Billy est une série d’albums jeunesse, écrite et dessiné par Loïc Clément et Clément Lefèvre, racontant les aventures d’un jeune cowboy orphelin, accompagné de sa bande d’ami.es.
Mon nom à moi c’est … Billy
Billy est un jeune cowboy orphelin.
Sa mère est partie au ciel et son père l’a laissé pour courir après l’or.
Mais Billy n’est pas malheureux, bien au contraire.
Ses nouveaux tuteurs, Mrs et Mr Fox viennent de l’inscrire à l’école où il retrouve sa petite bande d’amis avec lesquels il joue à chaque récréation.
Seule ombre au tableau, Loveless, une brute épaisse qui fait sa loi auprès des plus petits.
Une icône du far west pour symboliser les soucis de l’enfance
Loïc Clément est un auteur jeunesse dont j’apprécie tout particulièrement le travail.
Avec talent, il porte un regard sur notre société par le prisme de l’enfance.
Sur une idée de son comparse Clément Lefèvre, il s’empare de l’imagerie iconique liée à Billy the Kid.
Par le biais de cette jeunesse imaginaire, le duo d’auteur décrit le quotidien des récréations d’une bande d’amis en plein Far West.
Mon nom à moi, c’est Billy est avant tout une histoire d’amitié.
Une amitié au départ exclusivement masculine, comme l’époque l’exige.
Pour contrebalancer cela, les auteurs mettent en valeur des personnages féminins modernes, reflet de futures évolutions des moeurs.
Jane, comme ils le développeront sur le second tome, en est le parfait exemple.
Tout comme leur maîtresse qui, comme le note Billy, montre qu’une femme est bien au dessus des clichés machistes de la plupart des garçons.
Si l’égalité fille / garçon est une thématique importante, elle n’est jamais abordée par la morale.
Les garçons vivent à une époque et une éducation qui leur a mis dans la tête ce type de comportement.
Si un changement doit s’opérer, il doit se faire par les actes et de ce point de vue, Jane compte bien faire bouger les mentalités.
Une brutalité de cour de récréation
Comme pour Chaque jour Dracula, le récit de Loic Clément est un moyen de mettre les enfants face à un sujet qui les touche tout particulièrement : la violence scolaire qui s’entremêle à une forme d’harcèlement scolaire.
Et ici, pas d’histoire de diffèrence ou d’incompréhension.
Nous sommes au Far West, une société où les plus forts écrasent les plus faibles,
Loveless est une de ses brutes idiotes, sans foi ni loi.
Le némésis parfait pour Billy qui n’accepte pas son autoritarisme.
Deux choix s’imposent aux héros : la justice ou la roublardise.
Est-ce qu’une brute peut comprendre la loi ?
Ou faut-il utiliser son intelligence, quitte à agir en dehors des règles, pour mettre fin à ses agissements ?
Billy et ses amis assument leurs décisions, préférant l’intelligence à la brutalité, même si celle-ci ne s’avère pas foncièrement morale (au regard de la justice).
Est-ce une façon pour les auteurs de nous faire comprendre que parfois, la justice n’est pas assez puissante face à certains individus ou est-ce juste une façon de coller à la mentalité du Far West ?
Chacun se fera son propre avis.
Le bon, la brute et l’héroïne
Alors que Billy accompagne son tuteur en ville pour les achats du quotidien, le jeune garçon tombe sous le charme d’un superbe étalon noir.
Malheureusement, la bête a un propriétaire qu’il ne connait que trop bien : le vilain Loveless.
Mais en dehors de la cour de récréation, la brute a le soutien de son père pour mettre à mal le pauvre Billy.
Heureusement pour le garçon, Jane est là pour lui porter secours.
L’image de la jeune fille moderne (et non, modèle)
Ce second tome est la suite directe du premier.
Billy quitte les bancs de l’école pour retrouver ceux, peu rassurants, de la ville.
Et si le jeune garçon est ravi d’accompagner son tuteur qui le laisse rapidement vadrouiller pour aller boire un coup, il ne lui faut pas longtemps pour s’attirer des ennuis.
Des ennuis qui prennent une forme bien connue : Loveless, accompagné cette fois-ci par un père aussi brutal que le fiston.
Mais c’est sans compter la présence de la courageuse Jane.
Comme montré lors du premier opus, Jane est la seule fille de la bande.
Mais n’allez pas l’imaginer en jupe et chemisier, c’est une desperado.
Jane, on ne la sauve pas . C’est elle qui porte secours à Billy et d’une façon plutôt maline.
Car il est hors de question d’utiliser les armes des brutes, quitte à user, une nouvelle fois, de roublardise et de mensonge.
La dure loi du Far West
Si Billy est un peu mis à l’écart au profit de Jane, il n’en est pas moins l’acteur originel.
C’est par son regard que l’on découvre, pour la première fois, une ville du Far West.
La foule, ses boutiques et son pub où le penchant pour l’alcool de Mr Fox se montre au grand jour.
Un pur décor de western, merveilleusement illustré par Clément Lefèvre.
On y découvre aussi la relation touchante qui se crée entre Billy et ce cheval.
L’auteur mentionne le terme de « coup de foudre » qui présume d’un lien fort entre l’homme et son cheval.
Une thématique que l’on retrouvait déjà dans Ouli le cheval couleur nuage.
On comprend rapidement que la famille Loveless n’a que peu d’égards pour le traitement de l’animal, celui-ci n’étant qu’un « outil » pour eux.
Le père considère ce cheval comme sa possession, rien de plus.
Tout comme l’égalité fille / garçon, la maltraitance animale est une thématique qui, par son actualité, montre la modernité de Jane et Billy face aux agissements rétrogrades des Loveless, symboles d’un passé révolu.
Format classique pour un dessin de haute volée
Loïc Clément avait déjà collaboré avec Clément Lefèvre sur Chaque jour Dracula.
Une bande dessinée jeunesse qui, à travers le portrait d’un jeune vampire, abordait des thématiques actuelles tel que la différence ou le harcèlement.
Ici, le format de la série peut surprendre par un certain classicisme.
En effet, chaque illustration de Clément Lefèvre s’étale sur des doubles pages, accompagnée en-dessous par des textes plus ou moins conséquents de Loïc Clément.
On sent l’expertise de l’illustrateur qui, à plusieurs occasions, utilise toutes les possibilités de ce format pour exprimer son art.
Même si, avec cet album, il se retrouve sur un univers plus terre à terre, on s’émerveille de la douceur de son trait.
Ses personnages se démarquent par la finesse et la rondeur de leur forme même si, sur le second volume, il semble moins à l’aise avec l’anatomie de l’équidé, animal ô combien difficile à dessiner.
Les couleurs sont chatoyantes et l’utilisation de dégradés aux crayons de couleur rendent merveilleusement hommage aux décors du Far West, qu’ils soient naturels ou en ville.
Une chouette prestation.
En résumé
Billy est l'occasion de découvrir le talent de Loïc Clément et de son acolyte Clément Lefèvre sous un format différent de celui de la bande dessinée. On retrouve les thématiques chères à l'auteur qui, derrière un récit simple, propose aux plus jeunes une réflexion sur des sujets aussi variés que l'égalité fille/garçon, la violence scolaire ou l'attachement d'un jeune garçon pour son cheval. Un point vue moderne sur un monde passé merveilleusement illustré par Clément Lefèvre.
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