Minuit Passé (Gaëlle Geniller)

Guerlain et son fils Nisse emménagent dans la maison familiale, une immense demeure dont le père n’a aucun souvenir.
Les journées passant, une présence apparaît sous les yeux des occupants qui ne savent comment réagir.
Guerlain ne se doute pas encore que cet esprit est attaché à un passé oublié.

Histoire de fantôme

Le fantôme de la maison familiale

Minuit Passé de Gaëlle Geniller est un récit, au fond, assez classique mais parfaitement maitrisé et bien écrit.

Reprenant les codes du récit de fantômes et de la maison hantée, l’autrice nous invite dans la demeure familiale de Guerlain.
Si un tel sujet évoque des films comme Crimson Peak de Guillermo Del Toro ou Les autres d’Alejandro Amenabar, Minuit Passé se veut moins oppressant.
On retrouve cette approche typée XIXème siècle mais l’autrice fait le choix du mystère sans chercher à effrayer son public.
L’atmosphère se veut délicate presque sensible, s’éloignant inévitablement de l’horreur inhérente au genre pour se concentrer sur les rapports entre le père et son fils.
Pourtant, nombre d’éléments étranges peuplent le récit de Gaëlle Geniller.
Découpé en 3 parties, l’intrigue parsème ses interrogations : pourquoi ces corneilles suivent-elles continuellement Guerlain ? Que cherche ce fantôme ? Est-ce vraiment un fantôme ?
L’autrice prend le temps de poser les pièces de son puzzle avant de nous amener à des réponses pleines de surprises.

Comme souvent avec ce genre d’histoire, le fantôme n’est qu’une excuse pour aborder des thématiques plus profondes.
À l’image de Celui que tu aimes dans les ténèbres évoquant les violences conjugales, Minuit passé s’attarde sur le manque de communication et l’oubli.
Et pour cela, il se focalise sur Guerlain et les mystères qui entourent son passé.
Guerlain est un personnage énigmatique, insomniaque et amnésique.
Entre le symbolisme des fleurs et le mutisme d’un jeune garçon, l’autrice amène son personnage principal à découvrir l’origine de ses propres maux.

Une autrice talentueuse

Une inventivité vestimentaire incroyable

Gaëlle Geniller est une jeune autrice à qui l’on doit déjà deux très beaux albums : Les fleurs de grand frère, un conte écologique, et Le jardin, Paris qui mettait en scène la vie d’un jeune garçon au sein d’un cabaret.

Il est rare que j’aborde ce sujet mais la couverture de Minuit passé est sublime.
On oublie trop souvent le rôle primordial de cette étape qui, pourtant, peut être un réel moteur d’achat.
Et pour le coup, avec son côté Mike Mignola invoquant les univers de Neil Gaiman, je reste fasciné par l’ambiance, presque terrifiante, de cette illustration.
Au point qu’en ouvrant l’album, une légère déception pointe le bout de son nez.
Soyons clair, le dessin de Gaëlle Geniller est ravissant mais je m’attendais à des atmosphères graphiques plus marquées.
Or, son trait est au contraire clair, lumineux et coloré.
Au final, l’impression glaçante de sa couverture ne se retrouve que très rarement au sein de l’album.
Et pourtant, il y avait vraiment de quoi faire avec cette histoire de portrait aux yeux luisants et dont elle ne se sert au final que trop peu…
L’esthétique est presque trop propre pour une telle histoire.

Du moins, pour ce que j’attends personnellement de ce genre de récit.
Car, une fois cette déception digérée, il faut quand même admettre que Minuit Passé est un album magnifique !
Son esthétisme rappelle d’ailleurs celui de Mayalen Goust sur D’or et d’oreillers.
On y retrouve cette inventivité dans la mise en page, alliée à un aspect art déco réjouissant.
On sent qu’elle s’amuse, notamment sur les vêtements de Guerlain, révélant une véritable âme de styliste.
L’ensemble nous en met plein les yeux et on ressort assez émerveillé de cet album.

Emerveillé mais pas effrayé !

En résumé

Minuit passé de Gaëlle Geniller est un récit de fantômes jouant la carte du mystère plus que celle de l'effroi.  

Derrière cette approche graphique colorée et lumineuse, l'autrice se sert de l'imagerie de la maison hantée pour aborder les blocages d'un passé oublié.
Si l'ambiance se veut assez douce, presque poétique, on est surtout emporté par les énigmes multiples du récit.

Entre la luminosité du dessin et un scénario classique mais maitrisé, Gaëlle Geniller propose une vision du fantôme, correspondant davantage à un public young adult.

Pour lire nos chroniques sur La vie hantée d’Anya et Le fantôme de Canterville

Bulles Carrées

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