Dark Glory (Thibault Vermot)

1955. La petite bande de Durango, découverte dans Colorado train, le premier roman de Thibault Vermot, a bien grandi. A la croisée des chemins, Michael s’apprête à faire un choix décisif : rejoindre Hollywood pour concrétiser son rêve de devenir scénariste. Celui qui racontait déjà des histoires pour effrayer ses copains 6 ans auparavant, pense tenir le scénario qui fera de lui une référence dans le milieu. Mais ses rêves de gloire vont percuter la réalité des studios et des cauchemars qu’il croyait avoir laissés derrière lui vont resurgir du passé. Bienvenue dans Dark Glory !

LIVRE 1

L’usine à rêves

Ceux qui nous lisent savent à quel point j’aime les récits de Thibault Vermot. Depuis Colorado train, en passant par Fraternidad, Yokaï ou Mangaka, j’attends chaque fois avec impatience de lire le dernier opus qui me fera frissonner, rire ou rêver.

C’est donc avec une joie non dissimulée que j’ai découvert Dark glory, avec sa couverture ambiance cinéma des années 50, truffée de références à l’univers hollywoodien mais aussi au roman Colorado train qui a fait connaitre l’auteur en 2017.

Les premières pages tournées, Thibault Vermot nous replonge dans le Durango de 1949. On se retrouve dans La Cabane avec Don, George, Suzy, Durham, Calvin et son grand- frère Michael.

T’as encore écrit des trucs, murmura Don d’un ari admiratif.

– Tout juste, opina Michael en faisant claquer le couteau contre le plateau de la table. C’est l’histoire d’un gars qui s’appelait Alferd.

Durham prit l’air supérieur comme lui seul savait faire.

– Alfred, il corrigea. A-L-F-R…

– Nan nan, le coupa Michael. Va savoir pourquoi ses aprents l’avaient appelé comme ça ou si l’état-civil s’était planté de touche au moment d’écrire le truc sur ses papiers. Alferd. Alferd Packer. Mais le gars s’est pas contenté de mélanger les lettres. C’était un putain de menteur. Et aussi un assassin.

Et c’est justement cette histoire abominable, ce thriller intenable, que Michael emporte sous son bras 6 ans plus tard quand il débarque à Hollywood. Sauf que l’usine à rêves s’avère moins facile à conquérir que prévu.

En effet, Michael va devoir entrer dans le monde du cinéma par la petite porte : celle des runners. Pourquoi « coureurs » ? Parce que ce sont ceux qu’on envoie chercher un accessoire à l’autre bout de la ville ou retrouver un scénariste pour lui faire passer un message, le tout dans un temps très limité. Sous peine d’être renvoyé.

Auprès de Teddy, son partenaire runner, et Coleen Gray, une actrice montante, il va découvrir l’envers du décor et tâcher de trouver sa place pour enfin pourvoir proposer son scenario. Ambiance survoltée, course contre la montre et rebondissements assurés ! On retrouve un peu l’ambiance de Babylon, le film de Damien Chazelle sorti en 2022, l’humour en plus. Mais, comme souvent chez Thibault Vermot, grand amateur de Stephen King, la noirceur n’est jamais bien loin.

Les ombres du passé

Parallèlement au récit des aventures de Michael à Hollywood, on fait un saut auprès de Calvin et George à Durango. Et ce qui s’y passe rappelle des heures bien sombres de la petite ville.

En effet, George, devenu flic, mène une enquête pas très officielle sur la disparition de Donna Lee, une jeune fille, et ses pas le mènent irrémédiablement vers le château d’eau. De son côté, Calvin, toujours pétrifié depuis son enlèvement et sa blessure, tente de contrôler sa peur en errant dans la bibliothèque municipale au son d’un Kyndertot inquiétant venu de la cave du bâtiment.

Il y a un piano ici ? répondit-il d’une voix rauque.

Ingrid se pencha légèrement pour répondre à Calvin, mais prit soin de regarder à gauche et à droite avant de prononcer :

– Toi aussi, tu l’entends ?

Un frisson courut le long de l’échine du garçon. L’oeil d’Ingrid Ormsa le fouillait, scintillant soudain d’inquiétude. Calvin leva le regard vers le plafond, mais la musique avait fini par s’évanouir. Le seul bruit qu’on entendait à présent était celui des pattes d’oiseaux sur les hautes verrières. Clac-clac, clac-clac.

Et c’est là que l’on retrouve cette écriture et cette atmosphère si terriblement efficaces de Thibault Vermot. Alors qu’on avait ouvert le roman sur une sorte de western inquiétant, on se trouvait ensuite emportés par une comédie virevoltante sur les dessous d’Hollywood. On plonge désormais dans les méandres d’un thriller qui pourrait devenir horrifique.

Les fils des différentes strates (1949-1955) et des différents lieux (Hollywood-Durango-Denver) vont, petit à petit, se nouer pour réunir tout ce petit monde à Durango, sur les pas d’un être inquiétant qui rappelle étrangement le monstre qui avait sévi plusieurs années auparavant.

Au-delà du plaisir de retrouver les membres de la bande des D-men (qui ont pris des chemins très différents), on découvre de nouveaux personnages attachants comme Teddy et Coleen. Bien loin des clichés de la starlette prétentieuse, la jeune actrice offre une personnalité complexe et sensible, en quête d’un rôle dans lequel elle pourrait faire vibrer les spectateurs. Le trio qu’elle va former avec Michael et Teddy est enthousiasmant. La fin du tome 1 en devient d’autant plus intrigante que leur avenir commun percutera celui du passé sombre de Michael.

On attend la suite avec impatience !

Pourquoi lire Dark glory ?

Dark glory est le premier tome d'une trilogie de Thibault Vermot qui s'annonce forte en émotions. En suivant Michael dans sa course au succès et à la reconnaissance en tant que scénariste à Hollywood, on vit à 100 à l'heure entre les célèbres studios, les actrices en devenir et les affres d'une usine cinématographique toujours en quête de gloire. Mais petit à petit s'insinue une noirceur qu'on pensait passée : celle d'un monstre qui a profondément marqué la famille et les amis de Michael quelques années auparavant. Quand l'ombre resurgit de nouveau à Durango, les rêves de succès pourraient vite tourner au cauchemar. A moins qu'affronter ses peurs ne signifie mêler la fiction à la réalité...

Pour lire nos chroniques sur Le Dahlia noir et La bobine d’Alfred

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