Alors que Batman enquête sur un meurtre étrange, il découvre un message aux objectifs clairs : « Bruce Wayne mourra demain. ».
Ainsi, il remonte la piste d’une confrérie secrète, légende urbaine de Gotham City, la cour des hiboux.
Cette société, par le biais de ses ergots, veut prendre le contrôle de la ville.
Mais pour cela, elle doit se débarrasser de son protecteur : Batman.
Un point d’entrée idéal
Avant l’arrivée de Greg Capullo sur le titre, Scott Snyder avait déjà en charge la série.
C’est sur cette première époque qu’il écrit notamment Sombre Reflet, un récit consacré au fils de James Gordon que l’on peut retrouver sur le tome 0 de Scott Snyder présente Batman.
Cette phase, particulièrement éprouvante pour le commissaire, démontre l’appétence du scénariste à pousser ses personnages toujours plus loin dans leurs retranchements.
Cependant, profitant de l’event Flashpoint, Dc Comics relance l’ensemble de son catalogue, sous le label pompeux de « Renaissance » dont l’objectif est la création de nouvelles portes d’entrées, sans la lourdeur de la continuité.
Si Scott Snyder reste sur le titre, l’arrivée de Greg Capullo crée une véritable attente.
Des attentes largement exaucées avec ce premier arc intitulé : La cour des hiboux.
Par le biais d’une introduction généreuse, il y présente le héros, sa famille, ses ennemis et ses collaborateurs.
Quant à son intrigue, il y insuffle un vent de nouveauté ave c l’apparition d’une nouvelle menace dont le symbole est une évocation à lui tout seul.
Ce n’est pas pour rien qu’une génération lecteur.rices découvrent le monde des comics par cet arc.
Accessible, généreux, passionnant avec un brin d’ambition et une légère volonté de changement, tous les ingrédients étaient posés.
Si dans son ensemble, le run de Scott Snyder s’avèra décevant, La cour des hiboux reste un évènement majeur de l’histoire de Batman.
Ps : tous les images de l’article proviennent de la version NB de l’intégral Urban Comics : La cour des hiboux
Enquête et action à tout va !

Batman : la cour des hiboux de Scott Snyder et Greg Capullo offre un accès simple et direct à la mythologie batmanienne.
L’arc se divise en deux parties.
La première, intitulée La cour des hiboux, commence comme une simple enquête et se conclue en un combat psychologique intense.
La seconde, La nuit des hiboux, est une immense confrontation entre les ergots de la cour et Batfamily.
D’ailleurs, tous leurs titres seront impactés par cette bataille, avec des retentissements plus ou moins importants.
Dans l’ensemble, rien de vitale pour la compréhension du titre.
J’ai une réelle préférence pour la première partie.
En effet, Scott Snyder n’est pas encore tombé dans ses digressions.
Au contraire, on retrouve, non sans un certain plaisir, l’aspect enquêteur et civil du personnage.
Enquêteur car La cour des hiboux est un véritable jeu de piste.
Il cherche le moindre indice l’amenant au potentiel coupable.
Même si ici, le coupable est une vaste organisation dont l’histoire se lie avec celle de Gotham et de ses grandes familles dont les Wayne font parties.
L’iconographie autour du hibou n’est d’ailleurs pas anodine. L’auteur utilise autant sa symbolique « proie / prédateur » que certains clins d’oeils, faisant office d’indices capitaux.
Civil car, une fois n’est pas coutume, Bruce Wayne y trouve une véritable place.
En effet, son rôle ne s’arrête pas à son costume mais continue même sous son identité civile.
De même, sa relation avec les autres membres de la Batfamily est assez bien retranscrite.
Et notamment avec Nightwing où les discussions, teintées de sarcasme, cachent certaines tensions.
La cour des hiboux se montre bien plus pernicieuse, amenant le doute au sein même de la famille.
Cette tension ne cessera d’enfler, pour mieux exploser sur une deuxième partie laissant la place à l’action et aux derniers règlements de compte.
Celle-ci enchaîne les moments de bravoures jusqu’à une révélation finale inattendue malgré quelques indices évidents.
Cependant, on regrette que Scott Snyder n’est pas poussé l’audace jusqu’au bout.
Si le doute est instillé, rien ne semble corroborer ou non cette version, qui au fil du temps, tombera dans l’oubli.
C’est d’ailleurs le gros défaut de ce run.
L’arc suivant, Un deuil en famille, reste sympathique mais la suite repose sur une volonté de reconstruction un peu trop radicale.
Année zéro a de nombreux de fan mais je ne lui accorde guère d’intérêt, lui préférant largement, Batman: année un de Frank Miller et David Mazzucchelli.
Et je ne ne mentionnerais même pas Batman : metal ou death metal que peu de monde apprécie.
Malgré cela, La cour des hiboux a su garder sa vigueur d’antan.
Surtout si on le prend pour ce qu’il est, un récit auto contenu passionnant, parfois brillant, proposant une enquête haletante, une partie psychologique poignante et de l’action à foison.
Un héros en détresse

Batman : la cour des hiboux marque les esprits en nous décrivant la perdition d’un héros.
En effet, Batman fait face à un ennemi qui, pendant un court laps de temps, se retrouve au dessus sur lui.
D’ailleurs, on retrouve l’ambiance du Batman Nocturne de Ram V qui reprend autant cette idée de société secrète que celle du héros perdant pied face à son adversaire.
SI Ram V pousse l’expérience un peu plus loin, Scott Snyder y consacre deux chapitres fascinants.
Batman s’égare dans les limbes d’un piège tendu par La cour des hiboux.
Et si le corps prends des coups, c’est surtout le mental du héros qui se fissure.
Affamé et assoiffé, il perd pied dans un enchevêtrement labyrinthique sans fin.
Batman a toujours joué avec la peur de ses adversaires. Le voir céder lui-même à cette peur a quelque chose de terriblement percutant.
Ce n’est pas la première (ni la dernière) fois que le Dark Knight chute.
Mais la proposition de Scott Snyder est parfaitement exécutée, au risque d’être déçu de le voir reprendre pied trop rapidement.
C’est d’ailleurs le seul écueil de cet arc.
Si la première partie nous plonge dans une manipulation parfaitement orchestrée menant à la déstabilisation de Batman, on regrette que la seconde prenne le parti d’une grande scène d’action.
Aussi dantesque et iconique soit-elle, elle reste le prémisse de la méthode Snyder, prenant la fâcheuse manie de ne pas forcément vouloir répondre aux interrogations que ses récits provoquent.
Un dessinateur hors pair aux manettes

Cela peut paraitre anodin mais l’arrivée de Greg Capullo sur Batman a été un véritable coup de tonnerre.
Le dessinateur venait de passer une dizaine d’année sur Spawn et n’avait, jusque là, jamais travaillé chez Dc comics.
Pour ma part, j’ai l’ai découvert chez Marvel, sur le titre X-Force.
Si son style correspondait aux codes des années 90, j’en garde le souvenir d’un trait punchy, aux formes arrondis et aux multiples détails.
C’est le genre de dessinateur qui a le sens de l’iconique, sachant faire briller ses personnages par des choix narratifs pertinents.
Paradoxalement, son dessin était assez souple et la rondeur de ses visages leur donnait un aspect cartoony loin d’être désagréable.
Mais son arrivée sur Spawn marque une véritable évolution dans son approche esthétique.
Avec Todd Mc Farlane à l’encrage, son travail prend une autre dimension.
Leurs deux styles fusionnent, lui apportant une richesse graphique qu’il a su fructifier pendant ses dix années de bons de loyaux services..
Sur Batman , il conserve cette richesse tout en assouplissant son trait.
Il limite ses effets graphiques et laisse le noir prendre le dessus comme sur cette scène de flash back tranchée.
Cependant, il ne faudrait pas négliger les apports de Jonathan Glapion.
Paradoxalement, si les crayonnés de Greg Capullo sont extrêmement détaillés, ils restent sensibles aux différents encrages.
Celui de Todd Mc Farlane a transformé son trait alors que celui de Dany Miki avait tendance à étouffer son style.
Avec Jonathan Glapion, il trouve un collaborateur hors pair qui respecte son trait tout en apportant une minutie et une finesse à ses dessins.
Sur les back-up, on retrouve Rafael Albuquerque, collaborateur de longue date de Scott Snyder sur American Vampire.
Son style plus brut que celui de Greg Capullo reste néanmoins dans une fourchette qualitative assez élevée.
On notera d’ailleurs ses chapitres flashback réhaussés par un lavis de gris du plus bel effet.
En résumé
Batman : la cour des hiboux de Scott Snyder et Greg Capullo est un point d'entrée parfait pour tous nouveaux lecteur.rices.
Profitant de cette nouvelle relance, Scott Snyder plonge le justicier dans les méandres de Gotham City pour y combattre une société tentaculaire.
Malmené, on y découvre un héros au bord du précipice dans un chapitre qui, encore aujourd'hui, frappe les esprits.
Enquête policière, récit psychologique et pur actionner, le scénariste enchaîne les moments de bravoure, aidé en cela par un Greg Capullo au sommet de sa forme.
Après dix années sur Spawn, le dessinateur s'empare avec brio de l'univers du Dark Knight.
Il faut dire qu'avec Jonathan Glapion à l'encrage, il forme un duo artistique en totale osmose.
Un arc majeur, simple d'accès et de toute beauté.
Même ceux qui n'aiment pas le travail de Scott Snyder, aiment la cour des hiboux !


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