Mots Tordus et Bulles Carrées

Dans la tête de Sherlock Holmes (Benoit Dahan / Cyril Lieron)

Sherlock Holmes s’ennuie.
Alors que Watson recherche une activité pour occuper cet esprit fertile, un vieil ami apparaît en demandant l’aide du docteur.
Ce dernier, en chemise de nuit, la clavicule cassée et portant une chaussure à talon rose ne se rappelle rien de la nuit précédente.
Un cas bien étrange qui attise immédiatement la curiosité du détective.

Du pur Conan Doyle

Les addictions de Sherlock Holmes

Dans la tête de Sherlock Holmes est, tout d’abord, une enquête dans la grande tradition des romans de Conan Doyle.
N’y cherchez aucune tentative de modernisation du mythe, comme cela peut être le cas dans certaines séries télévisées, le scénario de Cyril Lieron respecte au millimètre près les codes et l’ambiance des aventures de Sherlock Holmes.
En bon connaisseur, il s’amuse à parsemer, ici et là, de multiples clins d’oeil à l’oeuvre originale, que ce soit par la présence d’un personnage ou la citation d’une enquête passée.

On y retrouve tout ce qui fait le charme et le succès des romans : une enquête mystérieuse, de multiples indices et une résolution digne de ce nom.
La suffisance de Sherlock Holmes ainsi que son addiction à la cocaïne ne sont pas ignorées.
De même, la relation entretenue avec Watson est parfaitement mise en valeur et nous remémore les meilleurs moments passés auprès de ce duo.

Une énigme classique mais efficace

Sherlock Holmes en pleine réflexion

Le scénario de Cyril Lieron développe une enquête maline qui multiplie les indices et autres pistes.
L’énergie de Holmes se répercute sur le rythme de ces deux albums et, un peu comme Watson, le lecteur se laisse emporter par les multiples réflexions du détective.

Comme souvent, cela commence par une arrivée impromptue.
Ici, c’est un collègue du docteur qui débarque au 21th Baker Street dans une tenue assez inconfortable.
A partir de ce moment, l’esprit d’analyse de Sherlock Holmes se met en branle et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Un détail sur la tenue du client, une découverte sur « la scène de crime » ou les multiples témoignages vont permettre d’étayer une réflexion de plus en plus poussée qui amènera, inévitablement, à la résolution de l’enquête.

Un chemin complexe mais qui ne permet aucun doute sur les théories du détective.
Mais, au fond, plus que l’enquête en elle-même, l’important est de comprendre voire d’assimiler la méthode du détective privé.

Ce classicisme de fond crée une structure solide pour une forme explosive.
Au final, le scénario de Cyril Lieron est l’armature parfaite pour soutenir les fresques complètement folles de Benoît Dahan.

Mettre en image les mécanismes du détective

Dans la tête de Sherlock Holmes

Soyons clair, le travail de Benoît Dahan est fabuleux.
L’ayant découvert, sur le tout aussi excellent Psycho investigateur, l’auteur se démarquait déjà par l’inventivité (poussée à son paroxysme) de sa mise en page.
Si cela peut paraître « gratuit », Benoît Dahan pense toutes les étapes pour que ce procédé soit judicieux et s’intégre aux besoins du récit.

Son travail, sur un personnage tel que Sherlock Holmes, sonne comme une évidence. D’ailleurs, jamais une bande dessinée n’aura aussi bien porté son nom.
Car, littéralement, le lecteur entre dans la tête du détective anglais.
Des petits tiroirs où il range les divers indices qu’il récolte jusqu’à ce fil rouge que l’on suit du début jusqu’à la fin de l’enquête, chaque élément a son importance et procure une expérience de lecture unique.
De spectateur à acteur, le lecteur se retrouve au plus proche du détective, cherchant avec lui à comprendre les indices découverts.
On est certes tenu par le récit de Cyril Lieron mais l’impression de faire partie de l’aventure reste bien présente.

Le style de l’auteur rend chaque page foisonnante de détails et on s’émerveille devant la minutie de son trait.
Chez Benoît Dahan, la simplicité n’existe pas et autant vous dire que les amateurs de gaufrier risquent d’être déçus.
Pourtant, tout est d’une fluidité exemplaire et démontre que la créativité, quand elle est maitrisée, n’est absolument pas un frein à la lisibilité d’un récit.

Benoît Dahan est un auteur rare et unique.
Une sorte d’extraterrestre sorti de nulle part qui nous éblouit de son talent hors norme.

En résumé

Dans la tête de Sherlock Holmes est une pure réussite, entre classicisme et modernisme. 
Classique par le respect que porte Cyril Lieron à l'oeuvre et au personnage de Conan Doyle.
Moderne par le dessin et la mise en page complètement ébouriffante de Benoît Dahan.

De façon ingénieuse et inventive, les auteurs nous font rentrer dans l'esprit tortueux de Sherlock holmes.
Et à la fin de cette aventure, on a envie de crier : "Elémentaire, mon cher Watson !"

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