Icare vit paisiblement auprès de sa grand-mère sur l’île de l’Atlantide.
Du moins, tant qu’Alec, une brute épaisse, consent à le laisser tranquille.
Or, suite à une énième brimade, le jeune garçon se découvre des pouvoirs foudroyants.
Dans une cité qui manque cruellement d’énergie, son corps crée de l’élektricité.
Cependant, ce don attire l’attention de l’armée de Neptune qui compte s’emparer de ce nouveau détenteur de la foudre.
Un bric à brac de récits légendaires
Foudroyants est la nouvelle série jeunesse d’un duo ô combien alléchant, Mathieu Burniat et Kerascoët.
En tant qu’auteur complet, on connaît surtout le travail de Mathieu Burniat sur des bandes dessinées mêlant fiction et pédagogie (Sous Terre…)
Puis, avec Furieuse, il renoue avec des débuts de carrière plus ancrés dans le divertissement. (Vous n’avez jamais lu Shrimp ? Vous devriez !)
Certes, le scénario de Furieuse était sorti de l’esprit de Geoffroy Monde mais, d’une certaine manière, il reflétait des envies et des inspirations communes avec son dessinateur.
Et c’est ce que l’on retrouve pleinement dans Foudroyants !
Un monde entre deux époques

Si le premier volume de Foudroyants est introductif, c’est avant tout pour préparer les éléments essentiels d’une aventure à haut potentiel.
Ainsi, Mathieu Burniat nous présente un monde ancien et isolé : l’Atlantide.
Ce nom évoque fatalement la cité légendaire engloutie par les mers. Et effectivement, la mythologie ( Icare, Neptune, Atlantide .. ) se mélange aux origines d’une île ancrée dans le passé.
Vêtements, activités et hiérarchie, tout nous ramène aux cités grecques antiques et à leurs légendes oubliées.
Or, rapidement, la supercherie se dévoile par de multiples indices, insérés ici et là.
On devine les stigmates d’une société plus complexe qu’elle n’y paraît.
L’énergie a fait les belles heures de l’Atlantide mais celle-ci s’est petit à petit tarie pour ne laisser que des ruines derrière elle.
En quelques pages, Mathieu Burniat décrit une cité certes plongée dans le passé mais loin du délire post apocalyptique.
Pour les plus jeunes comme Icare qui n’ont jamais connu cette époque, ce passé fascine.
Mais le monde ne s’est pas écroulé avec la disparition de l’élektricité. Bien au contraire, entre l’école et les activités diverses, la vie continue.
Seule l’armée de Neptune nous rappelle que ce monde ne s’arrête pas à l’Atlantide.
Et l’île, qui n’est que la face émergée de l’iceberg, risque de n’être que le point de départ de ce voyage.
À certains égards, Mathieu Burniat reprend le chemin des grands récits du genre, tel que Le château dans le ciel d’Hayao Miyazaki.
L’ambiance rappelle aussi celle des animés des années 80, Des cités d’or à Nadia ou le secret de l’eau bleu, où de jeunes ados partent à la recherche d’un secret bien gardé.
Et ici, une partie des réponses se trouve dans les nouveaux pouvoirs d’Icare, détenteur de l’élektricité.
Des personnages attachants

Foudroyants, c’est un duo d’auteurs mais aussi de personnages.
Icare, malgré un nom évoquant une destinée peu enviable, n’a rien de particulier.
Jeune fermier, il a été élevé par sa grand-mère depuis la disparition de sa mère.
Gringalet, pas franchement courageux, il se laisse marcher sur les pieds par Alec, une brute épaisse un brin idiote.
Cependant, le jeune garçon est amoureux de Kalio, un sentiment qui va l’amener à quelques folies.
Kalio, sublime jeune fille, attire toutes les attentions mais seule la protection de sa jeune soeur occupe son esprit.
Contrairement à Icare, elle a ses deux parents mais ces derniers ne lui accordent guère d’attention, ce qui lui offre une certaine liberté d’action.
Intrépide et forte de caractère, elle n’hésite pas à s’opposer à Alec, allant jusqu’à prendre les devants pour se lancer dans l’aventure.
Mathieu Burniat reprend les archétypes classiques des récits jeunesse, tout en leur insufflant son petit brin de folie et de dérision.
Si un lien se crée, le scénariste surprend par une révélation finale assez inattendue, lançant nos jeunes ados vers un nouvel objectif.
Icare et Kalio ne sont pas les seuls personnages de Foudroyants.
Alec la brute, la grand-mère d’Icare ou Lyssa la soeur de Kalio sont autant de personnages essentiels à une intrigue, somme toute simple, mais particulièrement prenante.
L’expertise Kerascoët

Je suis un inconditionnel du travail de Kerascoët.
De l’illustration à l’album jeunesse en passant par la bd (jeunesse, adolescente ou adulte), je me régale de voir ce graphisme si typique se transformer et s’adapter au fil des projets.
Après l’adaptation du roman de Flore Vesco, De Cape et de mots, et leur collaboration avec Guillaume Bianco sur Nunuche, ce nouveau duo formé avec Mathieu Burniat sonne comme une évidence.
Comme souvent, le travail est soigné. Le trait est expressif, dynamique et la mise en page, en mode gaufrier, apporte une véritable fluidité à ces enchainements, sans pour autant négliger ce petit grain de folie.
Kerascoët s’empare de l’univers et des personnages du scénariste avec simplicité et fantaisie.
En effet, Icare reflète le style de Mathieu Burniat, notamment sur ses phases de rage électrisantes. On est d’ailleurs ravi de retrouver cette rupture dans une scène d’action explosive.
À l’opposé, Kalio symbolise la douceur mais aussi la malice qu’on recherche dans les personnages féminins de Kerascoët.
En terme de conception graphique, l’Atlantide est représentatif d’une vision simple mais claire, ne cherchant pas à tomber dans l’ultra technologie.
Les armures des soldats de Neptune en sont le parfait exemple. Leur look peut paraître désuet mais il marque indéniablement les esprits.
Néanmoins, Kerascoët s’amuse avec des éléments annexes comme cette chèvre complètement folle, sans doute le meilleur running gag de l’album.
Au final, on sent dans ces planches un réel amusement devenant nécessairement communicatif.
En résumé
Foudroyants de Mathieu Burniat et Kerascoët est une nouvelle série jeunesse intrigante et rondement menée.
Avec ce premier volume, Mathieu Burnaiat propose le début d'une aventure qui n'est pas sans rappeler l'ambiance de certains animés des années 80 où de jeunes enfants partent à la découverte d'un monde inconnu.
Jouant avec ses résonances mythologiques, le scénariste insère une dose de mystère, attisant immanquablement la curiosité.
Les dessins de Kerascoët sont, comme à leur habitude, magnifiques.
La simplicité et la finesse de son trait rend hommage à un univers en pleine expansion.
En effet, si ce premier tome reste introductif, on imagine déjà une suite passionnante.


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