La petite voleuse du mercredi (Jean Tévélis)

Jean Tévélis a le chic pour créer des personnages originaux et des situations déroutantes. Si j’avais déjà beaucoup aimé Fight ! et 140 décibels, c’est la 4e de couverture qui m’a convaincue de lire La petite voleuse du mercredi, édité chez Thierry Magnier.  » Règle n°1 : Ne voler que le mercredi en hommage à Mercure, le dieu des voleurs« . Une petite voleuse de 11 ans qui subtilise des livres – choisis avec beaucoup de goût, soit dit en passant – je ne pouvais pas la manquer !

Le casse du siècle

Molly a 11 ans. Elle vit tranquillement entre ses deux mamans, Aline et Lisa, et sa Tatie Sophie, comédienne de théâtre. Mais sa vie est en passe de changer fortement puisqu’elle va bientôt avoir un petit frère.

En effet, ses deux mamans sont parties en Colombie pour adopter Danilo, un jeune garçon de 4 ans. Elle est donc sous la surveillance de sa tante, et c’est tant mieux puisqu’elle a passé avec elle un accord :

Le marché, c’est qu’en échange d’une totale liberté les mercredis, je lui donne la réplique les vendredis soir pour l’aider à apprendre ses textes. Mais là, je n’arrive pas à me mettre dans sa pièce de théâtre qui sent le renfermé.

Et puis, une tatie comédienne, ça aide. Surtout quand on a été prise sur le fait en train de voler un roman de Pierre Bottero à la bibliothèque de la ville…

Car oui, Molly est une voleuse. Mais une voleuse éclairée et compulsive. Une voleuse de livres. Fine stratège, elle a su mettre en place un rituel : voler un seul roman, dans une bibliothèque différente à chaque fois pour ne pas se faire repérer. Et uniquement le mercredi.

Sauf que ce jour-là, même si Mlle Edwards n’y a vu que du feu, Molly n’a pas réussi à échapper à la vigilance de M. Faye, qui travaille aux espaces verts de la ville. C’est d’ailleurs lui qui va proposer une punition à la hauteur du méfait : des travaux d’intérêts généraux aux serres municipales pendant les vacances scolaires.

Tatie s’obstine à appeler « stage » ces deux semaines en enfer. Pour moi, c’est plutôt de al réinsertion. Et je suis curieuse de rencontrer les graines de délinquants qui sont tombées dans les filets du géant de la médiathèque.

J’avoue, j’appréhende un peu, aussi. Voleuse du mercredi, c’est du menu fretin. J’ai peur de me retrouver avec des dealers, des braqueurs ou même des tueurs. Même si ça me semble assez peu probable de vouloir faire pousser des fleurs à quelqu’un qui assassine des gens.

A défaut d’assassins, ce sont 4 autres enfants et adolescents que Molly va rencontrer. Et avec lesquels elle va apprendre à « jouer collectif ».

Un Ocean’s eleven en culottes courtes

Si Molly a l’habitude d’opérer en individuel lorsqu’elle vole des livres, elle va vite découvrir que le groupe a des avantages certains.

Même si, au départ, la cohésion n’est pas facile. Dans la troupe, il y a :

Kevin, le grand blond à lunettes qui connait tout sur tout et qui fayote auprès de M. Faye

Célia, la cassante, et son frère Boris, le pot-de-colle

Et Lou, la mutique, qui parle avec les yeux.

Or, tout ce petit monde va apprendre à se connaitre et à s’unir pour apporter du réconfort à M. Faye, le Bon Gros géant, dont la santé est fragile. Ils vont lui permettre de réaliser son rêve : tenir la coupe de la ligue des champions dans ses mains. Sa réplique, en tout cas.

Et pour réaliser cet exploit, les ressources et les qualités de chacun seront essentielles.

La petite voleuse du mercredi raconte donc, avec beaucoup d’humour et de tendresse, ces deux semaines de « stage », du point de vue de Molly. Jean Tévélis, toujours fin dans les relations qu’il tisse entre des personnages que tout semble opposer, monte un « casse » à l’américaine avec cette troupe d’enfants hétéroclite. L’aventure est rocambolesque et se lit avec beaucoup de plaisir.

Il n’oublie pas également de donner de l’épaisseur à ces enfants dont les failles apparaissent petit à petit mais qui vont s’entraider et s’accepter tels qu’ils sont.

Parce que le projet de Molly, devenu celui de tout le groupe, va les amener à se dépasser et à unir leurs forces et leur imagination pour concrétiser cet ultime défi. Avec un petit coup de pouce de la Comédie Française…

Pourquoi lire La petit voleuse du mercredi ?

La Petite voleuse du mercredi est un roman réaliste, plein d'aventure et d'humour, mais aussi une déclaration d'amour aux livres, à l'amitié et à la famille, au sens large et moderne du terme. On s'amuse beaucoup à suivre les idées parfois farfelues mais imaginatives de Molly, ses émotions aussi et surtout son évolution grâce à la rencontre des 4 camarades avec lesquels elle va monter "le casse du siècle". 

Parce que, comme Robin des bois ou Arsène Lupin, les voleurs ont un coeur.

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