Mots Tordus et Bulles Carrées

The Bugle Call (Mozuku Sora / Higoro Toumori)

Luka est un jeune branchu appartenant à un groupe de mercenaires.
Ce nom vient d’une branche apparue au dessus de son crâne et qui lui confère un étonnant pouvoir.
Joueur de trompette, il perçoit les sons et peut les rendre visibles sous forme de traits lumineux.
Son talent est devenu essentiel pour donner des directives précises lors des combats mais le jeune garçon rêve d’échapper à ce quotidien morbide pour devenir musicien.
Cependant, Luka n’est pas un spécimen unique.
Et ses adversaires, dirigés par un dénommé Pape, comptent bien intégrer le jeune homme au sein de leur propre troupe.

Tactique musicale

The Bugle Call : un univers original et cohérent

Les mystérieux branchus

The Bugle Call de Mozuku Sora et Higoro Toumori souffle un vent de fraicheur et de renouveau dans le petit monde de la médiévale fantaisie.

Honnêtement, en tombant sur ce titre un peu par hasard, je ne pensais pas me régaler d’une proposition aussi originale.
Je n’en avais pas spécialement entendu parler et, pour moi, le duo de mangaka était constitué de deux illustres inconnus.
Car oui, c’est une chose assez rare pour le souligner, The Bugle Call n’est pas l’oeuvre d’un seul homme.

Ainsi, le scénariste, Mozuku Sora, propose, à première vue, une intrigue intéressante mais relativement classique.
Des clans se font la guerre, utilisant des mercenaires dont fait partie Luka, un jeune héros aux talents insoupçonnés.
À certains égards, on y retrouve la tonalité d’un Game of Throne, notamment dans la gestion des affrontements découlant d’une stratégie bien précise.
D’ailleurs, on ne peut pas dire que le mangaka édulcore les horreurs de la guerre.
Même le groupe de mercenaires auxquels appartient Luka n’est pas franchement tendre.
Meurtres, pillages et viols font partie des « habitudes » de combat que le père adoptif de Luka, Messire Gerhart, ne semble aucunement remettre en cause.
Bien au contraire, il aimerait bien que le jeune homme participe aux « festivités ».

Mais dans cette atmosphère de poussière et de sang, Luka n’est pas à son aise.
La branche qui lui pousse au-dessus du crâne est le symbole de cette différence.
Et c’est par ce biais que Mozuku Sora développe un univers bien plus personnel.
Les branchus, d’abord caractérisés par le héros, prennent de plus en plus d’espace dans une intrigue assumant une portée plus fantastique.
Ces êtres mystérieux, ayant pour point commun cette fameuse branche, possèdent des pouvoirs uniques et variés.
Cachés au reste de l’humanité, ils participent à l’effort de guerre et leurs actions deviennent le sujet de nombreuses rumeurs au sein de la communauté guerrière.
Perception des sons, surpuissance, rapidité et même l’immortalité, l’auteur n’en fait cependant pas des surhommes.
En effet, chaque personnage se montre, à sa façon, faillible malgré des caractéristiques hors du commun.
Pour lier ces personnages, le mangaka leur donne un objectif simple et clair.
Ainsi, Luka se retrouve intégré à un groupe de Branchus qu’il va devoir apprendre à connaître.
Et derrière, on s’interroge sur les agissements du Pape, personnage hautement charismatique dont l’identité, dévoilée à la fin du premier tome, pose de nombreuses questions.

Alors que les premières pages laissaient entrevoir un récit classique, Mozuku Sora a su poser habilement ses pions et nous plonger dans un univers aux multiples richesses.

Combattre pour sa liberté

Luka, le stratège musicien

En plus de l’originalité de son univers, le grande force de The Bugle Call vient de son personnage principal.
Luka n’a rien d’un guerrier.
Messire Gerhart lui a mis une trompette entre les mains, comprenant ainsi l’étendue de son pouvoir.
Avec le temps, le jeune homme est devenu un atout sans pour autant se lier au reste du groupe.
Car Luka n’a rien d’un guerrier. Il se rêve musicien et aimerait que son talent amène à autre chose que la mort.
Sa douceur, son humanité et sa gentillesse contraste avec le monde qui l’entoure.
Et de ce point de vue, il est très diffèrent des héros de fantaisie.
Il est pris dans un mouvement dont il essaie de se libérer.
On lui donne des responsabilités qu’il accepte pour pouvoir accéder à cette liberté tant recherchée.
Les actions de Luka peuvent paraître contradictoires.
Pourtant, elles reflètent toute la complexité du chemin qu’il a décidé de prendre.
Personnage de l’arrière, il ne participe pas directement au combat.
La série met l’accent sur la stratégie et son pouvoir lui impose d’imaginer des plans et de techniques de combat.
Ainsi, il dirige des hommes pour tuer d’autres hommes.
Sa quête ne peut se faire que dans le sang et le pacte qu’il conclut avec Le Pape en est l’aboutissement.

Malgré tout, son état d’esprit influe ses rapports aux autres.
Comme de nombreux héros, il attire les regards vers lui et, même si la tâche semble ardue avec certain(e)s, on pressent la création d’une unité de groupe dans les prochains tomes.

The Bugle Call : un dessin vif et puissant

Mise en scène originale des combats

Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas immédiatement tombé sous les charme du dessin d’Higoro Toumori.
Il fait dire que les couvertures de The Bugle Call sont loin d’être attrayantes.
C’est d’ailleurs le défaut de mangas aussi excellents que Fool Night ou Darwin’s incident.
C’est d’autant plus fâcheux qu’elles ne reflètent pas la qualité graphique des intérieurs.

En effet, si le trait d’Higoro Toumori reste classique sur la forme, il n’en est pas moins bourré de qualités.
Déjà, les designs sont extrêmement inventifs.
S’inspirant de la période médiévale pour le décor et les costumes, il se permet quelques originalités, notamment avec le design atypique du Pape ou celui des Tours.

La mise en page est solide et joue habilement avec les pouvoirs de Luka.
Ces effets de traits lumineux est fascinante et démontre son utilité lors des phases de combats.
D’ailleurs, le trait vif et puissant du manga apporte beaucoup de dynamisme aux affrontement mais aussi à la puissance de certains branchus.
Ainsi, les dessins d’Higoro Toumori prennent toute leur ampleur, les mouvements sont vifs et les actions brutales.

En résumé

The Bugle Call de Mozuku Sora et Higoro Toumori est une excellente surprise. 

Si le récit débute comme n'importe quelle saga de médieval fantaisie, avec son lot de stratégie et de campagnes militaires, le scénariste y insère en complément une grosse dose de fantastique.
S'amusant avec les pouvoirs des branchus, Mozuku Sora fait preuve d'une grande inventivité, tout en ménageant ses surprises.
Son binôme, Higoro Toumori, illustre l'ensemble avec maitrise et vivacité, donnant toute la puissance aux actions des Branchus.

Luka, sonneur de clairon, devient à son corps défendant, un élément essentiel du déroulement des combats.
Ainsi, en combattant pour le Pape, il cherche avant tout à retrouver une liberté qui lui permettrait d'accéder à son rêve : devenir musicien.

La quête de Luka est aussi intense qu'originale !

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Bulles Carrées

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