Swamp Thing Infinite (RamV / Mike Perkins)

L’heure du changement a sonné. 
Et à chaque bouleversement, un nouvel avatar de la sève fait son apparition. 
Alors que ce rôle était jusque là dévolu à Alec Holland, ce dernier laisse sa place à Levi Kemi.
Après un voyage dans son village natal en Inde, il se retrouve avec les pouvoirs de Swamp Thing

Historique éditoriale de Swamp Thing

Swamp Thing est un personnage qui dénote dans la production de DC comics.
Créé par Lein Wein et Bernie Wrighston dans les années 70, le ton de leurs histoires s'approche plus du récit fantastique à tendance horrifique que de l'habituel récit de super héros.  
Le fait que sa série ait appartenu au label DC Vertigo pendant plusieurs années (tout comme John Constantine) a offert aux auteurs, comme Alan Moore, une réelle liberté pour expérimenter de nombreux concepts sur un personnage qui, au fil du temps, allait devenir de plus en plus complexe. 

Avec la fin du label et la réintroduction de la créature dans la continuité DC, beaucoup ont craint pour l'avenir du personnage. 
Et la question était légitime : comment introduire un tel monstre dans le cheptel de héros costumés ? 

L'avatar d'Alec Holland a multiplié ses apparitions au sein de l'univers DC et a même "intégré" un temps l'équipe dirigée par Tim Drake, tout en gardant ses particularités et une responsabilité lourde liée à cette fameuse sève (sorte d'entité représentant la nature dans son ensemble) mais depuis la série de Scott Snyder et Yannick Paquette, Swamp Thing n'avait plus de titre qui lui était consacré. 

Une révélation graphique

Les cadrages totalement déments de Swamp Thing

Mike Perkins a une longue expérience mais n’a jamais réellement marqué une série de son empreinte.
Il a longtemps servi de fill-iner (remplaçant aux dessinateurs attitrés de séries) comme ce fut le cas avec Steve Epting sur Captain America. 
Son trait réaliste restait efficace mais manquait de finesse et surtout d’inventivité. 
Rigides, ses personnages paraissaient figés dans une sorte de photo-réalisme froid et un peu clinique.

Pourtant sur Swamp Thing, il nous offre sa meilleure prestation.
Il le dessine en intégralité, hormis l’épisode 7 consacré à un crossover avec John Constantine où il laisse sa place au trop rare John McCrea
C’est aussi beau qu’effrayant.
L’atmosphère est pesante, quasi étouffante, et sa narration propose une mise en page inspirée et explosive.
D’ailleurs, le cadrage est la marque de fabrique de la série et rappelle par moment l’inventivité d’un JH Williams III .

Swamp Thing et son atmosphère horrifique

A noter que les couleurs de Mike Spencer (dont on pouvait déjà admirer le travail sur les dessins de Daniel Warren Johnson) réussissent à trouver le ton adéquat pour soutenir la prestation du dessinateur sans l’étouffer. 

Un scénario horrifique et mystique

Poison Ivy, la gardienne de l’ordre écologique chez DC Comics

Au scénario, Ram V fait figure de star montante dans le petit monde des comics. 

Urban Comics a eu l’intelligence de publier, en parallèle, sa mini-série indépendante Laila Starr (en collaboration avec Felipe Adrade) prouvant que cette réputation n’était pas usurpée.

Un premier tome massif et puissant

Des adversaires de taille pour Swamp Thing

Le premier volume est coupé en 2. 
Une première partie qui, dans le cadre de l’event Futur State, raconte le futur apocalyptique d’un avatar de la sève (dont on ne connait pas la véritable identité). 
Ces deux parties mettent en scène un Swamp Thing qui, accompagné de ses « enfants », recherche les derniers rescapés de l’humanité. 
Le récit, désenchanté, démontre le lien que la créature entretient avec les humains malgré leur incessant désir de destruction. 

La seconde est consacrée à la nouvelle mouture de Swamp Thing et son nouvel avatar : Levi Kemi
A première vue, Ram V reste sur les pas de la série d’origine.
Il en conserve ce ton horrifique, tout en intégrant des personnages plus classiques de l’univers Dc tel que Poison Ivy ou la Suicide Squad mais aussi, plus surprenant, Jack Hawksmoor ( transfuge de Wildstorm Comics).
L’approche est ici résolument plus dramatique. 
Levi ne sait rien de la sève, ni de comment il a hérité de cette malédiction.
Cherchant les racines de ses nouveaux pouvoirs, il va faire face à des ennemis effrayants qui vont lui barrer la route. 

Un second volume plus court mais explosif

Sur le second et dernier tome, Levi Kemi assume sa nouvelle responsabilité et se prépare à une guerre opposant la sève à l’avatar de l’industrialisation.
Le scénariste explore encore un peu plus le concept de la sève tout en restant attaché à la mythologie de la créature du marais.
La série se conclue sur une bonne note et nous fait regretter que l’aventure n’ait pas duré un peu plus longtemps.

Le sous-texte de Swamp Thing

Si les combats sont dantesques, ils servent souvent un propos résolument écologique. 

L’homme, comme dit plus haut, est le pire ennemi de la sève et chacune de ses actions amène la destruction. 
Mais Swamp Thing est lui même un homme.
Il renie la radicalité que peuvent porter en eux certains personnages comme Poison Ivy
Cette opposition entre certains défenseurs de la cause écologique est le point central du run de Ram V .
Malgré ses responsabilité face à la sève, il reste le protecteur de l’humanité.

La recherche de racines est traitée autant dans la forme que sur le fond. Levi se cherche comme nouvel avatar de la sève mais aussi comme membre d’une famille qu’il a « abandonnée ». 
En revenant en Inde, il tente de renouer avec ses origines (et son père) mais il devra faire face à un dilemme : choisir entre les traditions de sa famille ou sa carrière. 

En résumé

Swamp Thing est une série qui dénote dans le paysage mainstream. 
Jouant à fond la carte de l'horreur, aidé par cela par un Mike Perkins au sommet de sa forme, Ram V ne délaissera pas pour autant les réflexions habituelles de son héros que ce soit sur l'humanité, la nature ou l'identité profonde de ce qu'il est. 

Une maxi série qui offre une porte d'entrée aux nouveaux lecteurs qui, comme moi, apprendront à découvrir la destinée d'un des personnages les plus tourmentés de l'écurie DC comics. 

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Bulles Carrées

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