Alors que Batman refuse à son fils, Damian, nouveau Robin en titre, de l’accompagner dans une de ses escapades nocturnes, ce dernier part retrouver Jon Kent.
Si Jon est bien le fils de Superman, il n’éprouve pas une franche camaraderie pour celui de Batman.
Reste que Damian est assez têtu pour l’embarquer dans une aventure aux multiples dangers.
Les Super Sons font leur premier pas.
La nouvelle génération en action
À l’instar du Nigthwing de Tom Taylor ou du Superman rebirth dont il est issu, Super Sons de Peter J. Tomasi et Jorge Jiménez est un comics de super héros fun et réjouissant.
En effet, Peter J. Tomasi s’amuse comme un fou, tout en proposant un récit accessible aux plus jeunes.
Et ce premier run remplit très largement cette fonction avec un duo en passe de devenir aussi iconique sur leurs prestigieux parents.
Si l’intrigue n’est pas des plus originales, l’action bat son plein, offrant ce qu’il faut en retournements de situation.
On a franchement pas le temps de s’ennuyer, même si la résolution peut paraitre un brin expéditive.
Mais ce n’est pas forcément ce qui intéresse le scénariste américain.
Comme il a pu le démontrer sur Green Lantern Corps, Peter J. Tomasi accorde une véritable importance à ses personnages, jouant avec leurs interactions.
Or, Damian et Jon sont des personnages assez « neufs » pour que l’auteur puisse encore poser sa marque.
Damian Wayne, fils légitime de Batman, a été élevé par sa mère Talya pour devenir le plus grands assassin.
Autant dire que le gamin n’a pas eu la plus tendre des enfances, contrairement à Jon dont la vie est bien plus apaisée.
Ses parents ont souhaité l’élever dans un cadre de « normalité », même si l’apparition de ces nouveaux pouvoirs l’oblige à une certaine rigueur morale si chère à son paternel.
Au final, la série nous présente deux enfants que tout oppose.
L’un solitaire, cynique et grincheux et l’autre lumineux, gentil et un peu naïf.
Alors, bien sûr, les deux enfants n’ont pas n’importe quel modèle mais il serait caricatural de les imaginer comme un sous Batman ou un sous Superman.
Ces enfants sont à l’image de leur époque et reflètent d’ailleurs une certaine modernité teintée d’un humour plutôt rafraichissant.
Les piques sont nombreuses mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, Jon sait parfaitement se défendre face à l’autoritarisme de son camarade.
En plus d’être terriblement attachant, le nouveau Superboy a de la répartie.
Ainsi, cette première aventure consolide une amitié qui s’annonce sous les meilleurs auspices.
La touche hispanique
Depuis plusieurs années, une vague de dessinateurs espagnols émerge sur la scène comics américaine (et franco-belge) démontrant une véritable expertise dans l’art narratif.
Jorge Jiménez est un de ces talents hispaniques qui a su se faire rapidement un nom chez Dc comics.
Malgré tout, si le dessinateur est maintenant lié à la destinée de Batman, il a dû faire ses preuves et enchaîner de nombreux fill in avant d’avoir sa propre série.
Super Sons est un de ses premiers runs majeurs et il démontre déjà des qualités graphiques assez exceptionnelles.
Avec un style aux lignes souples et arrondies, il se montre à l’aise pour mettre en scène nos deux super-héros.
Lorgnant vers le manga, leurs visages sont extrêmement expressifs, tout en gardant la douceur de leur jeune âge.
Ses designs font preuve de modernité.
À cet égard, le costume de Superboy est un savant mélange entre l’uniforme et le vêtement de tous les jours.
Ainsi, Jon s’avère plus en phase avec son temps que le look « ninja » de Robin.
D’un point de vue narratif, c’est explosif.
Les cases s’entrechoquent pour des scènes de combats dantesques et parfaitement chorégraphiées.
Jorge Jiménez a très bien compris l’esprit d’un bon comics de super héros et multiplie les pauses mythiques avec gourmandise.
Autant dire que c’est un régal pour les yeux, même s’il sera remplacé sur le dernier chapitre par Alisson Borges.
Son trait est assez proche de celui de Jorge Jimenez. On lui trouvera cependant une technicité moins accomplie.
Malheureusement, Jorge Jimenez ne restera par sur le titre, partant vers d’autres aventures plus « sérieuses ».
D’ailleurs, si sa prestation actuelle sur Batman est exemplaire, elle n’a plus vraiment le charme de ces années Super Sons.
En résumé
Super Sons de Peter J. Tomasi et Jorge Jiménez est un comics "sans prise de tête", d'une candeur réjouissante.
À travers ce simple moment de divertissement, Peter J. Tomasi met en scène les interactions d'une nouvelle génération que tout oppose.
Attachant , drôle et par moments grotesque, Robin et Superboy ont un côté "garnements" qui les rend foncièrement attachants.
Jorge Jiménez fait une prestation exceptionnelle.
Bien avant son arrivée sur Batman, le style du dessinateur espagnol était déjà maitrisé, inventif mais aussi coloré et pétillant.
L'ensemble donne un run dynamique, parfait point d'accès pour de jeunes lecteurs qui aimeraient découvrir le genre super héroïque.
À noter qu'Urban comics réédite la série sous le format Nomad avec, là aussi, un prix hautement attractif.
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