Stern (Frederic & Julien Maffre)

Stern est une bd western de Frederic et Julien Maffre.
Chaque tome contient une histoire complète et peut se lire indépendamment, même si les auteurs font évoluer la situation du personnage au fil des volumes.

Les chroniques des tomes 1 à 4 seront disponibles prochainement .

une vision atypique du western américain

Stern : un western urbain

Avec Stern, Frédéric Maffre propose à son frère Julien un vent de nouveauté dans le monde, déjà bien vaste, du western dans la bd franco-belge.
Loin du dytique cowboy/indien le scénariste met en avant un personnage attachant dans une société américaine en pleine construction.

Elijah Stern a quelque chose de profondément touchant.
Quand on le découvre la première fois, il ne cherche à nouer aucun contact.
Sa vie de croque-mort, qui ne lui fait côtoyer que des défunts, lui convient amplement.
Son évasion, il la trouve à travers la littérature et les livres dont il ne peut se passer.

Si le côté croque-mort évoque le héros de Xavier Dorison et Ralph Meyer, Undertaker, Stern est beaucoup plus terre à terre, moins extrême dans ses actions.
Il n’a pas le profil du héros et, s’il se retrouve à enquêter, c’est très souvent bien malgré lui.
Cependant Elijah a un bon fond.
Il n’accepte aucune injustice, quelle qu’elle soit.
Ce qui, forcément, le met dans certaines positions délicates.

Tantôt polar, tantôt comédie ou critique sociale, la série vogue au rythme de la vie du personnage de Frederic et Julien Maffre.

Le croque-mort, le clochard et l’assassin

La cité des sauvages ( Tome 1 )

L’Ouest, le vrai ( Tome 2 )

Tout n’est qu’illusion ( Tome 3 )

Une simple formalité ( Tome 5 )

coupable de ne pas être américain ?

Témoin par inadvertance

Alors que le tome 4 datait de 2020, c’est avec un énorme plaisir que nous retrouvons Elijah Stern, comme un ami qui nous manquait et que nous n’avions pas revu depuis bien longtemps.

Toujours croque-mort, Elijah s’astreint à économiser une somme d’argent qu’il dépose régulièrement à la banque.
Lors d’un de ses dépôts, il se retrouve à être le seul témoin oculaire d’un braquage qui a mal tourné.
Alors que la police est persuadée d’avoir arrêté les malfaiteurs, Elijah ne les reconnaît pas et refuse d’accuser des innocents, jugés pour leur nationalité italienne et non par les faits.

La justice d’un homme face à l’injustice d’un système

Stern est une bd qui étonne tout d’abord par son écriture.
Amateur de ruptures et d’accélérations à tout va, cette série est faite pour vous !
Il étonne aussi par la multiplicité des thématiques abordées par la série.
Alors que l’intrigue commence par une banale histoire de braquage, Frederic Maffre décrit les errements d’une justice, rappelant malheureusement que les choses n’ont pas beaucoup changé.
Quand Elijah refuse de signer cette « simple formalité », il exprime avant tout un désir de justice.
Ces hommes, il ne les connait pas. Pourtant, il est convaincu que ce ne sont pas les braqueurs auxquels il a eu affaire.
Ainsi, il refuse de renier leur droit, même si, comme l’argumente le commissaire :

« Admettons » qu’ils n’aient rien fait, où tu seras quand ils égorgeront une grand-mère pour trois dollars ?
Parce que c’est comme ça que ça se passe dans cette ville !

Derrière cette possible injustice se cache une réflexion, malheureusement très actuelle, sur le traitement des minorités aux Etats-Unis.
À cette époque, c’est l’immigration italienne qui semble être le catalyseur d’une certaine haine.
Bagarreurs, violents, incapables de parler anglais et de se faire comprendre, les italiens ont tout pour être des coupables désignés.
Et personne n’y trouve rien à redire… Sauf Elijah Stern, à qui on va faire payer cette honnêteté.
Les policiers ne sont plus des hommes de justice.
D’ailleurs, la justice est littéralement bafouée. Par les policiers mais aussi par une société qui se fait juge et bourreau, sans la moindre once de discernement.

Cet album, loin d’être moralisateur, donne à réfléchir.
On peut se dire que c’est de la fiction, que l’époque moderne est passée par là et a fait évoluer les consciences.
Malheureusement, l’actualité se rappelle régulièrement à notre bon souvenir.

Le trait dynamique et réaliste de Julien Maffre

Braquage à l’italienne ?

Julien Maffre est un habitué des récits se déroulant dans le passé.
De la banque à la cour des miracles, il a démontré qu’il était à l’aise sur ce type d’intrigue et que, sans tomber dans de la documentation obsessionnelle, il crée des environnements réalistes et détaillés.

Sur Stern, Il utilise à merveille les codes de la Bd.
Son dessin se caractérise par un trait rugueux et un encrage ciselé.
Le trait est lâché, pas forcément net, ce qui donne une vivacité assez agréable à ses personnages.
Sa narration multiplie un nombre de cases conséquent, ce qui ne l’empêche pas pour autant de donner du dynamisme aux scènes d’actions qui égrainent la série.
Julien Maffre, s’amuse des coups d’accélération de la série, multipliant champs, contre-champs.
Le lecteur-rice est ainsi pris par le rythme effréné d’une course poursuite ou d’une bagarre, sans que cela éclate le cadre restrictif de la case.

En résumé

Stern de Julien & Frederic Maffre est un western étonnant et original. 

Que ce soit pour son personnage de croque-mort solitaire passionné de lecture ou par la multiplicité des tons et des thématiques abordées, la série plaira même aux allergiques au genre. 

Si Stern est attachant, c'est avant tout parce qu'il n'est pas un héros et encore moins un anti-héros. 
C'est un homme qui cherche à vivre sa vie malgré les errements d'une société américaine en pleine évolution.

Pour lire nos chronique de Et le ciel se voilà de fureur et W.E.S.T.

Bulles Carrées

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