J’aime le fantastique et la fantasy (on ne se refait pas), surtout en littérature jeunesse. Les propositions sont nombreuses dans ces deux domaines (surtout en fantasy d’ailleurs) mais les déceptions le sont tout autant. C’est pourquoi je ne m’étais pas encore laissée aller à lire la duologie du « Crépuscule des Urmes » d’Arnaud Druelle, aux éditions Gulf stream.

J’avais déjà croisé ces couvertures aux enluminures dorées puis argentées (illustrées par Passye) dans les rayonnages des librairies. Mais c’est la 4e de couverture qui m’a convaincue.

Ce premier tome du Crépuscule des Urmes, comme le second, explore les traditions et les légendes tziganes dans un cadre propice aux mystères : le Pays de Galles au XIXème siècle. 

Deux morts et un enlèvement

Tout commence par deux morts et un enlèvement : dans un prologue sombre à souhait, où s’affrontent deux puissances opposées, une silhouette blanche, ailée, qui semblent tout droit sortie des légendes galloises, et une autre plus sombre, encapuchonnée et armée d’une canne au pommeau bleuté, on découvre une jeune fille nommée Yana (elle deviendra Jane plus tard pour masquer ses origines hébraïques) qui assiste, impuissante, à la disparition de son petit frère Egon, encore bébé.

C’est une triple amputation (elle vient de perdre ses deux parents, tués, et son petit frère, disparu). Et cela fait de Jane, dès le début du roman, un personnage dont le destin va être de partir en quête de son jeune frère. Elle se confrontera à ces forces occultes qui ont fait irruption dans sa vie.

Désormais orpheline, elle vit auprès de son oncle Aaron dans un petit village gallois nommé Aberhaÿ. Leur intégration est fragile, de par leur judéité. Mais Jane s’est forgée une personnalité forte pour se défendre contre les préjugés lancinants.

les Fils du vent

Lorsque débarquent près du village un groupe de tsiganes, sa famille, comme le reste du village, est suspicieuse. En effet, ils sont persuadés que les tsiganes, présents lors des sombres événements qui ont eu lieu 10 auparavant, ont participé au meurtre des parents de Jane et à l’enlèvement d’Egon. Mais Jane pense différemment. Azko, un jeune issu du camp, l’a sauvée des griffes de Marcus, qui projetait de la violer. Il lui va lui faire découvrir les traditions fascinantes des Fils du vent.

La grand-mère d’Azko, Ma’Peshan, une cartomancienne liée aux esprits, va leur révéler que leurs destins sont liés : 

« Une légende de mon peuple prétend que le jour où les créatures des ténèbres prendront possession de cette terre, l’abîmant dans une nuit sans fin, un enfant aux cheveux aussi flamboyants que l’éclat du soleil viendra ramener la lumière sur le monde des hommes. (…) Je crois que cet enfant est ton frère.« 

Ils partent à la recherche d’Egon. Ce dernier a été élevé en secret dans la forêt par Magnnus, un gubbin vêtu d’un mantelmorphe (un manteau qui transforme l’apparence physique de celui qui le porte). Ils vont être confrontés à des créatures fantastiques et obscures venues du Monde Oublié.

La force du récit

La grande force de ce récit va au-delà de la quête et du voyage initiatique, thèmes traditionnels de la littérature fantastique. Elle tient dans le tissage des légendes tsiganes et du folklore anglais. Puck, le gobelin farceur, fait d’ailleurs un passage éclair drôle et savoureux. Le personnage d’Azko, est lumineux et incarne la liberté de ce peuple proche de la nature. Son ouverture d’esprit et son tempérament posé en font une âme complémentaire de Jane, fougueuse et encore ignorante du monde des esprits. 
De plus, ce récit aborde des problématiques actuelles. Les thématique des violences faites aux femmes ou du racisme, donnent à cette aventure une densité originale.

Enfin, Arnaud Druelle construit, par cette duologie, une légende des Pan, à la fois héritée de Peter Pan et du dieu de la nature, connectant ainsi ces deux romans au précédent : « L’Enfant Pan« , sorti en 2021. 

Le tome 2 du Crépuscule des Urmes : « la Prophétie du livre noir« , paru en novembre, conclut ainsi cette saga, avec notamment de très belles pages dans l’Entre-deux-mondes. L’affrontement entre les forces obscures est épique et on a plaisir à retrouver tous ces personnages qui vont mener à son terme leur destin commun et révéler leur personnalité. 

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