Joe Kelly présente Justice League of America (Joe Kelly / Collectif)

La Justice League of America fascine par la puissance de ses membres.
Formée autour de la trinité, Superman, Batman et Wonder Woman, l’équipe de super-héros a pour charge de protéger la planète de menaces toujours plus périlleuses.

Mais cette fois-ci, l’équipe fait face à des dangers qui pourraient bien les mener à leur perte.

Pour se remettre dans le bain des années 2000

Une ligne éditoriale en mouvement

Une équipe en pleine reconstruction

Tout au long de sa longue histoire, l’équipe a connu de nombreuses incarnations mais a perdu, au fil du temps,  son objectif principal : faire face à des menaces justifiant une telle coalition de super pouvoirs.

Une reprise en main s’opère en 1997, initiée par le duo Grant Morrison et Howard Porter puis par Mark Waid.

Joe Kelly arrive sur le titre en 2002, à une époque où les équipes de super héros opèrent un virage avec des récits de plus en plus sombres et cyniques.
Stormwatch puis The Authority (Warren Ellis et Bryan Hitch) auront mis un bon coup de pied dans la fourmilière permettant, par la suite, à Marvel de suivre le mouvement avec The Ultimates de Mark Millar et Bryan Hitch (encore lui). 

Joe Kelly : un auteur sous estimé ?

Une écriture choc

Le cycle de Joe Kelly ( plus méconnu que ceux de ses prédécesseurs) s’inscrit totalement dans cette tendance. 

Découvert sur les X-men, le scénariste s’est retrouvé en charge d’un titre en pleine transition, ce qui ne l’a pas empêché de bousculer le cadre d’une franchise balisée.  

Cependant, c’est à Deadpool qu’il devra une partie de sa reconnaissance. 
Bien que le créateur du personnage soit Rob Liefeld, Joe Kelly lui amené des bases (humour, décalage, cassure du 4eme mur…) qui régissent encore le plus timbré des « héros » de l’écurie Marvel

Un artiste brut de décoffrage : Doug Mahnke

Un style brut mais efficace

Si le run de Joe Kelly a vu plusieurs artistes à l’oeuvre (Duncan Rouleau, Tan End Heat , Jean Paul Leon ..), c’est avant tout Doug Manhke qui s’occupe des récits charnières de la série.
Le dessinateur est au début de sa carrière chez DC, après une prestation remarquée sur The Mask
Son style brutal et particulièrement tranchant va faire des étincelles et correspond exactement au ton voulu par le scénariste sur ce premier opus.

S’il est encore un peu hésitant sur le tome 1, devant faire face à des deadlines assez chargées, c’est à partir du tome 2 que l’auteur se lâche pleinement avec une mise en scène épique et explosive.
Il sera d’ailleurs quasiment seul sur le 3eme partie du run où il développe un dessin terriblement efficace et percutant.

On notera les designs atypiques de ses personnages, reconnaissables entre mille par la leur masse musculaire et la proéminence de leurs veines.
La rage qui ressort de ses pages exprime à elle seule la dureté des affrontements auxquels vont être confrontés les membres de la Justice League of America.

Un Arc en 3 parties

Partie 1 : La JLA est morte, vive la JLA

Joe Kelly présente Justice League of America tome 1

Urban Comics a compilé dans ce premier volume, les récits qui préparent puis aboutissent au cataclysmique Obsidienne.

Partant du principe que la JLA est une équipe surpuissante, il lui faut des ennemis à sa hauteur.
Même Superman doit craindre pour sa vie.
A une époque où on nous ressert un peu toujours les mêmes menaces ( du Joker, du Darkseid, du Luthor), il est agréable de découvrir de nouvelles créations, bien plus complexes que le simple vilain qui veut conquérir le monde.

Obsidienne a un côté radical qui pourraient surprendre, voire choquer certains lecteur.rices. 
Cependant Joe Kelly n’est pas Mark Millar.
Il n’est pas du genre à oublier ses personnages au profit de scènes d’action toujours plus dantesques.
Comprenant qu’une équipe est un ensemble d’individualités, il met en scène des divergences d’opinions importantes comme celles de Wonder Woman sur l’Aube parfaite. 
Que ce soient les craintes de Green Lantern pour ses coéquipiers ou le passé caché de Plastic Man (qui sort pour l’occasion de son rôle de bouffon), ces héros sont d’autant plus attachants qu’ils sont faillibles. 

Joe Kelly réussira même à développer une équipe remplaçante solide et d’autant plus cohérente qu’elle apporte quelques pistes à venir pour la suite du titre.

Partie 2 : L’ennemi intérieur

Joe Kelly présente Justice League of America tome 2

Le second arc fait face aux répercussions du 1er.
L’équipe a évolué.
Certains membres sont partis (Plastic-man, le Limier martien) pour laisser place à une toute nouvelle monture composée de nouvelles recrues : Major Désastre, Faith ..
On y retrouve le ton assez brut de décoffrage d’Obsidian mais l’ennemi que l’équipe va affronter va s’avérer beaucoup plus sensible et terrible.
On se demande encore une fois comment ils vont s’en sortir et, si Joe Kelly a tendance à user des mêmes artifices ( équipe en échec … ), les moyens pour faire face à cette menace s’avèrent assez malins.
Une nouvelle fois, le scénariste réussit à surprendre tout en usant à merveille du matériel et des personnages qu’il a entre ses mains.
Les nouvelles recrues sont parfaitement caractérisées et aucune d’entre elles n’est délaissée.
Un véritable équilibre s’établit dans l’équipe.

Une nouvelle réussite qui fait monter encore d’un cran la qualité de ce run.

Partie 3 : agir dans l’ombre

Joe Kelly présente Justice League of America tome 3

Et pourtant, le 3eme arc ira encore plus loin.

Après un premier épisode introductif centré sur Superman (absolument génial), la série prend un tournant encore plus radical.
Bye, bye la JLA. Bonjour l’Elite, organe annexe à la Justice League of America, qui agit dans l’ombre.

Joe Kelly, après avoir démonté les équipes de super héros extrêmes ( type the Authority), démontre malgré tout que le monde est complexe et qu’il a besoin d’une solution qui fleure avec la légalité ( sans pour autant franchir la ligne).
Pour le coup, la trinité et son équipe sont laissées de côté et Joe Kelly ainsi que Doug Manhke (qui dessine quasiment l’arc en entier) crée une nouvelle mouture dirigée par Vera Lynn Black (référence à peine voilée à Jenny Sparks).

Le ton flirte avec le récit d’espionnage et aborde des sujets aussi sensibles que le pouvoir autoritaire, l’alcoolisme, l’ adultère et le suicide.
C’est une des raisons qui explique que, contrairement à Urban Comics, nous conseillons cet album à partir de 12-15 ans plutôt qu’ au 9-12 ans.

Trahison, conspiration et fanatisme sont au programme de ce qui est le meilleur arc de la série et qui conclue magistralement le run de Joe Kelly sur la Justice League.

En résumé

Joe Kelly présente la Justice League of America fait partie des oeuvres que tout fan de super héros se doit de lire. 

Après avoir repris la composition que lui ont léguée ses prédécesseurs, Joe Kelly remanie les cartes et en profite pour dynamiter le genre, quitte à le rendre plus extrême. 
Le dessin de Doug Manhke, qui évoluera de façon remarquable tout au long de ces 3 arcs, convient à merveille à l'ambiance voulue par son scénariste. 

Un run majeur, publié pour la première fois en France, et qui mérite une plus grande reconnaissance. 

Pour lire nos chroniques sur The Authority et Ma part de l’ours

Bulles Carrées

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