De façon inexpliquée, le cloud a mis fin à l’expansion d’une humanité avide de progrès.
Cachant en son sein des créatures monstrueuses, le monde a dû apprendre à se reconstruire.
L’ère des super-héros a pris fin brutalement, laissant la place à un monde plus sauvage.
Prétorius explore cette nouvelle sphère à la recherche d’un élu qui pourrait redonner espoir à l’espèce humaine.
Viking post-apocalyptique
Présent, passé et … futur
Clovd (que pendant longtemps j’ai assimilé à Covid, est ce un hasard ?) est le nouveau spin-off de l’univers Freak’s squeele créé en 2008 par Florent Maudoux.
Et mine de rien, le monde créé de façon quasi exclusive par l’auteur s’est étendu avec un succès certain.
Freak’s squeele n’était au final que le point de départ d’une mythologie qui n’a cessé de s’enrichir au fil des récits, développant une myriade de personnages tous plus charismatiques les uns que les autres.
Ombre, Lin Xyong Mao et surtout Prétorius, élément connexe au deux ( et maintenant trois) grands récits de saga en sont des exemples parmi d’autres.
Clovd comme Freak’s Squeele ou Funérailles est pensé comme pouvant être lu indépendamment des autres sagas.
Si Funérailles explore le passé (lointain) de cet univers, Clovd s’attaque à son futur et, pour le moment, les liens entre les univers se résume à la présence de Prétorius comme personnage central.
Après avoir rendu hommage aux super héros et au manga, Florent Maudoux puise ses sources dans les récits post-apocalyptiques.
Le décorum des premières pages rappelle les grands noms du genre de Je suis une légende à Walkind Dead avec un petit côté La route dans la potentielle collaboration entre Prétorius et le jeune garçon.
La couverture intérieure apporte de nombreux indices sur l’évolution future du titre.
Et on peut déjà l’imaginer comme une combinaison de Freak’s Squeele et Funérailles.
De là à y voir la conclusion, sous forme de trilogie, de la saga de Florent Maudoux, on en est encore loin.
Mais le choix des personnages et la mise en scène attisent forcement la curiosité.
redécouvrir la civilisation par les livres
Le monde de Clovd est très étrange.
Futur proche, c’est un mélange parfait entre les vestiges d’une époque révolue et une nouvelle société s’inspirant d’un passé prestigieux.
Les premières pages cochent toutes les cases du récit post-apocalyptique classique.
Mais l’auteur change radicalement de direction avec l’apparition de deux nouveaux personnages : Isatis et Xantias .
Ainsi, ces deux femmes, aux caractères et aux physiques bien tranchés, deviennent les compagnons de voyage de Pretorius qui découvre, à leurs côtés, une nouvelle forme de société.
Florent Maudoux crée ainsi une civilisation, inspirée des vikings, imprégnée de traditions et qui, malgré les concurrences entre clans, s’apporte du soutien quand le besoin s’en fait sentir.
Xantias et surtout Isatis sont charismatiques.
Femmes à poigne, elles ne sont pas les dernières à foncer dans le tas.
Isatis a tout d’une guerriere autant par la forme que par l’esprit mais, comme son amie Xantias, elle n’est pas « que » combattante.
Paradoxalement, la mission de ces deux vikings des temps modernes n’est pas la guerre mais plutôt la connaissance.
Accompagnées de Pretorius, elles explorent les recoins perdus du cloud à la recherche des grands ouvrages de l’ancienne civilisation.
Pour Isatis, tous les livres sont essentiels, qu’ils portent sur la théorie quantique ou sur la dernière campagne de Warhammer.
Le propos est d’ailleurs intéressant.
La société s’est laissée happer par la technologie et il ne reste plus que les livres pour témoigner de cette époque.
Mais des limites sont déjà posées. Doit-on tous les conserver ? Le livre, objet de surconsommation, n’a-t-il pas participé à la disparition de l’ancien monde ?
Doit-on chercher à reproduire l’ancienne civilisation ou plutôt rendre compte de la nouvelle ?
Florent Maudoux redonne de l’importance à l’écrit mais aussi aux oeuvres de témoignages.
S’il doit sa survie aux guerrier.es , le nouveau monde a besoin de scriptes pour rendre compte de son existence.
L’action est forcément au rendez-vous mais l’humour est aussi bien présent.
Les personnages sont moins austères que ceux de Funérailles et on a plaisir à retrouver une ambiance, au final, plus rafraichissante.
un esthétisme absolu
Florent Maudoux a un talent fou et ses oeuvres transpirent de générosité.
De la première page de Freak’s Squeele à la dernière de Clovd, il m’épate par des prouesses artistiques tout bonnement magnifiques.
C’est un auteur qu’on imagine mal avoir mal dessiné un jour. Il possède un talent inné qui rend envieux n’importe quel artiste amateur.
Son trait est fin, précis et détaillé.
Ses personnages sont élégants, à l’image de ses femmes aux courbes aussi variées qu’envoutantes.
Dans le monde de Florent Maudoux, les physiques sont multiples et la beauté se trouve dans toutes les formes.
Ses scènes de nudité (féminines comme masculines) ne tombent jamais dans le voyeurisme mais dénotent d’une chose naturelle.
Les designs sont inventifs et sont le fruit de multiples influences.
Des influences parfaitement digérées qui lui permettent de jongler habilement entre innovation et hommage.
Sa narration est folle. Les scènes de combat, du simple entrainement à la bataille rangée, sont épiques à souhait.
Il n’avait jusque là qu’un seul défaut : sa colorisation.
De son propre aveu, il s’est longtemps estimé comme un piètre coloriste.
Mais, à partir de Funérailles, il se montre plus à l’aise avec la chose.
Même si son style foisonnant ne s’accorde pas toujours avec ces choix de couleurs.
Clovd propose d’ailleurs deux versions, sans doute pour satisfaire les fans de la première heure.
Alors que je pensais me retrancher sur la version noir et blanc, c’est la couleur qui m’a envouté, notamment dans sa retranscription des effets de brumes.
Les teintes sont magnifiques et créé une ambiance plus éthèrée que sur la version noir et blanc.
Une franche réussite.
En résumé
Clovd est le dernier spin off de l'univers de Florent Maudoux : Freak's Squeele.
Après avoir exploré son passé avec Funérailles, il s'attaque maintenant à son futur.
Et on ne peut pas dire que l'avenir soit réjouissant.
Sous ses faux airs de récit post-apocalyptique, l'auteur multiplie, comme il sait si bien le faire, les références, tout en développant un propos humaniste et pertinent sur l'a nécéssité des livres, comme témoins des époques passées.
Le dessin est fabuleux autant sur les scènes d'exploration que d'action.
La couleur retranscrit parfaitement l'ambiance brumeuse et crée une tonalité propre à cette série.
Pour lire nos chroniques sur Le veilleurs des brumes et Le signe de la lune