Christopher Chaos est un adolescent brillant mais solitaire.
Amoureux d’Hayden, le beau gosse du lycée, il l’espionne lors d’une de ses mystérieuses pérégrinations et découvre sa véritable identité.
Hayden est un loup-garou.
Cependant, malgré sa puissance, la bête est pourchassée par des chasseurs fantomatiques tout habillés de blanc.
Christopher, impuissant, assiste à l’extermination de son camarade avant de s’enfuir.
Mais la disparition d’Hayden ne reste pas longtemps inaperçue.
Et nombreux sont ceux à tourner leurs regards en direction du jeune adolescent.
Du young adult de qualité
L’étrange quotidien de Christopher Chaos est, au départ, une idée de James Tynion IV. Mais, en réalité, Tate Brombal est le véritable architecte de la destinée du lycéen.
Malgré tout, on imagine mal James Tynion IV confier son bébé à n’importe qui.
Les deux auteurs ont déjà collaboré ensemble sur House of slaughter, le spin off de Something killing a children.
Et on retrouve chez Tate Brombal de nombreuses thématiques en commun avec le scénariste américain.
Pour être totalement honnête, je n’avais pas été convaincu par House of slaughter et je ne me suis pas jeté sur le nouveau titre du duo.
Pourtant, il ne m’a fallu que quelques pages pour tomber sous le charme de Christopher Chaos.
Des personnages tous plus attachants les uns que les autres
L’une des qualités de L’étrange quotidien de Christopher Chaos est, sans conteste, la caractérisation de ses personnages.
Ils sont l’essence même du titre.
Et le premier d’entre eux est évidemment Christopher Chaos lui-même.
Évident, pas forcément ! Nombreuses sont les séries où le personnage principal se fait voler la vedette.
Ce n’est pas le cas ici !
Jeune garçon brillant, il a un côté Reed Richards déjanté et solitaire.
Solitaire, un peu par dépit. Sa mère est accaparée par son travail et ses élucubrations maladroites l’éloignent d’une quelconque socialisation.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’on le découvre en pleine discussion avec un pigeon qui, au moins un temps, restera son seul ami.
Cela n’en fait pas un personnage tragique, bien au contraire.
Christopher comprend en quelque sorte sa singularité.
Cependant, il ne peut rester seul.
Déjà, parce que le défi est bien trop grand mais aussi car ce sont les interactions avec les autres qui rendent cette série intéressante.
Ainsi, Jordi est la tête brûlée du troupe alors de Viv semble plus posée.
Le schéma reste connu. Le groupe se forme pour un objectif commun (Hayden) mais l’entente n’est pas forcément au rendez-vous.
Malgré tout, au fil des pages, une réelle amitié va se créer au sein de ce nouveau trio.
Forcément, on retrouve un soupçon de soap dans cette construction et les questionnements amoureux reflètent les préoccupations des générations actuelles.
Christopher est attiré par les garçons mais ce n’est pas un sujet en soit. Quant à Viv et son look gothico-kawaī, elle assume totalement ses rondeurs et, là non plus, il n’y a aucun sujet de discussion.
C’est totalement intégré à leurs vies et à ce qu’ils sont… alors que les fantômes chasseurs de monstres, beaucoup moins !
Aventure, humour et émotion
L’étrange quotidien de Christopher Chaos reste un comics, sur le fond, assez classique.
À certains égards, on retrouve l’esprit d’une des séries cultes des années 2000 : Buffy contre les vampires.
Le cadre lycéen percute des éléments fantastiques dans une chasse aux monstres qui, petit à petit, prend le pas sur la « réalité » du récit.
À ceci près que James Tynion IV et Tate Brombal inversent la confrontation en faisant des monstres, les gentils de l’histoire.
Ainsi, les auteurs s’emparent de grandes figures de la littérature fantastique pour peupler un monde dans un melting-pot joyeusement foutraque.
S’il n’est pas anodin de côtoyer un loup-garou ou un vampire, on assimile progressivement des éléments faisant, petit à petit, partie de l’étrange quotidien de nos héros et héroïnes.
Car, si on y regarde de plus près, la vie de Christopher Chaos était déjà bien bizarre avec le cas Hayden.
Et d’un certaine façon, il porte en lui les signes de cette étrangeté.
La série est équilibrée et se montre généreuse dans sa proposition.
Le rythme est parfaitement dosé, laissant assez de place aux personnages, tout en nous plongeant dans cette folle aventure, emplie de mystères et d’action.
Si l’ambiance lorgne gentiment avec les codes de l’horreur, avec quelques scènes sanglantes, elle est contrastée par un décalage constant.
Assez régulièrement, les auteurs nous proposent quelques pépites bien perchées.
Christopher Chaos en est le meilleur exemple, en devenant notamment une sorte de Frankenstein animalier.
Alors, bien sûr, l’intrigue est , en premier lieu, destiné aux adolescent.es et / ou jeunes adultes et ceux qui sont allergiques à ce type d’approche n’y trouveront sans doute pas leur compte.
Mais, à l’opposé, se laissé tenter, c’est se lancer dans une aventure savoureuse parfaitement dosée qui prend plaisir à s’amuser, voir se moquer de ses propres archétypes.
Et ce plaisir est très largement communicatif !
Un graphisme chaleureux avec un brin de folie
Je dois bien avouer que je ne connaissais pas le travail d’Isaac Goodhart.
Mais en jetant un coup d’oeil à sa bibliographie, on comprend que sa présence sonne comme une évidence.
En effet, le dessinateur s’est spécialisé ses dernières années dans les comics de la game young adult de Dc Comics avec notamment le Catwoman : under the moon.
Et on retrouve cette approche dans sa prestation sur L’étrange quotidien de Christopher Chaos.
Son style semi réaliste, aux formes arrondies, à l’encrage souple, fluide, aux belles zones d’ombres, apporte une véritable richesse graphique à cet univers.
Les décors sont détaillés et, même si le style reste assez commun, l’auteur se démarque par quelques propositions inventives, notamment en terme de mise en scène et de designs (aidé en cela par Nick Robles) .
Ainsi, Isaac Goodhart s’amuse avec le cadre, allant jusqu’à le rendre vivant à certains moments.
Certes, le style est parfois hésitant et on retrouve, notamment sur les scènes d’action, quelques rigidités, mais dans l’ensemble, le travail est soigné et plutôt agréable.
Surtout qu’en prime, la colorisation de Miquel Muerto apporte ce qu’il faut en luminosité et en chaleur.
En résumé
L'étrange quotidien de Christopher Chaos de james Tinyon IV, Tate Brombal et Isaac Goodhart est une série young adult généreuse et captivante.
Grâce à des personnages divers et attachants, cette intrigue, dans la lignée de Buffy contre les vampires, étonne par sa facilité à nous emporter dans un monde empli de mystère, d'action et d'humour.
Car si cette chasse aux monstres s'avère par moment sanglante, les auteurs apportent un décalage réjouissant, tout en se servant allègrement dans le bestiaire de la littérature fantastique.
Un joyeux melting-pop, parfaitement illustré par le trait rond et chaleureux d'Isaac Goodhart qui, lui aussi, surprend par des choix de mise en page, par moment, audacieux.
On adore tous Christopher Chaos !
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