Ils sont cinq copains. Unis comme les cinq doigts de la main. Mais la découverte d’une chaise qui traine sur le trottoir de la résidence où ils ont l’habitude de jouer va bouleverser leur amitié et rebrasser les cartes de leurs relations. Car cette chaise pourrait devenir un trône…
La chaise de la discorde
Dans La Chaise d’Elsa Devernois, Gala, Malo, Sékou, Lorenzo et la narratrice sont copains depuis toujours. Ils habitent tous la même résidence et se retrouvent régulièrement pour jouer. Aux cowboys et aux indiens par exemple.
Gala est la plus âgée de la bande et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Malo, son petit frère, pose tout le temps des questions sur tout. Lorenzo, lui, aime bien commander et Sékou le suit comme son ombre.
Quand on a 10 ans, une chaise abandonnée sur le trottoir et pas trop abimée, d’abord ça intrigue. Et ensuite ça devient un accessoire de jeu.
– Celui qui est sur la chaise, c’est le roi. Et il peut ordonner aux autres de faire ce qu’il veut. Comme t’es sur la chaise, Gala, c’est toi qui commences.
Gala a tout de suite eu une idée :
– Je suis la reine. Alors vous devez me faire une révérence et moi, je vous dis si elle me plait ou pas.
Mais on avait beau s’appliquer, la reine trouvait toujours un truc à redire.
Sékou n’était pas assez penché. Moi, mon dos, il restait trop droit. Et Malo, de toute façon, il faisait n’importe quoi. Je crois qu’il ne savait pas ce qu’était une révérence. Alors il copiait sur nous. Mais quand tu copies sur des gens qui font mal, eh bien, tu ne fais pas très bien non plus.
Le jeu imaginaire qui s’installe entre les enfants va vite devenir un jeu de pouvoir. Car lorsque Lorenzo s’assoit sur la chaise et y reste, il ne veut plus laisser sa place.
L’amitié à l’épreuve du pouvoir
En plaçant ce « trône » au milieu de ce petit groupe de gamins, Elsa Devernois a eu une fine idée. Car, au-delà du symbole de pouvoir qu’il incarne, il est surtout un accessoire qui exacerbe les tensions et les personnalités.
Une bande, c’est évidemment des copains qui jouent ensemble mais c’est aussi souvent des caractères qui s’affrontent pour savoir qui mènera le jeu. Et si, jusqu’à présent, les petits conflits se géraient tranquillement, la lutte pour le pouvoir de la chaise va les amplifier.
L’amitié des cinq copains résistera-t-elle à cette « guerre du trône » ?
Avec beaucoup de perspicacité, et aussi beaucoup d’humour, Elsa Devernois interroge les jeunes lecteurs sur leurs réactions face à ces comportements.
Avant, quand cette chaise n’existait pas, on s’en passait très bien. Maintenant, elle ne nous causait que des soucis. Elle ne nous servait pas à grand-chose, en vrai, mais elle nous était devenue indispensable. On peut très bien s’asseoir sur le muret, si on veut. En plus, je me disais que quand Lorenzo était tout seulet qu’il ne craignait pas qu’on s’y assoie, il n’en avait rien à faire de la chaise !
Jalousie, sentiment d’injustice, ignorance feinte, tout y est. Jusqu’à la résolution, résolument philosophique !
La Chaise est un court roman à l’écriture fluide et qui pose un regard malicieux mais sans complaisance sur les enfants et sur la dynamique de groupe qui se met en scène lors de leurs jeux. Et le plaisir de le lire à voix haute en décuple les effets !
Pourquoi lire La Chaise ?
Avec La Chaise, Elsa Devernois nous fait assister à l'un de ces (petits) moments décisifs qui renforcent ou font exploser un groupe d'amis. Observatrice fine des personnalités des enfants et des luttes de pouvoir qui se jouent dans et par le jeu, l'autrice nous raconte avec humour et intelligence les bouleversements que va engendrer l'apparition d'une simple chaise au bas d'un immeuble. Et rappelle au passage ce que c'est qu'être copains.
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