André Borbé est auteur, compositeur, interprète. Ses créations musicales, ouvertes à toute la famille, s’accompagnent également d’albums et de romans jeunesse. Granlarge & Loncour est son deuxième récit à destination des jeunes lecteurs, aux éditions Alice. On retrouve dans ce roman tout l’amour qu’il porte à l’aventure, la périlleuse, l’intime, et à la quête d’identité.

Une promesse

Tzoutzi Loncour a 12 ans et il rêve d’aventure.

Mais quand on mesure 1,37 m, qu’on est le seul frère de 4 soeurs et qu’on est orphelin de père, ce n’est pas facile… Léonore, sa mère, est très protectrice et sa grand-mère Léontine perd un peu la tête.

Mais Tzoutzi a fait une promesse à son père avant qu’il meure.

J’ai fait une promesse et je la tiendrai : je retrouverai Granlarge coûte que coûte, et je lui livrerai le message de mon père.

Et puis, il doit montrer à sa famille qu’il n’est pas un « tout petit » et qu’il peut tenter l’aventure. Et devenir enfin Léon Louis, son vrai prénom. Le fils de Lucien Loncour, celui qui aurait créé un bateau volant avec son ami Gaspard Granlarge.

Il va donc partir à la recherche de cet ami de son père qui connait le secret de ce navire volant mais qui est aussi le témoin du passé de son père.

Le voyage vers la Grande Corne va donc se révéler à la fois une quête de Granlarge pour tenir sa promesse mais également celle de sa propre identité.

Un voyage initiatique empreint d’humanité

Sur sa route, Tzoutzi va rencontrer de nombreux personnages pittoresques et originaux. Baz le bègue, le tatoueur, ou la Fabuleuse, une sorte d’oracle marine.

Des marginaux aussi parfois, comme Rose, une jeune fille qui s’est enfuie loin de son père violent, ou Granlarge, l’ami gigantesque et maladroit de son père.

Tous ont une histoire pleine de failles et de blessures. Mais chacun apportera sa petite pierre sur le chemin qui mène Tzoutzi vers qui il est véritablement. Et vers ce qui comblera le vide qu’il a dans la poitrine.

L’écriture d’André Borbé est tour à tour enlevée, lorsque les embuches et les obstacles sont au rendez-vous, et sensible, quand le jeune garçon découvre qu’on se révèle à soi-même en aidant les autres.

Et c’est ce qui m’a parfois rappelé la lecture de La Rivière à l’envers de Jean-Claude Mourlevat. J’y ai retrouvé le souffle de l’aventure, dans ce qu’elle a de plus épique et impressionnant. Et également cette humanité et cette force de l’amitié, notamment dans les chapitres qui racontent la relation si forte entre Granlarge et Loncour. Ce géant au grand coeur qu’est Gaspard Granlarge évoque parfois l’amitié qui liait George et Lenny dans Des Souris et des hommes de John Steinbeck. Dans son langage étrange et poétique aussi.

– Si on le mesure d’un bout à l’autre, complète Lucien. La proue, c’est l’avant du bateau, et la poupe c’est l’arrière.
– Alors moi, je serai à la proue et toi à la poutre, puisque c’est moi qui dirige, dit fièrement Gaspard.
– Non, toi tu tiendras la barre.
Gaspard se rembrunit :
– Alors, je ne serai pas le capitaine, si je tiens le bar.
– Mais si, justement, c’est toujours le capitaine qui tient la barre et qui donne la direction, tu comprends.
– Vrai que c’est vrai, c’est moi qui serai le capitaine ? dit Gaspard, retrouvant le sourire.

Finalement, l’aventure est essentiellement humaine et offre, comme un conte ou une légende, une réflexion sur la vie, les choix que l’on fait et les regrets qui nous rongent parfois.

Les lieux sont d’ailleurs dignes des légendes (Briselâme ou Le port d’Encreuze) et l’on retrouvera avec plaisir les clins d’oeil à l’univers de la mer, jusqu’aux noms des personnages secondaires (M. Ressac, l’instituteur, ou encore Robert Roulis).

Pourquoi lire Granlarge & Loncour ?

Ce roman est un hymne à l'aventure et à l'amitié. Dans une langue vive et poétique, André Borbé nous emporte aux côtés de Tzoutzi et ses amis vers l'accomplissement du rêve d'un père disparu. Dans ce voyage initiatique, les lecteurs vivront la métamorphose d'un jeune garçon qui va se révéler au gré des rencontres et des liens passés ou présents qu'il tissera. 

Une aventure comme on aimerait en vivre plus souvent. 

Le roman a obtenu le Prix Lu et partagé en 2023 dans la catégorie « roman junior ».

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