Saga (Brian K. Vaughan / Fiona Staples)

Alors que leurs peuples respectifs se font la guerre, Alana et Marko donnent naissance à une petite métisse nommée Hazel.
Cet acte, inacceptable aux yeux de ces peuples guerriers, leur vaut de nombreuses représailles et la poursuite de mercenaires dont la mission est simple : éliminer toute trace de ce symbole de paix et d’espoir.

C’est ainsi que cette nouvelle famille entame son voyage, raconté à travers les souvenirs d’Hazel elle-même.

La méthode Brian K. Vaughan

Une famille unie

Un comics en mode série télévisée

Saga est un comics de science fiction créé par Brian K. Vaughan et Fiona Staples en 2012.
Après 9 tomes et une interruption de plus de 2 ans, la série est de retour.
Un raison parfaite pour vous présenter ce qui est pour moi un des meilleurs comics (et même bds en général) de science fiction.

Saga, c’est avant tout une écriture simple, efficace et diablement addictive.
Brian K. Vaughan dont je vous ai déjà parlé à propos de Paper Girls, se démarque par son style télévisuel dont il adopte les codes à la perfection.
Sa gestion du rythme et du suspens est juste incroyable.
Tout est fait pour que le lecteur ne lâche jamais son comic book des mains et qu’une fois fini, il n’ait envie que d’une chose : se procurer rapidement la suite.

Avec Saga, cette méthode atteint presque l’excellence.
Chaque début et fin de chapitre laisse la place à des pleines pages magnifiquement illustrées par Fiona Staples.
L’objectif est double : l’ouverture met directement le lecteur dans le bain et la fin le laisse sur le carreau grâce à une science du cliffhanger dont le scénariste américain est devenu maitre.
Si on est plutôt habitué aux cliffhanger, sur Saga, ce sont surtout les ouvertures qui sont complètement folles.
On pense à celle du tome 1 et à celle du tome 4 qui se répondent comme un écho encore plus évident quand on arrive au 10ème tome.

Car Saga, c’est ça aussi.
Si la base peut paraître simpliste avec cette intrigue à la « Roméo et Juliette », ce space opéra devient vite un terrain de jeux illimité pour traiter de nombreuses thématiques.

Des thématiques riches et variées

S’il y a bien une série qui porte à la perfection son nom, c’est bien celle-là.
L’histoire s’avère être une véritable saga d’ampleur, souvent imprévisible : trahison, complot, mort, naissance, rébellion et alliance.
Et la série est un vrai melting-pot d’émotions.
Drôle, émouvant, parfois choquant, le scénario ne cherche pas à ménager son lectortat.

Les thématiques abordées par Brian K. Vaughan sont nombreuses et servent la richesse de cet univers atypique.
Le thème principal de cette aventure est sans conteste la filiation.
Chaque personnage est lié, de près ou de loin, à un enfant : Marko et Alana avec leur fille, Marko et ses parents, Le Testament et la petite esclave qu’il veut sauver, Robot Prince IV qui se retrouve séparé de sa femme enceinte et même le petit nouveau Heitz lié au destin de son fils.

A cela, s’ajoute une multitude d’autres sujets qui fait de Saga une série moderne qui vit avec son temps en réfléchissant à des questions de société (racisme, religion, genre, avortement, sexualité…)
Rien n’est noir ou blanc dans l’univers de Vaughan, tout est gris.
Et notamment les personnages mis en scène.

Une multitude de personnages attachants

Marko, une héros pacifiste ?

C’est d’ailleurs l’autre gros point fort de la série : de nombreux personnages marquants.

Alana et Marko, en premier lieu.
Le couple s’aime sincèrement et est prêt à tout sacrifier pour son enfant.
Pourtant, ils sont loin d’être parfaits. Eux aussi ont leurs failles et leurs petites faiblesses purement humaines.
D’ailleurs, Marko, quel personnage !
Déjà, son charac-design imaginé par Fiona Staples est juste parfait mais surtout, il est vibrant d’humanité.
Ses coups de gueule, ses hésitations, l’attachement qu’il porte à sa femme et à sa fille l’ont rendu au fil des lectures toujours plus attachant et sensible.

De la même manière, Brian K. Vaughan a su amener cette subtilité chez les « méchants ».
Si on aimerait détester Le Testament, ce mercenaire à la poursuite de la famille, on se rend compte qu’il est au final, pas si détestable que ça.
C’est un homme incertain, manipulable mais qui se démarque par une certaine morale l’amenant à avoir des limites qu’il ne veut pas dépasser.
Et puis, il a un chat mensonge comme coéquipier. Si ça, c’est pas la classe !

Dans le même ordre d’idée, Robot Prince IV est un personnage absolument fascinant que ce soit par son look ou sa caractérisation.
Il a en lui un côté tragique qui le rend plus fragile que les autres mais qui l’amènerait à avoir, sans doute, l’évolution la plus conséquente.

A cela, on peut en rajouter de nombreux autres : Hazel bien sûr, mais aussi les parents de Marko, Heitz et tant d’autres.
Chacun aura son importance (en bien ou en mal) dans le parcours d’Hazel et fera partie, irrémédiablement, de son histoire.

Un dessin atypique qu’il faut apprivoiser

Un style graphique orginal

Comme beaucoup, j’ai d’abord été perturbé par le travail graphique de Fiona Staples.
Si j’aimais l’originalité de ses designs et la folie de certaines de ses créatures, j’avais le sentiment qu’elle apportait moins d’importance à ses décors au point de donner l’impression que ses personnages étaient collés sur des formes floues posées à l’arrière plan.

Et pourtant, il m’est maintenant impossible d’imaginer un épisode de Saga sans le trait atypique de Fiona Staples.
Son dessin, ses couleurs et ses ambiances si particulières sont liées à jamais à l’image que l’ont se fait de la série et ont participé tout autant à son succès.

Fiona Staples est une autrice unique, qu’on aime ou pas, mais qui a apporté cette originalité qui symbolise à merveille la série.
Un style propre pour une série à part .

Un retour gagnant ?

Un tome 10 sous forme de réponse au tome 1

On aurait pu craindre une perte d’intérêt voire un détachement après une aussi longue absence.
Ce n’est absolument pas le cas.
A l’image de cette couverture du tome 10, lourde de symbole et de changement, le lecteur retrouve immédiatement ses marques.
Il est d’ailleurs hallucinant de se dire qu’on a l’impression de ne les avoir jamais quittés tant il a été facile de les retrouver.
Ce tome 10 se lit avec une certaine délectation et continue d’aborder des thèmes importants (le deuil, l’adoption…) tout en mettant en scène de nouveaux personnages marquants et complexes.

En résumé

Saga est une oeuvre magistrale. 
Récit de science fiction dense, aux personnages attachants, ses auteurs vous transporteront dans un voyage aux multiples bouleversements émotionnels.
Véritable ode à la famille (et à l'amour), Saga n'en est pas moins complexe et n'hésite pas à bousculer son lecteur.

Avec son graphisme iconoclaste, Fiona Staples apporte la touche d'originalité à un univers où les limites ne sont que celles de l'imagination de ses auteurs.

Avec Marko, Allana et Hazel, préparez-vous à rire, frémir mais aussi pleurer.
Jamais vous n'aurez été autant attaché à une famille qu'à celle-là.

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