Sensibiliser les jeunes lecteurs à l’importance de la biodiversité et à la protection animale sont des objectifs louables. C’est la tâche que s’est donnée Katherine Applegate, depuis ses débuts, à travers ses romans mettant en scène des animaux. Ainsi, Le Seul et unique Ivan ou Le Seul et unique Bob (chroniqué précédemment sur notre site). En 2022, la voilà de retour avec une histoire pleine de fantaisie : Willodeen, publiée aux éditions Seuil jeunesse.

Brailleurs et fredonnours

Willodeen a 11 ans et elle a perdu toute sa famille dans un grand incendie. Depuis, elle est élevée par deux de ses voisines : Birdie et Mae.

Elle se sent un peu à part depuis ce choc et préfère rester seule.

Ce qu’elle aime par-dessus tout ce sont les animaux.

J’ai toujours aimé les bestioles bizarres, je crois. Même quand j’étais toute petite, elles m’attiraient déjà comme un aimant.
Plus elles sont laides, effrayantes et malodorantes, plus je les aime.

Or, dans le village où elle vit, la coqueluche des touristes, ceux qu’ils viennent voir de tout le pays, ce sont les fredonnours.

Et, en effet, comment résister à ces petits ours volants ?

Mais ceux qui fascinent le plus Willodeen, ce sont les brailleurs. Ces sortes de phacochères malodorants et criards sont malaimés et même chassés.

Et puis, il faut bien des gens pour soutenir les exclus, non ? Parce qu’il me semble bien que, dans l’ordre du vivant, les brailleurs sont les exclus de la Nature.

Seulement voilà, les fredonnours, source des revenus importants pour les villageois, disparaissent et ne reviennent plus nicher dans les arbres.

Willowdeen va mener l’enquête pour résoudre le mystère de cette disparition, étrangement liée à celle des brailleurs.

« On n’est jamais trop petit pour changer les choses »

La citation de Greta Thunberg, placée en exergue du roman, éclaire la personnalité de la jeune héroïne du roman.

En effet, Katherine Applegate réussit à créer un personnage à la fois sensible et fragile, que la vie n’a pas épargnée, mais qui va se révéler très engagée pour la défense animale, et particulièrement futée.

Car Willodeen est observatrice de son environnement. Elle effectue des relevés et prend des notes sur ce qui se passe autour d’elle. Son raisonnement et sa démarche scientifiques lui permettent rapidement de comprendre que le destin des fredonnours et celui des brailleurs sont liés.

Elle sera aidée dans sa quête par Connor, le fils d’un membre important de la ville, dont le talent artistique, associé à un soupçon de magie, va donner vie à une créature mystérieuse.

Tout le talent de conteuse de Katherine Applegate transparait dans ce roman simple mais touchant. Les jeunes lecteurs seront sensibles à l’empathie de Willodeen envers les êtres vivant, animaux ou humains. Il seront sans doute touchés par sa frustration également, lors de ses confrontations avec les adultes, peu enclins à écouter une toute jeune fille qui leur explique la biodiversité et l’importance de protéger tout un système naturel.

Entourée de ses amis animaux, un peu « endommagés » eux aussi par la vie, tels que Duuzuu le fredonnours aux ailes brûlées ou Quinby, la brailleuse engendrée par ses larmes de rage, la jeune héroïne va affronter les préjugés et défendre ce en quoi elle croit.

La Nature est bien plus sage que nous.

Il est à noter que les illustrations au crayon de Charles Santoso apporte une touche de douceur supplémentaire à cette histoire fantaisiste mais terriblement d’actualité.

Pourquoi lire Willodeen ?

Dans ce roman adressé aux plus jeunes, l'autrice mêle réalisme écologique et fantaisie magique pour faire passer un message porteur pour les générations futures. Le dérèglement climatique et l'action destructrice des hommes sur la nature détruisent la biodiversité et menacent nos vies. A travers les yeux et les pensées d'une jeune fille de 11 ans, touchante et engagée, nous apprenons à changer de regard sur le monde qui nous entoure. A ne pas s'arrêter aux apparences, à ouvrir nos esprits et à écouter les jeunes militants écologistes.

Parce qu'elle est sensible à la cause animale, la jeunesse peut nous offrir une perspective nouvelle sur les thématiques environnementales. Et elle a des choses à dire !  Ecoutons-la.

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