En pleine seconde guerre mondiale, Hellboy a été invoqué par Raspoutine pour devenir une arme destructrice.
Heureusement, le jeune démon est récupéré puis élevé par les troupes amèricaines.
Adopté par Trevor Bruttenholm, il traque les menaces paranormales, tout d’abord pour le compte du B.P.R.D. puis en solo.

Hellboy in love ( Tome 19 )

Alors qu’Hellboy est mandaté par le British Museum pour aider Anastasia Bransfield, il ne pensait pas tomber amoureux de l’impétueuse archéologue.
Ensemble, et contre l’avis de son père adoptif, ils parcourent les quatre coins du monde pour mettre à jour des vestiges du Suaren Artea.

Premier coup de foudre

Si la destinée du démon s’est conclue dans le bien nommé Hellboy in hell, la série principale continue d’explorer les trous d’une chronologie de façon plus ou moins inspirée.
On ne peut pas nier que la franchise peine à trouver un second souffle après cet arc final.

Hellboy in love, dont la référence n’est sans doute pas anecdotique, propose un contexte inédit pour le personnage.
En effet, Mike Mignola a peu abordé la vie affective de son personnage.
On lui connaît une amoureuse officielle en la présence d’Alice mais ça s’arrête là ( même si certains, dont Guillermo Del Toro, lui ont imaginé une romance avec Liz).
Accompagné de Christopher Golden au scénario, le scénariste nous amène en 1979 dans un road trip fantastique et romantique.
Anastasia, sorte d’Indiana Jones au féminin, embarque rapidement le démon qui ne se fait pas désirer bien longtemps.
Sur une période de 3 mois, une relation se tisse petit à petit entre le duo pour finir en un coup de coeur réciproque.
Pourtant, rien ne les y prédestinait.
Anastasia, qui n’a pas la langue dans sa poche, est aussi intrépide que bornée. Il est d’ailleurs amusant de voir Hellboy aussi mal mené, voir décontenancé face à la jeune femme.
Le héros va jusqu’à se retrouver dans un rôle d’assistant, laissant la part belle à son amoureuse.

Cependant, ne vous imaginez pas lire une comédie romantique.
Le traitement de leur sentiment reste léger malgré la sincérité qui se dégage de leurs échanges.
Du premier main dans la main à la première nuit ensemble, les tourtereaux prennent leur temps, profitant ainsi de ces moments rares.
Car, on est loin du récit à l’eau de rose et l’action reste prédominante.

Il n’empêche que cette première histoire d’amour semble être un fait marquant dans l’histoire d’Hellboy.
D’ailleurs, c’est la première fois qu’il met de côté le B.P.R.D. en désobéissant à son père adoptif.

Une nouvelle confrontation

Ce qui manque aux récentes aventures d’Hellboy, c’est une menace sur le long terme.
Il faut dire que la saga principale a élevé le curseur, tout en développant une multitude d’aventures annexes passionnantes.

Mike Mignola et Christopher Golden essaient de retrouver cette structure en divisant le récit en 3 parties.
Si la première débute de façon anecdotique avec des gobelins chapardeurs, ils ne sont que le point de départ d’un intrigue plus vaste.
Ainsi, le mythe de Suaren Artea prend petit à petit forme.
Les créatures mises en scènes sont effrayantes et l’ombre d’une menace plus importante plane.
En effet, elle fait une entrée fracassante seulement sur la dernière partie, même si les plus avertis auront remarqué sa présence précédemment.

Au final, Hellboy in love renoue avec l’esprit de la franchise.
À travers ces 3 histoires, les auteurs explorent différentes mythologies aux ambiances ténébreuses et angoissantes, tout en liant l’ensemble avec un léger fil rouge.
On pourrait presque voir ce volume comme une sorte de prologue. 
La dernière partie n’apporte aucune conclusion, ni à la romance d’Hellboy et Anastasia, ni à leur quête.
Faut-il y voir les prémisses d’une trame à suivre sur le long terme ?
Pour ma part, je l’espère grandement !

En résumé

Hellboy in love de Mike Mignola, Christopher Golden et Matt Smith nous dévoilent la première histoire d'amour du diable rouge pour une archéologue. 

Le duo de scénaristes explore un des grands mystères d'Hellboy : sa vie affective. 
À travers 3 aventures trépidantes, liées par un  fil rouge, les auteurs créent une nouvelle menace, tout en mettant en scène un couple iconoclaste. 

Matt Smith se sent de plus en plus à l'aise sur le titre et fournit ici un de ses meilleurs travaux. 
Le trait s'affirme, se densifie, tout en respectant certains marqueurs du style Mignola. 

Un très bon volume qui, on l'espère, n'est que le début d'une plus grande aventure.

La bande à Mike Mignola

Mike Mignola présidera seule la destinée d’Hellboy sur les 8 premiers volumes.
Puis, tout en restant présent sur le scénario et les designs, il laissera le pôle graphique à des artistes aussi prestigieux que Richard Corben ou Duncan Fredego.
Une nouvelle génération reprend le flambeau tout en gardant, comme trait commun, des marqueurs graphiques forts.

Les héritiers

Matt Smith, sur ses premières prestations au sein du titre, est très marqué par l’influence de Mike Mignola.
Le papa d’Hellboy a longtemps gardé un fort contrôle sur la partie graphique, en travaillant notamment sur les différents designs de la sèrie.
Il avait beau de ne plus être dessinateur depuis longtemps, son aura était omniprésence.
Il fallait être un auteur avec une forte empreinte graphique, comme Richard Corben ou Guy Davis pour y faire face.
Et ce n’était pas le cas de Matt Smith.

Pourtant sur les derniers tomes, il montre l’étendue de son talent.
Mike Mignola ayant lâché du lest, on sent l’artiste plus libre d’explorer dans sa propre créativité.
Si graphiquement, on retrouve encore certains marqueurs du style Mignola, Matt Smith les digère et les incorpore à sa vision.
Son dessin fourmille de détails et laisse de côté les effets de masse, aidé par la finesse de son encrage.
Sa mise en page reste classique, avec peu de débordant, ce qui n’enlève rien à la puissance de certaines scènes.
On notera notamment celle de la reine des colibris dans Hellboy in love, dégageant une véritable angoisse.

Pour lire nos chroniques sur Yéti et Les derniers géants