Eddy Brock est le nouveau Roi Noir et contrôle désormais l’ensemble des entités symbiotiques.
Cependant, pour mettre en sécurité son fils Dylan, il le laisse sur Terre, sous la protection de Venom, tout en lui interdisant de fusionner avec lui.
Or, la vie d’un super-héros étant ce qu’elle est, que ce soit dans l’espace ou sur Terre, les Brock se retrouvent sous le coup d’une nouvelle menace.
Dylan est obligé de prendre la fuite en espérant que son père vienne à son secours.
Venom ou l’archétype de l’anti-héros des années 90
Un vilain d’un tout nouveau genre
Les lecteurs qui ont débuté les comics à la fin des années 90 se souviennent, avec nostalgie, des multiples récits consacrés à un des ennemis les plus féroces de Spider-Man : Venom.
Plus jeune, j’ai aimé cet anti-héros, sorte de reflet cauchemardesque de l’homme araignée.
Créé par le biais d’un concours, le monstre à la langue bien pendue avait de quoi fasciner.
Peut- être un peu trop.
Ainsi, Venom resta retranché dans des intrigues de symbiotes, tous plus ou moins incontrôlables, pour lui donner une légitimité héroïque.
Alors que son alter-ego, Eddy Brock, était constamment ramené à la haine qu’il éprouvait envers Spider-Man.
En conclusion, le personnage m’a assez vite désintéressé, devenant le symbole d’une époque révolue.
Le renouveau
Marvel, c’est un peu le Lavoisier du comics.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se transforme. »
C’est par le biais de Rick Remender que le titre a attiré de nouveau mon attention.
Le scénariste américain chamboule les codes du symbiote en lui donnant un nouvel alter-ego et une nouvelle mission.
Les bases sont bien là mais on nous offre enfin un peu de nouveauté.
De façon paradoxale, c’est Donny Cates qui va offrir un certaine rédemption à Venom.
Contrairement à la version de Rick Remender, Donny Cates recrée le couple Eddy Brock / Venom tout en retrouvant l’ambiance très typée des années 90.
Rien que le dessin de Ryan Stegman est un gros clin d’oeil à Todd Mc Farlane, auteur qui a longtemps oeuvré sur Spider-Man et permis la première apparition de Venom.
Mais, avec intelligence, il apporte de nombreuses innovations au mythe notamment en la personne de Dylan.
Le jeune garçon, qui s’est avéré être le fils d’Eddy, amène une dose d’humanité au titre.
Il deviendra très vite un élément pilier du run de Cates puis de celui d’Al Ewing et Ram V
Une reprise en main agréable
Le run d’Al Ewing et Ram V est une suite directe de celui de Donny Cates.
Les auteurs partent dans une nouvelle direction et font de cette mouture une porte d’accès abordable pour les nouveaux lecteurs.
Le choix d’une écriture à 4 mains peut paraître étonnant mais s’explique assez facilement.
Al Ewing s’occupe de la partie Eddy alors que Ram V s’intéresse à Dylan.
Cette séparation permet la coexistence de deux environnements radicalement opposés.
Typés Science-Fiction, les chapitres consacrés à Eddy Brock mettent en scène un nouvel ennemi qui va donner du fil à retordre au héros.
Quant à Dylan, son environnement est plus réaliste et s’approche plus du fugitif que de Star Wars.
2 ambiances qui, de façon astucieuse, s’entrechoquent pour se lier inévitablement.
Ce qui rassure d’emblée, c’est qu’Eddy, sans être Venom, n’est pas jeté aux oubliettes.
Au contraire, il est le point central de l’intrigue et ses actions donnent les clés de certaines énigmes du tome 1.
Al Ewing aime les concepts psychologiques tordus et s’amuse à mettre le bazar dans la tête de notre pauvre Eddy.
Ram V se focalise sur Dylan.
Le garçon se sent abandonné par un père qu’il vient à peine de retrouver.
Eddy est à l’autre bout de l’espace et il lui a laissé, pour seule compagnie Sleeper, un chat symbiotique, et Venom, un protecteur non désiré.
Le symbiote est considéré comme une entité à part qui n’a d’ailleurs pas besoin d’hôte pour agir.
Le tome 2 regorge de nombreuses surprises.
Certaines sont évidentes, surtout si on a lu le run d’Ewing sur Immortal Hulk, mais le propos risque de déboucher sur une conclusion bien différente.
Retour gagnant pour Bryan Hitch
Côté dessin, on est ravi de revoir Bryan Hitch au top de sa forme.
Sans être totalement au niveau de The Ultimates, il démontre néanmoins qu’il reste un dessinateur efficace.
Sa maitrise d’une narration cinématographique complétée par un trait minutieux et détaillé convient à merveille à Venom.
Chose non négligeable, le dessinateur retrouve une régularité qui lui permet d’enchaîner une dizaine d’épisodes sans aucune aide.
Même s’il tire une peu la langue sur le second volume, c’est assez rare pour le souligner.
Epaulé par son encreur habituel Andrew Currie et Alex Sinclair aux couleurs, il nous offre un véritable spectacle visuel et nous rappelle qu’il fait encore partie des auteurs phares du comics.
En résumé
Le scénario à 4 mains d'Al Ewing et Ram V oscille entre les errements cosmiques d'Eddy Brock et la fuite d'un Dylan laissé à l'abandon. Si la série n'est pas le meilleur travail d'Al Ewing et Ram V, elle n'en reste pas moins efficace et pourra réserver quelques surprises. En prime, on a même le plaisir de retrouver le trait mainstream et explosif de Bryan Hitch de façon régulière. Une lecture plaisante.
Pour lire nos chroniques sur Kaiju N°8 et Spider-Man par Paul Jenkins