20 ans après Eragon, premier tome de sa série de fantaisie à succès, Christopher Paolini retrouve dragonnier et dragon, sorcière et soldats, Urgals et elfes, dans son monde imaginaire d’Alagaësia. Cette fois, le personnage central n’est pas Eragon, le héros de la première trilogie, mais son demi-frère Murtagh. Accompagné de son dragon Thorn, il erre dans le royaume en paria mais va devoir affronter son destin et son sombre passé.
Une sombre épopée
Murtagh n’est pas un héros solaire, c’est le moins que l’on puisse dire… De son père, Morzan, le premier parjure, il a hérité de Zar’roc (Souffrance), une épée funeste, et d’une longue cicatrice dans le dos. De Galbatorix, le roi sanguinaire, il garde également des souvenirs douloureux de manipulation mentale et de torture, envers lui et son dragon Thorn. Contre Nasuada aussi, la jeune cheffe des Vardens, devenue depuis reine d’Alagaësia, dont il est amoureux.
Au faîte de la tour, un homme vide,
Coquille de ténèbres, carcasse de néant,
Asservi par les mots, bras armé d’un tyran.
Nom entaché de honte, peur de la fatalité.
Brisées les entraves, altéré le chemin,
La coquille demeure, ombre vagabonde.
Alors qu’ils vivent en solitaires, Murtagh et son dragon ont vent de rumeurs qui proviennent des confins du royaume, à Nal Gorgoth. Une sorcière demi-elfe nommée Bachel ourdirait un complot avec ses Rêveurs, disséminés partout dans Alagaësia.
Le dragonnier et son dragon partent donc mener l’enquête afin de protéger le royaume et la nouvelle reine Nasuada contre ces ennemis qui semblent avoir étendu leur toile dans tous les recoins du territoire.
Mais pour trouver des réponses à leurs questions, ils vont devoir éviter de nombreux pièges et se lancer dans un voyage périlleux. D’abord à Ceunon, puis à Gil’ead, et enfin jusqu’à Nal Gorgoth, la Cité des Rêveurs, où se déroulera toute la 2e moitié du roman.
Noirceur et lumière, mort et renaissance
Replonger dans la saga Eragon, après de nombreuses années de pause pour moi (je n’ai pas lu L’Héritage, paru en 2012, s’est fait aisément. Christopher Paolini redonne petit à petit les clés pour rattacher les wagons (ou plutôt les dragons) et l’on retrouve des repères, tant géographiques qu’historiques.
C’est d’ailleurs tout l’intérêt des deux premières parties du roman. La découverte de la pierre étrange à Ceunon puis la quête de Silan, la jeune chat-garou capturée à Gil’ead, permettent de reconstruire cette ambiance si particulière et si familière, mélange de créatures étranges, de magie et lutte de pouvoir.
Mais si Eragon nous avait habitués à la lumière et à la bonté, Murtagh semble encore perdu quant à qui il est profondément et ce qu’il veut faire de son destin.
Sa relation avec son dragon est cependant forte et les différents ennemis affrontés renforceront ces liens extraordinaires.
Ce sont donc les parts d’ombre de Murtagh et Thorn que l’auteur nous montre. Leurs souffrances passées, qui ont de répercutions sur leur présent. Leur honte aussi d’avoir été faibles face au roi Galbatorix qui les a torturés et manipulés. L’héritage familial compliqué enfin de Murtagh, fils de Morzan, le premier parjure, mais aussi élève de Tornac, le maître d’armes qui lui a tout appris.
Le dragonnier et son dragon vont être poussés dans leurs retranchements tant physiques que psychologiques par Bachel, la sorcière Diseuse, dont les pouvoirs sont immenses.
Elle portait une longue robe noire à haut col et aux ourlets brodés d’or. Sur sa tête reposait une coiffe assortie, rigide et évasée, en dentelle parée de perles et de crânes de corbeaux polis. La toile noire qui tombait derrière cette coiffe encadrait ses traits anguleux, qui ressortaient tel un portrait peint avec la plus grande méticulosité. Mais, chose rare dans un portrait, un masque cachait la partie supérieure de son visage. Ce masque semblait se fondre dans la peau de la sorcière et lui conférer une allure étrangement draconique, comme si on avait plaqué sur son corps la forme d’un dragon, que ce fût par un sortilège ou une illusion.
C’est donc l’histoire d’une enquête sur les menaces potentielles du royaume mais aussi d’une quête personnelle qui va révéler à Murtagh ses forces et ses faiblesses et lui faire affronter ses propres démons.
Pourquoi lire Murtagh ?
Murtagh, 5e tome du cycle de l’Héritage, mis en scène brillamment par Christopher Paolini, est un retour aux sources sombres de la série Eragon. Le personnage principal, héros torturé, et son dragon Thorn, à la fois puissant et fragile, forment un duo plus complexe que ne l’était Eragon et Saphira. Plus attachants peut être aussi puisque l’on comprend leurs interrogations et leurs doutes, leurs peurs et leur soif de rédemption. Un combat fabuleux contre des forces obscures et mystérieuses, mais aussi contre soi-même.
Un retour en force qui annonce un nouveau cycle.


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