Mots Tordus et Bulles Carrées

Catwoman : Lonely city (Cliff Chiang)

Rare rescapée de la nuit du fou, Selina Kyle sort de prison au bout de 10 longues années.
Et depuis, Gotham City a eu le temps de se transformer.
Batman est mort et Harvey Dent a pris la charge de maire en pacifiant les rues de la ville grâce à ses Batbots.
L’ancienne voleuse se doit de faire profil bas mais une vieille promesse va l’amener à reprendre le costume une dernière fois.

Un nouveau défi pour Cliff Chiang

Souvenirs d’antan

Quand on a connu les débuts « Image comics », on a toujours la crainte de faire face au syndrome du « dessinateur populaire qui s’imagine scénariste ».
Cependant, il serait caricatural de limiter un artiste à une simple case et nombreux d’entre eux ont assez de talent pour porter cette double casquette.
Est-ce le cas de Cliff Chiang ?

Déjà graphiquement, on ne sera pas surpris, c’est magnifique.
A l’image de la sublime couverture de l’album , le style de l’auteur se veut aussi simple qu’efficace.
On retrouve tout le charme des dessins qui nous avaient tant émerveillés sur Paper Girls mais aussi Wonder Woman.
Ce mélange unique d’un trait légèrement ciselé, d’un encrage en fusion avec sa colorisation, apporte cette ambiance si particulière à ses planches.
Un style graphique qui, par certains côtés, se rapproche du Batman Animated de Bruce Timm, en plus éclatant.

Son interprétation futuriste de Gotham city oscille entre hommage à l’histoire globale de Batman (Batgirl ou Harvey Dent) et réelle volonté d’innovation (Croc ou l’homme mystère )

Cependant la question reste en suspens : Cliff Chiang est-il aussi un bon scénariste ?

Un scénario faussement Millerien

Une vision sombre du futur de Gotham ?

Un vieux Pingouin qui n’a pas tellement changé

Mettons fin rapidement à ce suspens insoutenable, Catwoman : Lonely City est un récit haletant et attachant sur de nombreux points.
Il n’est pas sans défauts et, si on peut lui reprocher quelques longueurs, cela ne lui enlève aucunement ses nombreuses qualités.

A première vue, Cliff Chiang ne fait pas dans l’originalité.
Une vision futuriste du batuniverse, des héros disparus, un vilain au pouvoir et une cambrioleuse/héroïne qui se prépare à monter un dernier coup avec une équipe d’anciens vilains.
On s’imagine encore un univers désespéré à la Dark Knight dont Harvey Dent semble un clin d’oeil appuyé.
On pense aussi, plus récemment, à Rogues, qui faisait la part belle à une équipe d’anciens super-vilains se réunissant pour un dernier braquage.

Cependant Cliff Chiang sort son épingle du jeu en optant pour un ton plus lumineux et, au final, plus optimiste que son illustre ainé, ce qui le rend abordable pour un plus large public.
Une ambiance qui, là aussi, rappelle la vision tout en nuance de l’oeuvre de Bruce Timm.
On ressent cela dans la caractérisation des personnages.
Croc et Ed Nygma ( l’homme mystère ) en sont les meilleurs exemples.
Qui aurait pu croire que Croc pouvait être aussi attachant ?
Et que penser de cette relation amicale entre Selina et Ed qui s’avère aussi inattendue qu’incroyable.

Être le relais du héros

Catwoman, de retour en costume ?

Selina est obnubilée par la nuit du fou que l’auteur s’amusera à teaser tout au long de son récit.
Ce souvenir la lie irrémédiablement au chevalier noir, qui, même disparu, reste omniprésent.
Elle veut tenir la promesse qu’elle lui a faite malgré des aptitudes amoindries.
La féline n’est effectivement pas au meilleur de sa forme et son corps le lui rappelle à plusieurs reprises.
Dans ces conditions, on se demande si elle peut vraiment reprendre le flambeau du héros disparu.
Mais le veut elle vraiment ?
N’est-elle pas elle-même qu’une ombre du passé ?

La question de l’héritage est prédominante dans le récit de Cliff Chiang.
L’héritage tout d’abord laissé par le héros défunt, qu’il soit moral ou financier.
Ce qui fait dire à Selina que l’argent de Bruce Wayne a plus fait pour Gotham que ses nombreuses années en tant que justicier.
Une ironie que l’on retrouve d’ailleurs dans le Nightwing infinite de Tom Taylor.

Il y a aussi les héritiers.
Ceux qui reprennent le flambeau.
Car effectivement, si Harvey Dent semble vouloir sincèrement pacifier la ville, ses méthodes posent questions et peut être que Gotham a besoin d’un nouveau justicier, ou plus précisément d’une justicière.
Catwoman , derrière le charme des années, est émouvante dans sa quête mais aussi dans la relation qu’elle crée avec ses compagnons.
Un personnage riche qui dépasse très largement l’image de l’amoureuse/rivale de Batman.

En résumé

Catwoman : Lonely City est la réussite d'un dessinateur talentueux qui démontre qu'il est aussi un très bon scénariste. 

Derrière ce futur à la Dark Knight, la vision de Cliff Chiang s'avère plus lumineuse et moins extrême que celle de Frank Miller. 
On y retrouve un ton et des personnages complexes qui rappelleront aux plus nostalgiques les grandes heures du Batman Animated. 
Et surtout,Cliff Chiang offre à son héroïne (mais aussi à ses compagnons) une aventure bourrées d'émotion, de tendresse et de suspense. 

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Bulle Carrée

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