Slum Kids ( Petit Rapace )

Lombric, Engvy et Bambi (sur)vivent tant bien que mal dans les quartiers sans saisons.
Vivant de petits larcins tout en protégeant Lombric des brimades du clan adverse, le trio s’attaque à deux camés à qui ils volent le tribu d’un deal.
Par inadvertance, les jeunes enfants viennent de déclencher une vendetta qui risque de briser à jamais leur trio.

L’enfance face à la brutalité de la société

La violence du monde extérieur

La vie dans un bidonville

Slum Kids, littéralement les enfants du taudis, de Petit Rapace est, à priori dans la veine des séries coup de poing signées par le Label 619.

Après un court récit tiré de l’anthologie Lowreader, Petit Rapace revient avec une intrigue ultra violente où le cynisme de la réalité percute brutalement la rage du fantastique.
Rien de bien nouveau sous le soleil, vous me direz.
Depuis Mutafakaz de Run, on retrouve régulièrement ce genre d’ambiance qui, derrière un côté série B assumé, cache une critique parfois rude du monde dans lequel nous vivons.

Et c’est un peu l’idée du récit de Petit Rapace.
Dans cet environnement qui rappelle, à certains égards, la pauvreté et la misère sociale des Seinens type Gunm ou Soloist in a Cage, Engvy et Bambi tentent de protéger l’élément faible de leur groupe : Lombric.
Sa jeunesse et ses malformations physiques font de lui une proie facile pour les autres gamins du quartier.
Et cela a le don de mettre en rage Engvy qui n’hésite pas à défoncer des crânes à coups de batte.
Quitte à parfois taper trop fort.
D’un certaine façon, le lien entre Engvy et Lombric rappelle celui de Blanko et Noiro d’Amer Beton.
Même si pour le coup, c’est l’extrémisme d’Engvy qui risque de mettre en danger le garçon, au grand dam de Bambi.

Réprimer sa propre violence

Échapper à la mort

Bambi n’est pas la dernière à montrer les dents quand cela lui semble nécessaire.
Malgré tout, elle ne voue aucun culte à l’utilisation de la violence et n’hésite pas à la remettre en cause frontalement.

C’est d’ailleurs quelque chose d’intéressant..
Glauque, brutal et sans concession, Slum Kids ne fait franchement pas dans la dentelle.
Pourtant, contrairement à d’autres récits du Label, cette violence est remise en cause.
Encore mieux, Bambi explique que cet excès n’arrange en rien les problèmes.
Par le biais de son personnage féminin, Petit rapace pose cette simple question :  » quelles sont les limites ? »
Everdred et Engvy n’en ont aucune.
C’est cette confrontation de deux extrêmes qui va, au final, provoquer la vendetta à venir.

Tous les autres personnages ont des remords, refusent de dépasser la limite, expriment leurs désaccords.
Cette société ne doit pas devenir l’excuse à la pire des sauvageries.
Et, comme le montre très bien toute la partie fantastique de Slum Kids, les répercussions n’en seront que plus terrifiantes.

La conclusion reste ouverte et symbolise la « morale » voulue par son auteur :  » Peut-on expier ses fautes sans en payer le prix ? »

Un dessin énergique

Des scènes de combats puissantes et dynamiques

Graphiquement, pas de surprise, nous retrouvons bien les codes graphiques du Label 619.
Ultra stylisé, à la confluence de multiples styles ( manga, comics indépendant, animé voire graffiti ), le trait de Petit Rapace a tout pour plaire aux amateurs du genre.
Les personnages sont variés et leurs corps parfois cabossés dénotent d’une histoire complexe qui s’exprime essentiellement par le dessin.
La mise en page est dynamique et d’une lisibilité exemplaire.
On notera d’ailleurs le détail amusant des mains simplifiées, à certains moments, par des petites boules, rappelant certains effets de style.

L’élément horrifique est parfaitement mis en scène.
On comprend rapidement sa dangerosité et en quoi il est le symbole même des ravages de cette violence.
La partie fantastique est aussi intense que la partie « réaliste », ce qui rend leur rencontre aussi inattendue que saisissante.

En résumé

Slum Kids de Petit Rapace est un récit violent, sombre, reflétant tout le désespoir de ce monde. 
La survie de ce trio va percuter de plein fouet la dure loi du quartier qui répond à ce simple dogme : "la violence n'amène que la violence". 
En se mettant derrière les paroles de Bambi, l'auteur ose remettre en question la violence même de son récit et de son personnage, sans pour autant trouver de véritables solutions. 
Les répercussions sont si sévères qu'aucun personnage n'est épargné. 

Graphiquement, le trait de Petit Rapace est solide, dynamique et assez stylisé pour nous emporter dans un délire horrifique aussi étonnant qu'effrayant. 

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