.

Désormais, le jeune garçon va devoir s’en sortir seul. Il fait cependant la rencontre du docteur Shim qui devient en quelque sorte son tuteur, puis du professeur Yun et de son fils Gon.

Ce dernier, un adolescent rebelle, violent et plein de colère (il a vécu dans la rue pendant de nombreuses années), va « percuter » de plein fouet Yunjae et lui permettre de vivre une amitié particulière. 

Ce qui fait l’originalité d’Amande

L’attraction qu’exerce ce roman repose, selon moi, sur plusieurs originalités: 

Tout d’abord, le parcours de ce jeune narrateur. Ses émotions (souvent des non-émotions) sont traduites par une langue simple et factuelle. J’ai retrouvé dans cette écriture (traduite évidemment, et légèrement modifiée sans doute, d’après les propos de la traductrice américaine elle-même en fin de roman) ce que j’avais aimé dans un roman tel que « des Fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes ou « le Bizarre incident du chien pendant la nuit » de Mark Haddon : réussir à pénétrer dans un esprit différent, n’ayant pas les mêmes codes ni les mêmes références. 

Ajoutez à cela un scénario en 4 parties (l’autrice est également réalisatrice et scénariste). Des retours en arrière savamment distillés. Et une montée en puissance tragique au fur et à mesure des rencontres et des événements vécus.

Enfin, et surtout, des personnages complexes et attachants, qui restent en mémoire, et vous obtenez un histoire originale et forte. 

J’y ai découvert également certains aspects de la culture et de la société coréenne (éducation, scolarité, nourriture et quartiers) très réalistes et pas toujours reluisants. 

Si le duo de Yunjae et Gon, comme la rencontre entre deux forces opposées, est explosif-implosif, il n’en reste pas moins lumineux. L’amitié et l’empathie jalonnent ce roman d’apprentissage moderne et l’on retiendra que si la vie est violente et plus qu’éprouvante, elle n’en a que davantage de valeur pour les émotions et les sentiments qu’elle nous donne à vivre.

COMMANDER SUR

(Mots Tordus)

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